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Les pacifistes suisses persistent et signent

Quelque 40 000 personnes ont manifesté contre la guerre le 15 février 2003 à Berne. Keystone Archive

35 000 Suisses demandent à leur gouvernement de s'opposer à une guerre contre l'Irak, avec ou sans l'aval de l'ONU.

Dans leur appel, ils exigent aussi l’interdiction de l’espace aérien suisse à l’ensemble des forces engagées dans cette guerre annoncée.

«Pas en notre nom», proclame la pétition qui a circulé durant un mois dans toute la Suisse.

Instigatrice de l’appel, la Coalition contre la guerre a donc repris le titre du manifeste lancé aux Etats-Unis et signé par plusieurs dizaines de milliers de citoyens américains.

«Nous tenons à nous solidariser avec l’opposition américaine aux guerres de la famille Bush, de ses amis pétroliers et de leurs alliés», disent les pacifistes suisses.

Une dizaine de jours après la manifestation qui a réuni 40 000 personnes à Berne, ils maintiennent donc leur pression. Notamment, sur les autorités fédérales.

«Nous appelons le gouvernement, peut-on lire dans la pétition, à condamner toute guerre contre l’Irak, sans ambiguïté et sans attendre qu’elle soit officiellement déclarée y compris par le Conseil de sécurité de l’ONU.»

Une position officielle rectifiée

C’est que, face à la crise irakienne, la position de la Confédération a quelque peu évolué.

«Le but de la Suisse, déclarait au début de l’année la cheffe de la diplomatie helvétique Micheline Calmy-Rey, c’est d’éviter la guerre à tout prix.»

Mais, il y a une semaine, devant le Conseil de sécurité des Nations unies à New York, l’ambassadeur Pierre Helg tenait, lui, des propos un peu plus nuancés.

«Le recours à la force, disait-il, ne saurait intervenir qu’après épuisement de tous les moyens pacifiques pour trouver une solution à la crise.»

Dans la foulée, à Berne, le porte-parole du Conseil fédéral précisait la position officielle.

«Sans une nouvelle résolution du Conseil de sécurité autorisant l’emploi de la force, déclarait Achille Casanova, une intervention militaire contre l’Irak sera considérée comme un conflit armé entre Etats.»

Autrement dit, sans un feu vert explicite des Nations unies, la Suisse restera officiellement neutre.

Une position totalement alignée sur celle de l’ONU et tout à fait conforme à celle qu’elle a adoptée en 1990, lors de la première crise irakienne.

Une pluie d’interpellations

Mais les pacifistes suisses attendent plus de leur gouvernement. «Cette guerre-là n’a aucun sens», confie à swissinfo Patrice Mugny, l’un des signataires de l’appel.

Le coprésident des écologistes suisses balaye par avance toutes décisions de l’ONU.

«Le Conseil de sécurité des Nations unies ne représente pas les peuples de la planète, martèle le parlementaire écologiste genevois. On a déjà vu l’ONU se faire instrumentaliser par les Etats-Unis.»

Patrice Mugny ajoute d’ailleurs qu’une série d’interpellations urgentes va prochainement être déposée devant le Parlement fédéral helvétique.

Les Verts veulent, par exemple, une interdiction de l’exportation de matériel militaire vers les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

Le député précise également qu’une campagne de boycott des entreprises américaines est en cours de lancement par le Centre Martin Luther King.

swissinfo, Frédéric Burnand, Genève

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