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Les enfants ont le droit de dire «Non !»

Pour l'heure, les panneaux de l'exposition n'existent qu'en allemand. kinderschutz.ch

«Mon corps m'appartient», c'est le titre d'une exposition interactive et ludique pour sensibiliser les enfants des écoles suisses aux violences sexuelles.

Avec cette campagne nationale, L’Association suisse de la protection de l’enfant s’adresse pour la première fois aux écoles dès la deuxième année primaire.

«Si nous voulons que les enfants soient capables de se défendre, nous devons commencer très tôt à consolider leur assurance», a indiqué Andrea Burgener Woeffray, présidente de l’Association, jeudi à Berne lors du lancement de la campagne.

Une campagne que salue avec enthousiasme la députée Ruth-Gaby Vermot, membre du comité de l’Association. Pour elle ce projet concrétise enfin ce que «la politique a omis depuis des années, en remettant toujours à plus tard la protection de l’enfant».

Cette exposition interactive devrait apprendre aux élèves de la 2e à la 4e primaire qu’ils ont le droit de décider eux-même du type de contacts qu’ils acceptent. Les enfants de l’école du Kirchenfeld à Berne seront les premiers en Suisse à découvrir le parcours.

«Chaque agression plonge l’enfant dans une profonde détresse psychique», a relevé pour sa part Christian Wüthrich, membre du groupe de protection de l’enfant de l’Hôpital de l’Ile à Berne.

Il est donc essentiel pour les jeunes d’avoir une connaissance complète de leur corps. S’ils ont des mots pour exprimer leurs sentiments, ils réussiront à reconnaître les agressions sexuelles et à en parler.

Six étapes

Concrètement, ce parcours-découverte comprend six postes traitant chacun d’un thème lié à la violence sexuelle. Les élèves sont par exemple amenés à réfléchir sur les «contacts agréables, désagréables ou bizarres».

Une des étapes incite aussi les enfants à divulguer les «mauvais secrets». En cas de violence sexuelle en effet, l’abuseur (qui est le plus souvent un parent ou un proche) impose à sa victime de garder le secret, ce qui constitue un facteur traumatisant central.

Dans le dernier poste enfin, on tente d’apprendre aux enfants que demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse.

Les Alémaniques d’abord

Dans un premier temps, cette exposition sera réalisée en Suisse alémanique sous la forme de quatre projets pilotes dans les cantons de Berne, Bâle-Campagne, Zurich et Saint-Gall. Les élèves romands devront attendre le deuxième semestre 2006 et les Tessinois le début 2007.

L’objectif de l’Association est de présenter d’ici fin 2007 le parcours-découverte à 1000 classes de toute la Suisse. Si dix classes participent par école, le prix par classe s’élève à 800 francs. Ce forfait comprend aussi une formation continue pour les enseignants et une séance d’information pour les parents.

swissinfo et les agences

Il n’existe pas de statistiques précises sur les violences sexuelles en Suisse. Les spécialistes estiment d’entre un et seize ans, une fille sur trois ou quatre et un garçon sur sept ou huit en sont victimes.
Une étude menée en 1997 à Genève sur 1130 jeunes a montré que 34% des filles et 11% des garçons subissaient un abus avant l’âge de seize ans.
La plupart des agressions sexuelles ont lieu dans la famille ou dans l’environnement social proche.

Au niveau international, les droits de l’enfant sont censés être garantis par une Convention des Nations Unies, en vigueur depuis 1989.

Tous les pays du monde l’ont ratifiée, à l’exception de la Somalie et des Etats-Unis. La ratification suisse date de 1997.

Tous les cinq ans, la Suisse doit présenter un rapport aux Nations Unies sur les progrès réalisés en matière de droits de l’enfant. Le premier a été remis en 2002, le prochain est attendu pour 2007.

L’UNICEF, organisation des Nations Unies pour l’enfance, a récemment reproché à la Suisse de ne pas en faire assez pour protéger les enfants de la violence, surtout domestique.

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