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Les affaires sont bonnes malgré le manque de neige

Le manque de neige est un problème surtout pour les stations de basse altitude. Keystone

Le beau temps et les températures agréables ont drainé des milliers d'amateurs de sport d'hiver dans les montagnes suisses ce week-end.

Malgré le faible enneigement actuel et le chômage partiel qu’il induit, l’industrie touristique suisse garde confiance pour l’avenir proche.

Avec le début des vacances de neige dans plusieurs cantons suisses et pays limitrophes, le réseau routier suisse a été surchargé ce week-end. Les touristes ont en outre été nombreux à entrer en Suisse par l’aéroport de Genève, où un record a été enregistré. La barre des 100’000 passagers y a été franchie.

Une affluence qui a de quoi rassurer les professionnels du tourisme helvétique. «La situation est bien moins grave qu’il n’y paraît», confirme Esther Dysli, directrice de la chaîne d’hôtels ‘Private Selection’ à Lucerne.

«Les températures sont assez basses la nuit, on peut produire sans problème de la neige artificielle». Son seul regret ? «La sensation d’être en hiver n’est pas vraiment au rendez-vous».

Ce que déplore aussi Felix Maurhofer chargé de communication des Remontées mécaniques suisses (RMS). Pour le reste, il souligne que le secteur du tourisme est habitué à compter avec des périodes d’enneigement raccourcies.

Hiver chaud ou réchauffement ?

Pour sa part, Daniela Bär, de ‘Suisse Tourisme’, tient à établir une distinction entre hiver doux et réchauffement climatique. «Il est normal que les variations annuelles soient importantes», nuance-t-elle citant des experts du climat. «Le réchauffement est en revanche un phénomène qui s’observe sur le long terme.»

Pour Felix Maurhofer, il n’existe actuellement pas de raison sérieuse de s’alarmer au niveau financier. Les pertes des remontées mécaniques pour la saison en cours ne seront selon lui pas supérieures à 5, voire 10%, du chiffre d’affaires réalisé en 2006. Année exceptionnelle qui a permis d’engranger quelque 780 millions de francs.

D’après lui, le problème réside aujourd’hui moins dans la diminution de l’enneigement que dans la structure économique du secteur. «Une mauvaise saison suffit pour que de nombreuses installations voient leurs lignes de crédit interrompues», explique-t-il.

Des soucis pour 2008

Un point positif cependant: la situation conjoncturelle favorable et la faiblesse du franc profitent à la branche touristique. Selon Daniela Bär, les touristes – suisses et étrangers – ont dépensé sensiblement plus en 2007 que les années précédentes.

Quant au change, avantageux pour les vacanciers en provenance de la zone euro, il a rendu la Suisse – souvent décriée pour sa cherté – 5% meilleur marché depuis mai 2006.

L’avenir plus lointain inquiète en revanche davantage les professionnels du tourisme. «En 2006, l’occupation des hôtels a été bonne», indique Esther Dysli. «Pour 2007, la situation s’annonce également très bonne, du moins pour les établissements de mon groupe. Mais je crains que les problèmes d’enneigement actuels aient une influence négative sur les réservations pour 2008.»

Les étrangers qui ont réservé pour la saison en cours viendront d’après elle de toute façon. Mais Esther Dysli pense toutefois que l’été 2006 – très pluvieux – a ôté à de nombreux touristes l’envie d’effectuer un séjour estival à la montagne. «Ils se rabattront simplement sur d’autres destinations.»

Domaines skiables polyvalents

Avantage du tourisme hivernal, les vacanciers qui ont réservé une semaine entière prévoient désormais depuis le départ des alternatives au ski. Contrairement aux amateurs de poudre blanche qui ont agendé une unique journée de ski et renoncent si celle-ci fait défaut.

Les domaines skiables situés plus en altitude sont quant à eux souvent reconvertis en lieux de villégiature. En plus de skier la journée, il est possible d’y faire du shopping et d’y pratiquer d’autres activités sportives ou de bien-être, ce qui améliore leur attractivité.

Felix Maurhofer le confirme: «Dans chaque lieu où dominent les vacanciers venus passer une semaine, les chiffres d’affaire des installations de montagne sont bons. Par contre les pertes sont plus importantes dans les stations qui accueillent plutôt des skieurs d’un jour».

swissinfo, Alexander Künzle et les agences
(Traduction et adaptation de l’allemand: Carole Wälti)

La Suisse compte 205 domaines dédiés aux sports d’hiver.
Actuellement, près de 50 d’entre eux ne sont pas en activité.
Ces derniers se situent en majorité dans le Jura et les Préalpes fribourgeoises.
Pour le reste, les stations suisses sont généralement ouvertes.
Les conditions sont bonnes aux Grisons, en Valais et dans une bonne partie des Alpes bernoises.

L’altitude critique en matière d’enneigement se situe aux alentours des 1300-2000 mètres.

L’altitude du domaine skiable en elle-même n’est pas un indicateur fiable.

La question est plutôt de savoir s’il existe des infrastructures susceptibles d’amener les skieurs à une altitude supérieur à 2000 mètres dans le domaine.

Le manque de neige dans les montagnes suisses a aussi ses bons côtés.

La garde aérienne suisse de sauvetage (Rega) annonce près de 40% d’accidents en moins sur les pistes de ski cet hiver que la saison précédente.

Entre le 1er janvier et le 15 février, la Rega est venue au secours de 447 amateurs de sports d’hiver. Ce chiffre est le plus bas enregistré depuis 2000. Malgré tout, des pics du nombre d’accidents ont été enregistrés certaines journées.

En 2006, la Rega est venu à la rescousse de 721 personnes.

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