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Moisson de médailles suisses à Zolder

Camenzind devant le Britannique Millar et l'Autrichien Wrolich pendant la course élite. Keystone

Les Suisses sont rentrés avec quatre médailles des Championnats du monde cyclistes à Zolder, en Belgique.

La Zurichoise Nicole Brändli en ramène deux d’argent. Le tableau a été complété par les médailles de bronze de Karin Thürig et David Loosli.

Avec quatre médailles – deux d’argent, deux de bronze – «Swiss Cycling» ne s’attendait pas à pareil bilan.

Il est identique à celui de 1996 à Lugano. A une différence fondamentale: au Tessin, Alex Zülle était devenu champion du monde du contre-la-montre (3e Tony Rominger), Barbara Heeb décrochait le titre mondial féminin de la route et Mauro Gianetti la médaille d’argent.

A Zolder, les deux médailles d’argent de Nicole Brändli et celle de bronze de Karin Thürig masquent l’absence de résultat de l’élite messieurs. Même si le Bernois David Loosli est monté sur la troisième marche du podium des moins de 23 ans.

Pas facile pour l’élite

De plus, l’absence de difficultés du parcours ne favorisait pas les Suisses. Ce d’autant que les équipe des grands sprinters ont verrouillé la course. Enfin, Markus Zberg, le seul spécialiste helvétique apte à s’immiscer dans un sprint final, manquait à l’appel.

A l’issue de ces Mondiaux, Jean-Claude Leclercq, chef technique de «Swiss Cycling», établissait le bilan de ladite élite: «Quatre médailles c’est bon pour le cyclisme suisse. Peut-être inciteront-elles des jeunes à venir au vélo. Pour ce qui est de l’élite, il était difficile de faire mieux face aux équipes des sprinters».

«Chez les moins de 23 ans, avec une médaille et suite aux Championnats d’Europe, ils courent au plus haut niveau. Ces garçons vont passer professionnels. A ceux qui viennent derrière de prouver qu’ils possèdent un très bon niveau. Le cyclisme suisse peut sortir la tête haute de ces Championnats du monde.»

Relève incertaine

Le cyclisme féminin a donc été le principal pourvoyeur de médailles. A ne pas oublier toutefois que Nicole Brändli émarge au budget d’une équipe italienne «Acca due O-Pasta Zara».

La Zurichoise de Horgen (23 ans) bénéficie d’une structure à même de lui assurer une progression constante. Avec quatre victoires cette saison, elle a notamment terminé 5e du Tour de France, remportant une étape.

De sept ans son aînée, Karin Thürig, spécialiste de duathlon longues distances et de triathlon (Ironman), est venue sur le tard au cyclisme sur route. A Zolder, elle a participé à sa cinquième course sur route. A 30 ans, elle ne représente donc pas l’avenir du cyclisme féminin.

Un cyclisme féminin dont la relève est incertaine. Il repose essentiellement sur les épaules de Nicole Brändli. Là encore, l’absence de moyens financiers est criante. Non seulement au niveau de «Swiss Cycling», mais pour les quelques courageux qui tentent de monter des groupes sportifs nationaux.

Et chez les juniors?

Yvan Girard, l’entraîneur des juniors tire un bilan mitigé de l’expédition flamande. Et se préoccupe de l’avenir: «Au niveau du contre-la-montre, le bilan est très négatif. En revanche, sur la route, je suis globalement satisfait». Et le Fribourgeois de préciser: «dans le peloton junior, 20 à 30% d’entre eux sont déjà des professionnels».

«En valeur pure, nous nous situons un ton en dessous des meilleurs athlètes étrangers.» Dès lors, compte tenu des moyens financiers restreints de «Swiss Cycling» comment y remédier?

La recette d’Yvan Girard: «Il faut d’abord organiser plus de contre-la-montre en Suisse. Seules deux courses ont eu lieu cette saison. On ne peut pas progresser ainsi. Ensuite, il faut mettre sur pied un groupe dès le début de l’année. Voire les introduire dans un cadre avec les spécialistes de la piste et de la route.»

Reste un paramètre important: il y a encore dix ans, la Suisse comptait 250 juniors licenciés. Aujourd’hui ils ne sont plus que 120…

Pour Agnès Pierret, directrice de «Swiss Cycling», «pour attirer les jeunes vers le cyclisme, rien de tel qu’organiser une grand événement, tel un Championnat du monde». Mais l’UCI n’a pas retenu la candidature suisse pour les mondiaux de 2006…

Qui plus est, un titre ou une médaille au Mondial ne représente pas une garantie pour l’avenir. Dans la mesure où une forte proportion de jeunes abandonnent la compétition à cet âge (études, apprentissage, sports fun).

Avec ses deux titres mondiaux juniors (1998 et 1999) et sa médaille d’argent en 2000 chez les moins de 23 ans, Fabian Cancellara est presque une exception. Pour sa première année chez les professionnels, il a obtenu une méritoire 9e place. Il était le plus jeune du peloton.

swissinfo/Pierre-Henri Bonvin à Zolder

La veille de la course des «pros», Markus Zberg s’est blessé lors d’une chute à l’entraînement.
Il a été remplacé par Roger Beuchat, arrivé 13 heures avant le départ.
Six Suisses se sont classés dans le «top 10»: Nicole Brändli (2e), Karin Thürig (3e), Fabian Cancellara (9e) dans les contre-la-montre. Sur route, Nicole Brändli (2e), David Loosli (3e), Grégory Rast (5e), Judith Baumann (9e).
Sur 10 épreuves, 2 «pros» suisses ont abandonné: Alexandre Moos sur chute, Alex Zülle par épuisement.

A l’heure du bilan, une ombre au tableau suisse: la candidature «Lucerne – Swiss» pour l’organisation des Championnats du monde 2006 n’a pas passé. Le comité directeur de l’UCI lui a préféré Madrid. La décision de représenter cette candidature pour 2007 appartient à «Lucerne – Swiss». Or, l’Allemagne et l’Autriche sont candidates. L’Autriche, dont la dernière organisation remonte à 1987 (Villach). Pour sa part l’Allemagne (Stuttgart) a organisé les Mondiaux en 1991 et la Suisse (Lugano) en 1996.

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