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Le HC Bienne renoue avec son glorieux passé

Keystone

Meilleure équipe de la seconde division du pays depuis près de cinq ans, le club de hockey seelandais retrouve enfin sa place au sein de l'élite. Mardi soir au Stade de Glace, les Biennois ont remporté le match le plus important des douze dernières années du club contre Bâle (3-2). swissinfo était sur place.

«Ici c’est Bienne, ici c’est Bienne», scandent comme un seul homme les 7000 supporters biennois survoltés et les bras levés en forme de V pour signifier la victoire. Depuis treize ans, les plus fidèles rêvent de vivre cet instant magique; cette liesse, immense, enivrante.

Sur la glace, les joueurs s’embrassent et se félicitent à n’en plus pouvoir. Déjà vainqueurs des trois premières rencontres de la série au meilleur des sept matches contre le cancre de la première division, le HC Bâle, ils viennent de disputer 60 minutes héroïques. Et, surtout, d’arracher l’ultime victoire nécessaire à leur bonheur (ils remportent ainsi la série 4-0).

La dernière marche, la plus difficile à gravir, vient de céder sous le poids de leur abnégation. Miéville, Tuomainen et le petit capitaine Tschantré ont marqué les trois réussites de l’exploit. Tous les autres ont défendu corps et âme jusqu’à la dernière seconde de la rencontre.

Le club et la ville toute entière tiennent enfin cette victoire synonyme de promotion. De reconnaissance. Des larmes de joie coulent même sur certains visages. L’atmosphère est chargée d’émotion.

Le souvenir cauchemardesque de la défaite contre Rapperswil (4 à 2 dans la série) et de la relégation honteuse de 1995 est définitivement effacé.

«Cela fait treize ans que je rêve de cette promotion, que je pense à ce moment et maintenant, j’ai de la peine à croire que c’est fait. C’était difficile, on a eu peur mais on est en LNA», rayonne Cyril Pasche, dernier joueur de l’équipe à avoir vécu la série maudite contre Rapperswil il y a de cela treize ans.

Une «surprise» que l’on n’attendait plus

Ironie du sort, cette promotion intervient sans doute l’année où tout le monde s’y attendait le moins. Sans véritable rival dans sa catégorie de jeu depuis quelques saisons, le HC Bienne avait échoué par trois fois déjà dans sa quête d’ascension. Contre Lausanne (2004), Fribourg Gottéron (2006) et Langnau (2007).

Bien qu’ayant cassé sa tirelire pour s’offrir des renforts étrangers de renom, le club n’avait jamais vraiment pu lutter à armes égales contre ses adversaires, cylindrées nettement supérieures par leurs budgets et leurs contingents.

L’amertume de ces défaites, doublée du sentiment d’injustice lié à l’absence de promotion directe du meilleur élément de seconde division, avait même poussé les dirigeants biennois à essayer d’obtenir leur promotion par la voie administrative. En menaçant les dirigeants de la Ligue suisse de hockey d’invoquer la loi sur les cartels. (voir encadré)

Selon eux, la promotion était quasiment devenue impossible, sauf si, à l’instar de Genève-Servette (2002) ou Bâle (2005), plusieurs millions de francs étaient injectés à perte par des mécènes.

«Seuls des clubs qui avaient déjà un budget de LNA durant la saison, où des mécènes ont injecté des millions à fonds perdus, ont pu monter» relevait alors le président du club seelandais Andreas Blank.

Le dossier a finalement abouti grâce à une petite concession de la part des instances dirigeantes. Celles-ci obligent désormais le club de LNA à évoluer avec seulement deux étrangers (au lieu de cinq) dans la série qui l’oppose au premier classé de LNB. Cela évite au «petit» des investissements conséquents pour enrôler trois nouveaux mercenaires.

A titre de comparaison, le club biennois tourne avec 3 millions par saison alors que le budget du HC Bâle atteint plus du double (près de 8 millions).

Mais ce petit changement de règlement a eu son importance quant à la victoire finale de l’équipe de l’entraîneur danois Heinz Ehlers.

La joie d’Olivier Anken

«Je retrouve chez Heinz la même rigueur, la même motivation, la même hargne et le même sens tactique dans son coaching que lorsqu’il était joueur. Il est très exigeant et il a permis aux joueurs d’aller au bout d’eux-mêmes», se rappelle le mythique gardien du club et de l’équipe de Suisse Olivier Anken.

En 1994, les deux hommes avaient participé au sauvetage du HC Bienne déjà condamné à jouer sa place au sein de l’élite contre Olten.

Champion de Suisse à trois reprises avec Bienne et gardien de l’équipe de Suisse aux Jeux de Calgary et lors de trois championnats du monde, Olivier Anken reste une des grandes figures du club seelandais.

«C’est vraiment formidable que ‘mon’ club soit de retour en LNA, rigole-t-il. J’avais peur avant ce dernier match mais là je suis vraiment soulagé. C’est l’année où on s’y attendait le moins et le changement de règlement a permis à la petite équipe de réaliser l’exploit. C’est tout simplement magnifique!»

swissinfo, Mathias Froidevaux à Bienne

Relégué en seconde division en 1995, le HC Bienne avait auparavant passé 20 ans (1975-1995) au sein de l’élite et remporté trois titres de Champion suisse (1978, 1981 et 1983). C’était une époque dorée où les trois clubs bernois (Bienne, Berne et Langnau) accaparaient les meilleures places du hockey suisse.

Depuis cette relégation il y a treize ans, le club seelandais s’est reconstruit jusqu’à dominer clairement sa division. Il a cependant échoué – malgré de gros investissements – par trois fois contre le cancre de LNA (Lausanne, Fribourg et Langnau).

Après leur dernière déconvenue de l’an dernier contre Langnau, les dirigeants seelandais ont tenté d’obtenir leur promotion par la voie administrative en s’attaquant au règlement de Ligue suisse. Selon les Biennois, celui-ci enfreignait la libre concurrence et rendait quasi-impossible la promotion d’un club de deuxième division. Mais le dossier n’a pas abouti.

Autre club phare de la ville de Bienne, le football club essaie quant à lui de réintégrer la LNB, qu’il a quittée en 1989, dix ans après avoir déjà dégringolé de LNA.

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