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Les multiples défis du petit dragon de l’Asie

Un chantier à Hanoï. Comme on en voit partout dans le pays. Reuters

En adhérant à l'OMC, le Viêtnam est entré de plein pied dans la mondialisation. Mais comment réussir ce virage économique sans oublier ses pauvres? Pour la coopération suisse, réunie aujourd'hui en conférence annuelle à Fribourg, la priorité est de soutenir les PME locales.

Le pays ressemble à un gigantesque chantier. Jour et nuit, des femmes et des hommes percent des trous, transportent du ciment ou des cailloux, déversent du goudron sur les chaussées, grimpent sur les échafaudages. Partout, un bruit infernal, une population grouillante, des vendeurs ambulants, des échoppes, des motos, des voitures, des vélos.

Depuis son adhésion en 2006 à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), le Viêtnam est pris dans sa course effrénée à la mondialisation. Riches et pauvres, tous ont compris qu’il fallait se mettre au diapason de l’économie planétaire. Le virage ne date pas toutefois d’aujourd’hui.

Le si romantique Fleuve rouge

Ce bastion du communisme avait déjà ouvert les vannes d’un «renouveau économique» (doi moi) en 1986. Depuis, sa croissance, avec un taux de 7 à 8%, est devenue l’une des plus rapides au monde. Le revenu annuel moyen, de 800 dollars par personne actuellement, devrait dépasser les 1000 dollars d’ici 2010.

Avec une population très jeune – les deux tiers des 84 millions de Viêtnamiens ont moins de 30 ans – le pays offre un potentiel extraordinaire. Mais les défis sont nombreux: manque de main d’œuvre qualifiée, exode rural, qui s’accompagne de nouvelles crises sociales, graves problèmes de pollution – le si romantique Fleuve rouge qui traverse le Nord du Viêtnam est en fait bordé de déchets.

A cela s’ajoute une inflation galopante – 27% en juillet – qui est d’ailleurs devenue la principale préoccupation du pays. La hausse fulgurante des prix du pétrole et du riz a des conséquences dramatiques pour la population. Comment alors maintenir la vitesse de croisière sans creuser un fossé entre les riches et les pauvres? Comment permettre aux plus démunis de tenter, eux aussi, leur chance ?

Des prêts bancaires sans garantie

Le Viêtnam est un pays prioritaire pour la coopération suisse. L’enveloppe globale de la DDC (coopération au développement) et du SECO (Secrétariat d’Etat à l’économie) se monte à 33 millions de francs pour 2007. L’un des volets des programmes du SECO, consiste justement à permettre aux banques d’allouer aux petits et moyens entrepreneurs des prêts bancaires sans garantie.

«Ce projet, financé par plusieurs donateurs, a été mis sur pied par la Société financière internationale (SFI, une branche de la Banque Mondiale). Au Viêtnam, les petits entrepreneurs ont beaucoup de difficulté à obtenir des prêts bancaires s’ils n’ont pas de terrain, de bâtiment ou des machines comme garantie», explique Thierry Buchs, responsable du Secteur développement du secteur privé au SECO.

Un rêve de petite fille

C’est ainsi que Hanh a pu réaliser son rêve de petite fille. Il y a trois ans, cette jeune femme de 27 ans a abandonné son poste de fonctionnaire à l’Etat pour lancer un commerce de robes de mariées à Hanoi. Elle n’avait pour tout bien que ses diplômes universitaires et deux vieilles machines à coudre. Elle a toutefois pu effectuer un emprunt bancaire grâce au programme de la SFI.

Aujourd’hui, Hanh dirige la plus importante fabrique de robes de mariées du Viêtnam. «Ce mécanisme de levier est d’autant plus important que l’économie Viêtnamienne connaît actuellement une certaine surchauffe, alimentée par des dérapages monétaires. Du coup, les taux d’intérêts ont pris l’ascenseur, et le prêt aux PME est encore plus difficile», remarque pour conclure Thierry Buchs.

swissinfo, Carole Vann/InfoSud, de retour du Viêtnam

La Conférence annuelle de la Direction du développement et de la coopération (DDC) et le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), du vendredi 22 août à Berne, est consacrée cette année au développement de la région du Mékong. Les participants doivent notamment se pencher sur des thèmes tels que la sécurité alimentaire et les effets de la globalisation dans la région.

La région du Mékong comprend le Viêtnam, le Cambodge, le Laos et la Birmanie ou Myanmar. La Confédération y est présente depuis 1970. Durant la seconde moitié des années nonante, le Mékong était devenue une zone d’intervention prioritaire pour l’aide suisse au développement.

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