Le rugby suisse lutte pour sa survie

Les efforts déployés pour développer le rugby en Suisse restent vains. La faute au manque d’argent et à un engagement insuffisant, analyse Swiss Rugby.
L’organe faîtier du ballon ovale en Suisse déclare qu’aucun nouveau talent n’émerge. L’avenir de ce sport semble bien morne.
Au niveau international, la Suisse du rugby fait bien pâle figure. Elle pointe en effet au 39e rang mondial, entre la Moldavie (38e) et la Côte d’Ivoire (40e).
L’an dernier, dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde, l’équipe nationale s’est inclinée face à Malte par 17 à 8. Un résultat qui n’a d’ailleurs été qu’à peine relevé par les médias suisses.
«La Suisse ne se soucie pas du tout du rugby», admet Li Marchetti, secrétaire de la Fédération suisse de rugby et président du Bern Rugby Club.
20 clubs, 27 équipes et 1000 joueurs
En Suisse, il existe 20 clubs de rugby qui forment environ 27 équipes. C’est relativement peu au niveau international. En comparaison, à elle seule, l’Angleterre compte plus de mille équipes.
Il y a en Suisse entre 800 et 1000 joueurs licenciés. Ils jouent dans trois ligues nationales, chacune regroupant six équipes.
Mais les efforts consentis jusqu’ici pour développer ce sport n’ont pas porté leurs fruits. On ne compte que très peu de nouvelles équipes, voire pas du tout.
«Nous n’avons pas assisté à une augmentation du nombre de joueurs au cours des quinze dernières années», regrette Li Marchetti.
Un manque d’engagement
Selon Le secrétaire de la fédération suisse de rugby, le principal problème réside dans le fait que les Suisses ne s’engagent pas pour un sport qui reste encore surtout considéré comme un jeu pour des expatriés.
«Pour vingt clubs, je ne connais que trois ou quatre présidents suisses, illustre Li Marchetti. Tous les autres sont étrangers. Moi-même, je suis corse.»
Président du club de Zoug, Roger Zubler déplore le manque d’engagement des joueurs suisses. Contrairement aux expatriés, les joueurs indigènes ne viennent pas souvent aux entraînements.»
«Les joueurs suisses ont encore de gros manques au niveau technique, déplore-t-il.
Ce manque d’enthousiasme ne concerne pas que les licenciés. Li Marchetti, qui s’occupe d’une école de rugby pour les juniors, se désespère aussi du manque de relève. Il constate que la moitié des parents ne laisseront pas leur enfant jouer au rugby, «parce qu’ils n’ont pas envie qu’ils se salissent».
Peu d’argent à disposition
L’autre grand problème du rugby suisse, c’est, comme le montre une comparaison internationale le manque d’argent.
«En France, une équipe évoluant en 4e ou 5e division dispose d’un budget d’environ 200’000 euros (310’000 francs), dit Li Marchetti. Une telle somme représente le budget global de la Fédération suisse de Rugby. Et encore, uniquement parce que notre président en sort un tiers de sa poche.
L’instance internationale du rugby – International Rugby Board (IRB) – apporte bien une aide. Mais pour Li Marchetti, cette contribution équivaut à des «peanuts».
«L’IRB nous attribue 30’000 £ (67’000 francs), dévoile le secrétaire. Mais nous ne pouvons utiliser cette somme que pour développer l’équipe nationale et payer ses entraîneurs.»
Carton rouge
Le rugby suisse est également confronté à une pénurie d’arbitres qualifiés. Pour les esprits chagrins, cette situation ajoute encore au côté «amateur» de ce sport en Suisse et rend difficile l’organisation de matches.
L’an dernier, un match de play-off a même dû être arbitré par le vice-président de l’équipe gagnante. Certains ont d’ailleurs encore le résultat sur l’estomac…
«Il n’y a pas assez d’arbitres; que pouvons-nous faire d’autre, explique Li Marchetti. L’an dernier nous avons dû suspendre un arbitre pour un an, parce qu’il avait frappé un joueur.»
Le secrétaire de la Fédération suisse de Rugby ne voit pas vraiment comment la situation pourrait s’améliorer tant qu’il n’y aura pas un changement d’attitude face au rugby.
Roger Zubler est plus optimiste. Pour lui les choses s’améliorent. Et peut-être a-t-il raison: autrefois, la position de la Suisse au niveau international était bien pire!
swissinfo, Chris Wilkins
(Traduction et adaptation de l’anglais Olivier Pauchard)
20 clubs de rugby en Suisse qui forment environ 27 équipes
800 à 1000 joueurs licenciés
3 ligues nationales, chacune comptant 6 équipes

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