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Nouveau sursis pour les minorités du Kosovo

Les minorités de la province, Roms serbophones ou albanophones, Bosniaques ou Serbes, sont aujourd’hui les cibles d’une véritable contre-épuration ethnique. Keystone

Heureux hasard du calendrier: le jour où l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR) demande un sursis pour les représentants des minorités ethniques du Kosovo, l'Office fédéral des réfugiés (ODR) annonce son intention de garder provisoirement 2500 non-Albanais, qui risqueraient gros à rentrer chez eux.

C’est la triste logique de la victime qui se fait bourreau. Deux ans après la fin des hostilités, ne pas être Albanais au Kosovo peut signifier des risques majeurs. Qu’elles soient Roms serbophones ou albanophones, Bosniaques ou bien sûr Serbes, les minorités de la province – qui fait pourtant encore théoriquement partie de la Fédération yougoslave – sont aujourd’hui les cibles d’une véritable contre-épuration ethnique.

Pour s’en convaincre, l’OSAR vient de dépêcher sur place Rahel Bösch, son expert pour les Balkans. Tel qu’elle l’a brossé lundi devant la presse, le tableau est, hélas, des plus sombres. En une année, la situation des minorités s’est encore dégradée. Menaces, attaques et expulsions se poursuivent et la crise en Macédoine voisine ne fait rien pour calmer les tensions.

En conséquence, l’OSAR estime que ceux parmi ces gens qui ont trouvé refuge en Suisse ont encore besoin de protection et ne sauraient être renvoyés. L’année dernière, les services Ruth Metzler avaient décidé de prolonger leur admission provisoire jusqu’au 31 mai 2001. Et il y a moins de 15 jours, la ministre de la Justice décidait d’un nouveau sursis, à réexaminer à l’automne.

Mme Metzler voulait en faire publiquement l’annonce jeudi seulement, après avoir averti personnellement les responsables cantonaux, chargés de l’exécution de la politique d’asile. Mais la conférence de presse de l’OSAR a obligé l’Office fédéral des réfugiés à sortir du bois avec trois jours d’avance.

Qui plus est, cette nouvelle admission provisoire se fait sur une base individuelle, ce qui va permettre d’examiner chaque situation au cas par cas. C’est précisément ce que demandait l’OSAR, qui estime – avec le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés – que nombre de ces personnes remplissent les conditions pour obtenir un statut définitif de réfugié.

Alors, OSAR et ODR sur la même longueur d’ondes? Pas tout à fait quand même. Si la première salue la décision du second, les défenseurs du droit d’asile sont tout de même inquiets.

L’ODR en effet se réserve le droit de renvoyer des personnes «qui pourraient l’être dans des conditions de sécurité satisfaisantes». Or pour Alberto Achermann, secrétaire central de l’OSAR, il n’y a simplement pas de sécurité possible en ce moment au Kosovo pour qui n’est pas Albanais.

Marc-André Miserez

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