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Les travailleurs suisses inégaux face au cancer

Les cadres développent plus facilement un cancer de la peau, des testicules ou de la prostate. Keystone

En Suisse, les risques de cancer varient fortement selon les couches sociales ou la profession exercée. Une étude présentée jeudi le démontre clairement.

Ses résultats doivent permettre d’améliorer la prévention et la protection des travailleurs.

Due à la Ligue suisse contre le cancer et à l’Association des registres des tumeurs, cette étude examine en détail le risque de cancer par couches sociales et professionnelles.

Elle porte sur 58 000 patients ayant développé un cancer dans les cantons de Bâle, de Genève, de Saint-Gall, de Vaud et de Zurich entre 1980 et 1993. Et les résultats montrent de fortes disparités.

Cancer du pauvre et cancer du riche

Les ouvriers courent ainsi deux fois plus de risques que les cadres d’être atteints de cancers liés au tabac et à l’alcool, tels les cancers du pharynx, de l’oesophage, du poumon et du larynx.

A l’inverse, les cadres sont davantage guettés par le cancer des testicules, de la prostate, ou de la peau. Fréquemment exposés au soleil pendant leurs loisirs, ils partagent un risque élevé de mélanome avec les agriculteurs, qui travaillent en plein air.

Par ailleurs, comme tous ceux qui exercent une profession sédentaire, ils sont plus menacés par le cancer du côlon, lié au manque d’activité physique.

Un moyen simple de réduire ces disparités socio-économiques serait de mieux cibler la prévention en l’orientant directement sur les couches de population concernées, recommandent les auteurs de l’étude.

Le cancer s’attrape aussi au travail


Par ailleurs, l’étude montre que la Suisse n’est pas épargnée par les cancers professionnels.

Si le lien de causalité entre exposition à l’amiante et risque de cancer de la plèvre ou du poumon est connu, le fait que les menuisiers ont plus de risques de contracter un cancer sino-nasal et les coiffeurs un cancer de la vessie l’est moins.

A l’échelle européenne, on admet généralement que 6% des cancers sont causés par une exposition à un agent cancérigène directement sur le lieu de travail.

En Suisse par contre, la plupart des cancers professionnels ne sont pas reconnus et ne font l’objet d’aucune compensation, s’inquiète la Ligue suisse contre le cancer.

Une priorité de santé publique

Avec l’Association suisse des registres des tumeurs, la Ligue exige donc la mise en place d’une meilleure surveillance des risques de cancer par profession.

Il s’agirait d’une part de mieux étudier la relation de cause à effet entre la profession et les risques mis en évidence par l’étude, et de l’autre, de soustraire les travailleurs aux substances, produits et émanations potentiellement cancérigènes.

«Cette lutte devrait devenir une priorité de santé publique», estime la Ligue suisse contre le cancer.

swissinfo avec les agences

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