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Policiers bâlois sur la sellette

Une affaire qualifiée de "très grave" par le chef de la police bâloise, le conseiller d'Etat Jörg Schild. Keystone Archive

Les trois policiers bâlois impliqués dans la mort d'un voleur de voiture jeudi sur territoire français ne travailleront plus sur le terrain jusqu'à nouvel ordre. Bavure ou tragique accident? La justice française se prononcera. Une affaire qui ramène à la criminalité et à la coopération policière transfrontalières.

Encore sous le choc, le conseiller d’Etat Jörg Schild, chef du Département bâlois de la police estime que «cette affaire est très grave, indépendamment des responsabilités». Et il confirme que les trois gendarmes ont été mis en congé jusqu’à la fin de la semaine.

Deux d’entre eux – le troisième n’a pas dégainé – ont tiré 18 coups de feu sur le voleur de voiture qu’ils poursuivaient, alors qu’il avait déjà pénétré sur le territoire français. Le voleur qui, semble-t-il, ne portait pas d’arme, a été tué.

Le Parquet de Mulhouse a ouvert une enquête contre les deux policiers pour «usage arbitraire de la violence ayant entraîné la mort». Un chef d’accusation qui prévoit une peine allant jusqu’à vingt ans de prison.

Nombreuses questions en suspens

Que s’est-il passé? Pourquoi dix-huit coups de feu? La police bâloise attend des réponses à ces questions. «Pour que nous puissions nous prononcer, précise à swissinfo le porte-parole de la police, Klaus Mannhart, il faut que le Parquet de Mulhouse nous transmette les documents de l’instruction. Ce qu’elle est pas tenue de faire par la loi.»

De même, le procureur de Bâle se fait un point d’honneur de ne pas entrer en contact le premier avec le Parquet de Mulhouse. «Afin, explique Markus Melzt, porte-parole du Ministère public bâlois, de préserver la neutralité de l’enquête.»

De son côté, le commandant de la police genevoise – qui connaît une situation comparable – est horrifié. Pour Christian Coquoz, «cette affaire résume le cauchemar du policier, qui doit prendre des décisions très rapidement et qui peut donc être amené à en supporter les conséquences toute sa vie».

Criminalité transfrontalière en hausse

Bavure ou escalade tragique, cette affaire en rappelle d’autres. Notamment à Lugano et à Genève, au début de l’année, où des poursuites et interpellations se sont mal terminées.

D’ailleurs, en décembre dernier déjà, un voleur de voiture avait été tué par une patrouille bâloise sur territoire français. Mais l’homme, tirant le premier, avait blessé un policier.

Christian Coquoz relève une augmentation de la criminalité transfrontalière. «Les criminels français qui viennent se servir en Suisse sont de plus en plus nombreux et déterminés, affirme le commandant de la police genevoise. C’est devenu une réalité depuis quatre ou cinq ans.»

Améliorer la coopération policière

Toujours selon Christian Coquoz, «au-delà de son aspect tragique, cette affaire pose deux questions capitales: l’intervention transfrontalière et le recours aux armes de service.

Entré en vigueur en septembre 2000, l’accord de coopération policière avec la France et l’Italie prévoit un droit de poursuite sur territoire étranger. Mais, en aucun cas, elle autorise un droit d’intervention (Art.8). En outre, «si les agents poursuivants peuvent emporter leur arme de service, son utilisation est interdite sauf en cas de légitime défense».

Voilà qui est clair. Mais ces accords prévoient également la création d’une coopération entre polices. C’est déjà le cas à Bâle, où un adjudant de la gendarmerie française travaille dans les locaux de la police bâloise (et inversement). Et, à Genève, un commissariat franco-suisse doit ouvrir ses portes en décembre.

De quoi limiter les couacs des polices frontalières mais assurément pas le stress des policiers.

Isabelle Eichenberger

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