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Monsieur Athènes 2004 est un avocat suisse

Denis Oswald, un Neuchâtelois aux casquettes multiples. swissinfo.ch

Il y a sept ans, la ville grecque a été désignée comme organisatrice des Jeux olympiques d’été 2004. Depuis, la principale question est de savoir si tout sera prêt à temps.

Le Neuchâtelois Denis Oswald est l’actuel président de la Commission de Coordination du CIO. Bien que confiant, il ne dort pas très bien.

«Je n’ai jamais très bien dormi», prévient d’entrée de jeu Denis Oswald. Et les motifs de ses insomnies sont multiples. Ainsi, plusieurs fois, les médias du monde entier se sont fait l’écho du retard et des difficultés que connaissait Athènes dans l’organisation des futurs Jeux olympiques d’été.

Stades et lieux de compétitions inachevés, principales voies d’accès pas terminées, grèves sur différents chantiers, ou encore récupération des Jeux olympiques comme thème électoral… «La candidature d’Athènes est l’une des plus difficile», reconnaît le Neuchâtelois.

Président de la Fédération Internationale des Sociétés d’Aviron (FISA) depuis 1989 et membre du Comité international olympique (CIO) depuis 1991, l’avocat de 57 ans est également l’actuel président de la Commission de Coordination du CIO.

Déjà membre de cette Commission, il en a repris les rênes en été 2001, au moment où Jacques Rogge, qui occupait alors ce poste, a succédé à Juan Antonio Samaranch à la présidence du CIO.

«Ma nomination a été la première décision du nouveau président, explique Denis Oswald. C’était trois jours après sa nomination à Moscou. Lorsqu’il m’a demandé de prendre sa place, j’ai tout d’abord exigé deux jours de réflexion, car j’avais peur de ne pas avoir assez de disponibilité. Mais après deux minutes de cogitation… j’ai dit oui!»

Athlète, fonctionnaire et avocat

C’est que cette charge – qu’il occupe à titre bénévole – vient s’ajouter à celles qu’il occupe déjà: avocat au barreau neuchâtelois, juge au tribunal arbitral du sport (TAS), conseiller juridique, directeur du Centre International d’étude du sport (CIES), chargé de cours à l’Université de Neuchâtel.

Mais dans son étude, située au septième étage d’une tour dominant le lac de Neuchâtel, c’est le sport qui est mis en avant: tout rappelle sa carrière d’athlète et de membre du CIO.

Du vélo d’appartement, caché sur le balcon, aux piles de lettre arborant en en-tête les cinq cercles de l’olympisme, en passant par un vitrail illustrant des rameurs suisses, des modèles réduits d’avirons, ou un porte-flamme olympique posé à même l’épais tapis qui recouvre le sol de son bureau.

Cartons jaunes pour la Grèce

Le joyeux désordre ambiant témoigne de ses incessants voyages en Grèce: plus de 25. Avec, tous les six mois, un grand rendez-vous d’évaluation. Le dernier, début mai, a enfin donné des résultats probants.

Symbole de l’avancée du chantier, le stade olympique pouvant accueillir 55’000 personnes a enfin son toit.

Mais auparavant, la lenteur des travaux avait fini par rendre Denis Oswald très anxieux, voire menaçant. Directement, ou par voie de presse, il a dû brandir quelques cartons jaunes.

«Avec les membres de la Commission, nous avons toujours été en contact avec l’ancien et le nouveau gouvernement grec, explique-t-il. Nous avons parfois dû élever le ton pour leur faire comprendre que l’image du pays était en jeu.»

«Mais il a toujours fallu rester diplomate pour ne pas démotiver les responsables en place. Au final, les Grecs ont réalisé en quatre ans ce qui leur en aurait pris sept.»

La sécurité, un thème depuis Munich

Un sujet d’inquiétude subsistera toutefois jusqu’à la fin de la cérémonie de clôture: la sécurité et les risques d’attentats.

«Pour le CIO, la sécurité est bien sûr la première des priorités», affirme Denis Oswald. Présent en 1972 au JO de Munich en tant que rameur, le Neuchâtelois a vécu de près l’attentat perpétré par un commando palestinien contre des athlètes israéliens.

«Après cet épisode, les Jeux étaient terminés pour moi, se souvient-il. Et un attentat sérieux serait à coup sûr la fin des Jeux d’Athènes. De fait, jamais la sécurité n’a été à ce point un sujet d’actualité.»

Quelque 70’000 soldats en uniforme, dont des représentants de l’OTAN, sont engagés dans le processus. Et au total, les coûts de la surveillance (terrestre, maritime, aérienne) se montent à un milliard d’euros.

Pour Denis Oswald, les insomnies ne sont donc pas encore tout à fait terminées.

swissinfo, Philippe Kropf et Mathias Froidevaux à Neuchâtel

Les 28es Jeux olympiques se dérouleront du 13 au 29 août 2004 à Athènes.
Les épreuves de 28 disciplines différentes se dérouleront sur 38 lieux de compétition.
70’000 policiers et soldats – dont ceux de l’OTAN – assureront la sécurité des athlètes (10’500), des journalistes (21’5000), et des fonctionnaires (5500).

– Le Neuchâtelois Denis Oswald préside la Commission de Coordination du CIO pour les Jeux d’Athènes 2001.

– Ancien athlète (aviron), Denis Oswald a participé trois fois aux JO: Mexico 1968 (bronze, quatre rameurs en pointe avec barreur), Munich 1972 et Montréal en 1976.

– Il est avocat, juge au Tribunal arbitral du sport, directeur du Centre International d’étude du sport et chargé de cours à l’Université de Neuchâtel.

– Président de la Fédération suisse d’aviron et de la Fédération Internationale des Sociétés d’Aviron, il siège au CIO depuis 1989.

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