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Mondial 2010: la Suisse à l’heure espagnole

WM Auslosung 2 Keystone

Espagne, Honduras, Chili: tels seront les trois adversaires de la sélection nationale helvétique en juin prochain en Afrique du Sud. Mais que peut-on attendre de cette équipe de Suisse? L’avis de deux experts.

Devant un parterre d’invités prestigieux, c’est Nelson Mandela, dans un message télévisuel, qui a ouvert la cérémonie précédant le tirage au sort de ce vendredi dans la ville du Cap. «Nous, en Afrique du Sud, nous sentons privilégiés et très humbles face à cet honneur singulier qui nous est consenti», a déclaré le premier président noir du pays, aujourd’hui âgé de 91 ans.

L’actuel président, Jacob Zuma, a quant à lui évoqué la «fierté» du pays et du continent à six mois d’accueillir la première Coupe du monde sur sol africain. Après la traditionnelle partie dédiée aux festivités et divers discours, le tirage au sort a débuté peu après 19h (heure suisse).

Des 32 équipes qualifiées pour cette Coupe du monde, la Suisse a été tirée en dernière. Et elle a hérité d’un groupe composé uniquement d’équipes parlant l’espagnol, à savoir l’Espagne, le Chili et le Honduras.

Championne d’Europe en titre, l’Espagne sera le grandissime favori de ce groupe E. Mais avec le Chili et le Honduras, les Suisses rencontreront deux équipes qui semblent à leur portée. Si la Suisse se qualifie, elle affrontera en huitième de finale une équipe du groupe G dans lequel figure le Brésil, le Portugal et la Côte d’Ivoire.

Mais que peut-on espérer de cette équipe de Suisse dans six mois en Afrique du Sud? Avant que la Suisse ne connaisse le nom de ses adversaires, swissinfo.ch a posé la question à Yves Débonnaire et Claude Ryf, deux entraîneurs nationaux engagés par l’Association suisse de football (ASF) dans la formation des talents de demain.

swissinfo.ch: L’équipe de Suisse actuelle est-elle plus ou moins forte que celle qui avait disputé le Mondial en Allemagne en 2006?

Claude Ryf: C’est une question à laquelle il est très difficile de répondre. Seule la compétition permettra de livrer un verdict. A l’heure actuelle, je dirais que le principal défi d’Ottmar Hitzfeld consiste à améliorer la qualité du fond de jeu. C’est une condition indispensable pour espérer retourner en huitièmes de finale ou voire même atteindre les quarts de finale.

Yves Débonnaire: Les qualités des deux équipes sont différentes. La formation actuelle est plus solide défensivement, très bien organisée et extrêmement forte mentalement. Il y a 4 ans, l’équipe était plus joueuse, plus efficace offensivement et maîtrisait mieux le jeu. La Suisse est à mon avis capable de résister à presque toutes les nations du football, mais il ne faut jamais oublier qu’une grande partie du résultat d’un match se joue sur des détails, comme un poteau ou un penalty litigieux par exemple.

swissinfo.ch: Que manque-t-il le plus à cette équipe de Suisse version 2009?

C.F: Il y a 4 ans, la Suisse avait dans son effectif un joueur mésestimé du nom de Johann Vogel. Il était extrêmement important dans l’organisation du jeu. Toutes les grandes équipes possèdent des milieux de terrain très techniques auxquels il est quasiment impossible de piquer le ballon, capables d’aérer le jeu et de recevoir une passe dans n’importe quelle position. Gökhan Inler a les qualités pour jouer ce rôle, mais il se met parfois trop de pression quand il joue avec l’équipe de Suisse. A l’instar de nombre de ses coéquipiers, il est encore très jeune et sa marge de progression est importante.

Y.D.: Johann Vogel était certes un leader technique, capable de perdre un minimum de ballons en phase offensive. Mais souvenez-vous, on lui reprochait également de jouer de manière trop latérale. Aujourd’hui, nous avons des leaders physiques à mi-terrain, comme Gelson Fernandes, Gökhan Inler ou Benjamin Huggel. Il nous manque peut-être une personne capable de donner le bon rythme au bon moment.

swissinfo.ch: En Afrique du Sud, l’équipe de Suisse pourra s’appuyer sur l’un des meilleurs entraîneurs du monde. Un atout important?

C.R.: Oui, je le pense. En ayant déjà remporté la Ligue des Champions, Ottmar Hitzfeld connaît parfaitement le stress et les incertitudes liées à ces grands rendez-vous. Il est capable d’anticiper les émotions et de répondre aux préoccupations des joueurs. Après la défaite face au Luxembourg, seul un coach de niveau mondial pouvait encore qualifier la Suisse.

Y.D.: Ottmar Hitzfeld possède véritablement une culture de la gagne. L’expérience qu’il a accumulée tout au long de sa carrière sera extrêmement utile en Afrique du Sud. Après une baffe aussi mémorable que celle reçue contre le Luxembourg, il a réussi à remobiliser ses joueurs et à puiser le meilleur de chacun d’entre eux pour aller l’emporter en Grèce. C’est véritablement là qu’on réalise l’importance d’un tel entraîneur. Je pense qu’il sera aussi capable de nous amener un petit plus à la Coupe du monde.

swissinfo.ch: La Suisse pourrait-t-elle s’inspirer de la sélection nationale des moins de 17 ans, qui a été sacrée championne du monde en présentant un jeu attrayant et porté sur l’offensive?

C.R.: Ce n’est pas le même football. Ces jeunes sont certes très talentueux mais ils n’ont pas à faire face au stress, à la pression et à l’énergie que réclame le plus haut niveau. Le jour où l’équipe A jouera de cette manière, on sera champions du monde. Mais le chemin est encore long.

Y.D.: Je me méfie beaucoup de cette comparaison. Le football pratiqué chez les jeunes est en effet extrêmement différent. Tout peut aller très vite d’un but à l’autre. Je déplore par ailleurs les critiques et les sifflets entendus après le dernier match qualificatif de la Suisse contre Israël. Il fallait allait chercher ce match nul pour obtenir la qualification directe. A un moment donné, il faut faire un choix entre la beauté du jeu et l’efficacité. La Suisse disputera sa quatrième phase finale d’affilée d’une grande compétition. Pour un petit pays comme le nôtre, c’est simplement exceptionnel, ne l’oublions jamais!

Samuel Jaberg, swissinfo.ch

GROUPE H
1.Espagne
2.Suisse
3.Honduras
4.Chili

GROUPE A
1.Afrique du Sud
2.Mexique
3.Uruguay
4.France

GROUPE B
1.Argentine
2.Nigeria
3.Corée du Sud
4.Grèce

GROUPE C
1.Angleterre
2.Etats-Unis
3.Algérie
4.Slovénie

GROUPE D
1.Allemagne
2.Australie
3.Serbie
4.Ghana

GROUPE E
1.Pays-Bas
2.Danemark
3.Japon
4.Cameroun

GROUPE F
1.Italie
2.Paraguay
3.Nouvelle-Zélande
4.Slovaquie

GROUPE G
1.Brésil
2.Corée du Nord
3.Côte d’Ivoire
4.Portugal

Mercredi 16 juin
à Durban (16h00),
Espagne – Suisse

Lundi 21 juin
à Port Elizabeth (16h00), Chili – Suisse

Vendredi 25 juin
à Bloemfontein (20h30), Suisse – Honduras

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