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Le bronze pour le judoka suisse Sergei Aschwanden

Sergei Aschwanden décroche enfin une médaille olympique! Keystone

Sergei Aschwanden est entré dans l'histoire à Pékin. Le Vaudois a décroché de très haute lutte une médaille de bronze chez les moins de 90 kilos, devenant le premier judoka suisse médaillé dans les trois compétitions majeures que sont les Jeux, les Championnats du monde et d'Europe.

«Après quatre ans, et même huit ans de pénitence, enfin c’est bon, j’ai la médaille. C’est un truc de fou», a soufflé le colosse de Bussigny, ému aux larmes à sa sortie du tatami. Il faisait allusion à ses deux échecs au premier tour des JO de Sydney et d’Athènes, où il portait une étiquette de favori.

Aschwanden est passé par tous les états d’âme à Pékin. Battu en quarts de finale par l’Algérien Amar Benikhlef, il a dû se coltiner les repêchages pour avoir le droit de combattre pour le bronze. Et dans son ultime combat, face au Russe Ivan Pershin, il a été longtemps mené, au bord de la défaite, avant de renverser la vapeur in extremis sur ippon.

Le tournoi le plus dur

Aschwanden a démontré de formidables qualités de battant. Il ne s’est pas laissé démonter quand, dans son deuxième et dernier tour des repêchages face au peu amène Brésilien Eduardo Santos, il a vu son avantage annulé par la commission de supervision. Le combat est allé au bout du “golden score”, la période supplémentaire de 5′, sans que les deux hommes aient pu se départager. Il a fallu le verdict des juges pour qu’Aschwanden franchisse le cap.

«Physiquement et mentalement, cela a été mon tournoi le plus dur», reconnaissait le champion. Il y voit aussi sa plus belle récompense, qui couronne une carrière déjà extrêmement riche. Aschwanden était monté auparavant sur six podiums européens et mondiaux, dont deux fois sur la plus haute marche, aux Européens 2000 et 2003. Il a aussi remporté cinq tournois de Coupe du monde.

A 32 ans, il a posé la cerise sur le gâteau avec ce bronze qui a pour lui le plus bel éclat. «Je n’ai absolument aucun regret», a-t-il dit en référence à sa défaite en quarts contre l’outsider Benikhlef. Au tour précédent, en écartant sur ippon l’épouvantail néerlandais Mark Huizinga, champion olympique à Sydney en 2000, Aschwanden paraissait même pouvoir viser l’or, mais le destin lui avait réservé un parcours plus tortueux.

Ivre de bonheur

«Il a lutté, lutté et encore lutté, c’est ce que je retiens», confiait l’entraîneur national Leo Held, lui aussi aux anges. Le judo n’est olympique que depuis 1964, mais Aschwanden devient le premier Suisse à avoir goûté à tous les honneurs, européens, mondiaux et olympiques. Le dernier grand champion helvétique était Jürg Röthlisberger, médaillé d’or olympique à Moscou en 1980 dans la même catégorie qu’Aschwanden. Quatre ans plus tôt à Montréal, Röthlisberger avait glané le bronze, chez les moins de 81 kilos. Et Eric Hänni avait conquis l’argent en 1964 à Tokyo.

Aschwanden était ivre de bonheur, envahi par l’émotion: «Cette médaille est aussi pour ma famille, mes amis, mes sponsors, tous ceux qui ont toujours cru en moi et ne m’ont jamais lâché», soulignait spontanément le combattant né d’un père uranais et d’une mère kényane.

Toute glorieuse que fût sa carrière, Aschwanden a connu des tourments après ses fiascos olympiques de 2000 et 2004. Il a aussi longtemps lutté avec son poids de forme, choisissant finalement de passer des moins de 81 kilos à la catégorie supérieure jusqu’à 90 kilos au printemps 2007. Finies les privations sur la nourriture, il pouvait alors s’adonner à un des plaisirs favoris, manger!

Perfectionniste

Reste que la catégorie jusqu’à 90 kilos est très relevée, peut- être la plus relevée de celles en lice à Pékin, de l’avis des spécialistes. Aschwanden a su composer avec, et offrir un magnifique cadeau d’adieu à Leo Held, qui quitte ses fonctions d’entraîneur national après douze ans.

L’intéressé fait l’éloge du judoka vaudois: «Sergei est un perfectionniste, qui veut toujours présenter un beau judo. Il se met énormément de pression. Mais il aussi su apprendre à lutter de façon imparfaite.»

Et à gagner quand même, comme ce bronze à Pékin. «Dix-huit ans que je m’entraîne tous les jours (…). Et maintenant c’est un rêve qui se réalise», s’émerveillait l’athlète.

swissinfo et les agences

Sergei Aschwanden est né le 22 décembre 1975 à Berne d’un père uranais et d’une mère kenyane. Il a un frère aîné et une sœur cadette.

Il a passé ses sept premières années dans la ville fédérale avant de déménager à Bussigny, près de Lausanne.

Enfant énergique, il débute le judo à 7 ans mais pratique de nombreuses autres disciplines telles que la musique ou la danse (il en fera cinq ans).

Ceinture marron à 12 ans, il parfait sa technique en compagnie d’adultes. Dès 15 ans, Sergei Aschwanden décide de se consacrer à cet art martial.

En 1997, après avoir passé sa maturité, il décide de passer professionnel. Depuis, il ne cesse de progresser. Sa rencontre avec l’entraîneur national Léo Held – arrivé en 1996 – n’est pas étrangère à sa réussite.

Huit fois champion de Suisse, Sergei Aschwanden a également remporté deux titres de Champion d’Europe (2000 et 2003), trois médailles de bronze européennes ainsi que le bronze et l’argent des Mondiaux (2001 et 2003).

Sergei parle français (avec son père), suisse-allemand (avec sa mère). Entre eux, ses parents parlent anglais, langue que possède également le judoka.

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