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Le travail, facteur d’intégration des étrangers

Les étrangers ont plus de mal que les Suisses à trouver une place d'apprentissage. Keystone

L'accès au monde du travail et une bonne formation sont deux conditions essentielles pour une intégration réussie des étrangers en Suisse.

Selon un rapport de l’Office fédéral des migrations, la situation des 1,5 million d’étrangers vivant en Suisse est satisfaisante. Mais elle pourrait être améliorée.

«La population suisse est disposée à accepter les étrangers qui s’installent durablement chez nous, ainsi que leur culture. Mais nous attendons d’eux qu’ils s’intègrent bien dans notre pays et en respectent la Constitution et les lois.»

C’est en ces termes qu’Eduard Gnesa, directeur de l’Office fédéral des migrations (ODM), a présenté mardi à la presse deux rapports demandés par le ministre responsable du dossier Christoph Blocher.

Le premier de ces rapports dresse un état des lieux en matière d’intégration des quelque 1,5 million d’étrangers (sur plus de 7 millions d’habitants) résidant en Suisse.

Le second propose des solutions pour résoudre les problèmes en matière de naturalisation.

Une condition déterminante

Malgré les mesures déjà prises et des investissement de l’ordre de 500 millions de francs par an, souligne l’ODM, des déficits concernant l’intégration d’une partie des étrangers demeurent.

Ces déficits résultent, en premier lieu, d’une situation socio-économique difficile et d’un manque de formation.

L’accès à une activité lucrative, qui permet d’éviter une dépendance à l’aide sociale et de réduire la tentation de la délinquance, est une «condition déterminante à une intégration réussie», notent les services du ministre de Justice et Police.

Or, d’après les statistiques, plus de 200’000 étrangers (21,4%) sont pauvres ou risquent fortement de le devenir.

«Il y a chez nous 80’000 étrangers au chômage, ajoute Eduard Gnesa, nous devons faire baisser ce chiffre.» Et de noter encore que les personnes qui maîtrisent la langue ont moins de difficulté à s’intégrer dans le monde du travail.

Le respect des lois suisses

En contrepartie, le directeur de l’ODM est d’avis que, en tant que pays hôte, la Suisse «peut exiger des étrangers qu’ils reconnaissent notre Constitution».

Il ne s’agit pas, pour Edouard Gnesa, de pousser l’assimilation «jusqu’à exiger d’apprendre la lutte ou le jodle». Les étrangers devraient «pouvoir conserver des pans de leur culture et de leur liberté de religion».

«Mais, rappelle le directeur de l’ODM, lorsqu’il s’agit d’intégration et de respect des lois, tous sont égaux.»

Ces thèmes devraient revenir souvent sur le tapis ces prochains mois. En effet, le 24 septembre prochain, les citoyens doivent voter sur la révision de la loi sur les étrangers.

Les Verts, les syndicats et une trentaine d’organisations diverses ont lancé un référendum contre ce durcissement de la loi décidé par le ministre Christoph Blocher.

Naturalisations en suspens

Le second rapport a été établi pour régler les questions laissées en suspens après le 26 septembre 2004. C’est-à-dire depuis le refus par le peuple de la naturalisation des jeunes étrangers de la 2e génération et celui de l’octroi automatique de la nationalité à ceux de la 3e génération.

Après ce refus, le troisième du genre, relève l’Office fédéral des migrations, un «nouveau projet de révision ne saurait être soumis au peuple dans un avenir proche».

Mais les cantons jugent que la nécessité de définir, dans le droit fédéral, des facilités de naturalisation uniformes pour les jeunes étrangers «subsiste à plus long terme».

Concernant la naturalisation de la 2e génération, les cantons sont libres de reprendre la réglementation refusée en 2004, rappelle l’office. Les facilités seraient ainsi accordées aux jeunes qui ont effectué au moins cinq ans de scolarité en Suisse.

En revanche, l’octroi de la nationalité aux enfants de la 3e génération nés en Suisse ne peut pas être repris tel quel.

Il serait cependant possible de permettre une demande de naturalisation à partir de 11 ans «selon une procédure aussi peu bureaucratique que possible», propose l’ODM. Lequel rejoint un avis rendu par le Tribunal fédéral en 2003.

swissinfo et les agences

– La naturalisation revient souvent dans le débat politique. En 2004, les Suisses ont refusé une modification de la Constitution facilitant la naturalisation des étrangers des 2e et 3e générations.

– En 2003, le Tribunal fédéral a interdit la naturalisation par les urnes. La cour supérieure de justice estime que la naturalisation doit être un simple acte administratif.

– Deux initiatives parlementaires fédérales et trois cantonales sont en discussion.

– De plus, la droite dure de l’UDC a lancé fin 2005 une initiative populaire «pour des naturalisations démocratiques». Elle demande que la naturalisation reste un acte politique et que le peuple puisse continuer d’avoir le dernier mot.

8,9% des étrangers sont au chômage, trois fois plus que les Suisses.
La durée moyenne annuelle de maladie chez les étrangers (17 jours) est presque deux fois plus longue que chez les Suisses.
200’000 étrangers (21,4%) vivent dans la pauvreté, soit trois fois plus que les Suisses (10,4%).

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