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Lourdes peines pour deux jeunes tueurs

19 ans de prison pour le Franco-Algérien, 20 pour son complice. Keystone

Les deux hommes qui avaient battu, lapidé et poignardé à mort un jeune homme en gare d’Yverdon il y a deux ans écopent de 19 et 20 ans de prison.

Ce meurtre en bande (deux autres agresseurs, mineurs, y avaient participé) avait soulevé à l’époque une énorme vague d’émotion en Suisse.

Pour la Cour, le Portugais du Cap-Vert (22 ans) et le Franco-Algérien (25 ans) ont dans «ce massacre collectif» une culpabilité écrasante. Ils ne peuvent bénéficier d’aucune circonstance atténuante et n’échappent à la réclusion à vie qu’en raison de leur jeune âge, de leur enfance tourmentée et des regrets – sincères ou non – qu’ils ont exprimés à l’audience.

Le tribunal a largement suivi le réquisitoire du Ministère public qui avait demandé 20 ans de réclusion pour chacun des deux accusés. Il a légèrement réduit la peine infligée au Franco-Algérien, rappelant que ce dernier n’a pas donné de coup de couteau et présente des antécédents judiciaires moins graves.

Pour le reste, la Cour estime que les accusés, sont co-auteurs du drame. La mort résulte des lésions à la tête, mais elle a pu être provoquée par un seul coup ou par la pluie de coups que les agresseurs ont asséné à leur victime, le jeune Michael (18 ans), en se relayant.

Les deux accusés ont agi avec une absence particulière de scrupules et pour un mobile futile. Ils voulaient venger leur copain légèrement blessé par Michael qui avait eu l’audace de chercher à résister, a relevé le tribunal.

Sans histoires


L’habillement et le comportement de la victime n’ont pas joué le moindre rôle dans le déroulement des faits, a rappelé le président Bertrand Sauterel. Michael était un jeune homme sans histoires, même s’il écoutait de la musique et portait des habits qui renvoyaient à des mouvements extrémistes, a-t-il relevé.

Ex-petit caïd de la banlieue de Montpellier, dans le Sud de la France, le Franco-Algérien était à l’origine du racket et de l’agression en gare d’Yverdon-les-Bains. C’est lui aussi qui a demandé une arme «pour «planter Michael et ainsi égaliser la balance» avec son ami blessé. Il écope de 15 ans d’explusion du territoire suisse.

Son comparse, Portugais du Cap-Vert, «rêvait depuis longtemps d’expérimenter le fait de planter quelqu’un», a estimé le président. Il a jeté des pierres de ballast sur la tête de Michael et a transpercé son foie et son poumon d’un coup de poignard. Il sera expulsé à vie du territoire suisse.

Le tribunal a pleinement adhéré aux expertises psychiatriques qui concluaient à la pleine responsabilité pénale des deux jeunes gens. Conformément aux recommandations des experts, il a décidé de les soumettre à un traitement ambulatoire en prison.

Recours probables


Les parents de la victime, qui avaient demandé la réclusion à vie, ont réagi avec une certaine déception à la lecture du jugement. «Ils estiment qu’avec ce drame, ils en ont pris, eux, à perpétuité», explique leur avocate, Me Valérie Schweingruber. Il est fort probable qu’ils fassent recours.

«J’ai l’impression qu’en raison de la pression populaire, il n’y a pas eu de place pour une quelconque forme de compréhension», a relevé Me.Sylvaine Perret-Gentil, l’avocate du jeune Portugais.

Son confrère, Me Jacques Michod, a regretté que la Cour n’ait pas tenu compte de la participation moins active de son client dans le drame. Les deux avocats feront eux aussi vraisemblablement recours contre ces lourdes condamnations.

Pour rappel, les deux mineurs impliqués dans le drame ont également été reconnus coupables d’assassinat. Ils ont écopé d’un placement en maison d’éducation pour deux ans au moins, la peine la plus lourde prévue par le droit des mineurs actuel.

swissinfo et les agences

– On prétend souvent que la violence des jeunes est en augmentation, que les délinquantes et délinquants sont de plus en plus jeunes et que l’on en vient de plus en plus facilement à des actes de violence, dont la brutalité augmente d’autant.

– Mais les résultats des recherches menées sur le sujet ne permettent pas de confirmer ces affirmations. (selon le Dictionnaire suisse de politique sociale, édition 2002)

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