Mission à risque pour Cornelio Sommaruga
Y a-t-il eu massacre à Jénine? L'ancien président du CICR et deux autres personnalités attendent le feu vert d'Israël pour répondre à cette question.
Pour l’heure, néanmoins, cette mission semble compromise. Puisque, selon la radio publique israélienne, l’Etat hébreu est revenu sur l’accord qu’il avait donné à la venue d’une équipe d’établissement des faits de l’ONU dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine (Cisjordanie).
Les responsables israéliens estiment que le mandat de l’équipe «va au-delà de ce qui avait été convenu au préalable». Selon la radio, pour ces responsables, les membres de la mission sont «trop politiques» et pas suffisamment versés dans les questions militaires censées être au centre de leurs travaux.
En clair, Israël souhaite renégocier la composition de la mission d’information de l’Onu. Il veut que l’équipe comporte également des militaires ainsi que des experts de la lutte contre le terrorisme.
Dans sa réponse, le secrétaire général de l’Onu cède en partie. Koffi Annan promet que l’équipe sera élargie autant que nécessaire. Et il souhaite son envoi sur le terrain d’ici samedi.
Cadre et objectif précis
«La mission d’enquête de l’ONU est chargée par le Conseil de sécurité de recueillir des informations précises sur ce qui s’est passé dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine lors de la récente incursion militaire israélienne».
Un cadre et un objectif précis. Les Nations unies ont en effet fixé dans des termes clairs les contours de cette mission pas tout à fait comme les autres.
Et, pour la remplir, le secrétaire général Kofi Annan a choisi trois personnalités qu’il juge «hautement respectées et indépendantes».
Il s’agit, en l’occurrence, de l’ex-président du CICR Cornelio Sommaruga, de l’ancienne responsable du HCR Sadako Ogata et de l’ancien président finlandais Martti Ahtisaari – qui devrait diriger la mission.
L’équipe dispose d’un conseiller militaire, le général américain Bill Nash et d’un conseiller en matière de police, l’Irlandais Peter Fitzgerald. A savoir, deux personnes qui ont également travaillé pour l’ONU dans l’ex-Yougoslavie.
Etablissement des faits uniquement
Selon Cornelio Sommaruga, l’ensemble de l’équipe devait se retrouver mercredi à Genève, avant de s’envoler pour Israël et la Cisjordanie.
Cette rencontre devait permettre d’affiner le mandat de la mission. Dont Kofi Annan doit encore en préciser la teneur, selon Cornelio Sommaruga.
Pour l’heure, peu d’informations ont filtré. LUndi, lors d’une conférence de presse, Kofi Annan a tout de même précisé que les membres de cette mission devront établir les faits. Et uniquement les faits.
Bref, Cornelio Sommarugua et ses collègus n’auront pas à évaluer s’il y a eu ou non crime de guerre. Pour autant, la tâche qui attend le triumvirat onusien est capitale.
D’un côté, les Palestiniens affirment que des centaines de civils ont été massacrés lors de l’occupation du camp de Jénine par l’armée israélienne entre le 3 avril et le 12 avril dernier.
Et, de l’autre, les Israéliens soutiennent que les combats acharnés qui se sont déroulés à Jénine ont entraîné la mort de moins d’une centaine de Palestiniens, des combattants pour la plupart.
Une chose est sûre: cette mission diligentée par les Nations Unies s’annonce des plus périlleuses. Et cela même si, selon Kofi Annan, les Israéliens, les Palestiniens etles Etats-Unis en ont accepté le principe.
swissinfo/Frédéric Burnand à Genève et les agences
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