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Marco Camenisch écope de 17 ans de prison

Marco Camenisch (au premier plan, face à ses juges), croqué par Stefan Metzger. Keystone

La Cour d'assises de Zurich a reconnu l'«écolo-anarchiste» de 52 ans coupable de l'assassinat d'un garde-frontière à Brusio en 1989.

Elle n’a en revanche pas retenu contre Marco Camenisch la tentative d’assassinat d’un gardien de prison en 1981 à Regensdorf (ZH).

«Le jury a eu une appréciation différente de celle de l’accusation. Mais j’accepte son verdict», déclare à swissinfo le procureur Ulrich Weder, qui avait pourtant requis la perpétuité.

Pour le tribunal, cela ne fait aucun doute: même si l’enchaînement d’indices n’était pas sans faille c’est bien Marco Camenisch qui, en décembre 1989, a abattu le garde-frontière Kurt Moser (36 ans) de trois balles à bout portant, à Brusio, dans les Grisons.

Et les jurés ont estimé qu’il s’agissait là d’un assassinat. «Vu que cet acte n’avait aucun sens, il fallait tenir compte de l’absence de scrupules de l’accusé», explique à swissinfo le président de la Cour d’assises.

«Il s’agissait là d’un acte d’un égoïsme crasse», ajoute Hans Mathys. Certes, quinze ans se sont écoulés depuis, mais les délits commis en Italie par l’accusé ne plaident pas en faveur d’une atténuation de la peine.

Marco Camenisch écope donc de 17 ans de prison ferme et devra verser 100’000 francs de dédommagement à la veuve et au fils de sa victime.

«Une victoire à la Pyrrhus»

Marcho Camenisch a en revanche été libéré de la charge de tentative d’assassinat dans l’affaire de son évasion du pénitencier de Regensdorf en 1981.

Ce jour-là, ses complices avaient tiré plusieurs coups de feu, tuant un gardien. L’accusé n’avait pas tiré lui-même, mais le procureur le tenait pour co-responsable. Un avis que le jury n’a pas suivi.

Pour Bernard Rambert, il ne s’agit là «que d’une victoire à la Pyrrhus», comme il l’a confié à swissinfo. L’avocat de Marco Camenisch, qui plaidait la libération totale, admet que la condamnation de son client à 17 ans de prison constitue «une défaite». Il fera appel.

25 ans dans le pire des cas

En attendant, et en plus des 17 ans auxquels on vient de le condamner, Marco Camenisch doit encore purger huit des dix ans de prison dont il avait écopé avant son évasion de Regensdorf.

La sentence a été rendue dans une salle comble, où avaient pris place une centaine de personnes, dont une moitié d’amis et de sympathisants.

Au moment de quitter le box, Marco Camenisch leur adresse un signe de la main et lève le poing, tandis que de la rue, où manifestent une cinquantaine de jeunes partisans du condamné, montent les cris de «Marco, libero!».

swissinfo, Philippe Kropf à Zurich et les agences

– 1952: Naissance Marco Camenisch, dans les Grisons.

– 1979: Il fait exploser deux bombes artisanales contre un pylône et un transformateur électrique.

– 1981: Il est condamné à purger une peine de dix ans, mais il réussit à s’évader de la prison de Regensdorf. Il se réfugie en Italie.

– 1989: Il rentre en Suisse et tue un garde-frontière près de Poschiavo.

– 1991: Lors de son interpellation à Massa di Carrara (Italie), il abat un policier.

– 1993: La justice italienne le condamne à 12 ans de prison.

– 2002: Il est extradé en Suisse.

– 4 juin 2004: La Cour d’assises de Zurich le condamne à 17 ans, pour la mort du garde-frontière, qualifiée d’assassinat.

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