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Médecins et pharmaciens sont remis à l’ordre

Une boîte de Tamiflu coûte plus de 80 francs. Keystone

Les associations faîtières des médecins et des pharmaciens suisses appellent à faire baisser la fièvre autour de la grippe aviaire et la demande de Tamiflu.

Elles répètent qu’il est inutile de distribuer ce médicament antiviral puisque la maladie touche surtout les oiseaux mais très rarement l’homme pour l’instant.

Il n’y a pas lieu de constituer des réserves domestiques de Tamiflu. Le risque est actuellement «anecdotique» et la présence confirmée du virus de la grippe aviaire H5N1 en Roumanie n’impose pas de nouvelles mesures.

Dans une lettre commune à leurs membres, la Fédération des médecins suisses (FMH) et la Société suisse des pharmaciens relèvent que la population «a toujours plus de difficulté à comprendre les informations diffusées par les médias au sujet de la grippe aviaire».

Clarifier la situation

Le courrier vise à clarifier la situation et à donner des arguments aux médecins et aux pharmaciens, a précisé Marcel Mesnil, secrétaire général de la Société suisse des pharmaciens. Ils sont en effet souvent mis sous pression par leurs patients et clients qui exigent l’antigrippal de Roche.

la presse dominicale s’est largement fait l’écho de cette information. Selon le «Matin Dimanche», des médecins auraient «cédé à la panique de leurs clients, souvent par peur de les perdre» et délivré massivement des ordonnances, «provoquant une rupture de stock dans huit pharmacies sur dix».

L’hebdomadaire romand cite Jacques de Haller, président de la FMH, qui affirme que «distribuer du Tamiflu par complaisance pourrait avoir des conséquences dramatiques».

Stock suffisant pour tous

La FMH et la Société suisse des pharmaciens ont également publié sur Internet un avis à la population concernant le médicament antiviral du groupe pharmaceutique bâlois Roche. Il est recommandé de ne pas prendre du Tamiflu sans avis médical.

D’ailleurs, le risque pour les Suisses, même voyageurs, d’être atteint par le virus actuel est «proche de zéro» et un vaccin sera de toute façon disponible dès que le virus sera connu.

Enfin, il est à rappeler qu’une fois cuits, les aliments à base de volaille sont inoffensifs.

Cette lettre commune mentionne encore que l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays préparent un concept de distribution du Tamiflu.

Le stock constitué par la Confédération permettant de traiter 25% de la population est suffisant et ne sera pas réservé à «certains privilégiés», contrairement à ce qui a été prétendu ici ou là.

Statu quo au niveau des autorités

La Suisse ne compte pour l’instant pas prendre d’autres mesures pour lutter contre le virus de la grippe aviaire. La confirmation que la souche découverte en Roumanie est bel et bien le virus H5N1 était attendue, a déclaré samedi à la Radio alémanique Cathy Maret, porte-parole de l’Office vétérinaire fédéral (OVF).

L’interdiction d’importer des oiseaux vivants et de la viande de volaille en provenance de Roumanie et de Turquie a été décrétée lundi dernier. Les contrôles à la frontière ont été renforcés. Une limitation de la détention de la volaille en plein air ne sera décidée que si la situation devait s’aggraver, selon Cathy Maret.

Vente en hausse

Roche s’apprête à annoncer cette semaine ses résultats trimestriels. Les analystes estiment que, d’ores et déjà, ces résultats seront supérieurs en raison notamment d’un regain d’intérêt pour le Tamiflu, outre les médicaments contre le cancer.

La hausse des ventes annoncées lundi par sa filiale américaine Gententech devrait aussi se refléter sur les comptes.

swissinfo et les agences

Le virus H5N1 de grippe aviaire est apparu en 2003 en Asie du Sud-Est.
Jusqu’ici, 150 millions d’oiseaux sont morts ou ont été abattus.
Le virus est enraciné au Vietnam, en Thaïlande, en Indonésie, au Cambodge, en Chine et au Laos.
Des épisodes ont été découverts en Russie et au Kazakhstan durant l’été, puis en Roumanie et en Turquie la semaine dernière.
Le virus a touché une centaine de personnes en contact avec des oiseaux, dont 65 sont mortes dans 4 pays d’Asie.

– Depuis la fin 2003, la grippe aviaire a fait une soixantaine de morts en Asie chez des personnes en contact avec des oiseaux.

– Par prévention, la Suisse a interdit les importations de volaille des pays affectés, dont la Turquie et la Roumanie.

– L’Office fédéral de la santé a recommandé que les personnes travaillant avec des oiseaux se fassent vacciner contre la grippe classique.

– L’Office vétérinaire fédéral procède à des contrôles sur les volailles et les oiseaux migrateurs.

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