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Profil bas chez les Américains de Suisse

Les organisateurs affirment que la fête n’a aucun caractère politique. Keystone Archive

Depuis des décennies, Genève accueille la plus grande célébration du jour de l'indépendance américaine, hors des Etats-Unis.

Cette année, l’hostilité suscitée dans le monde par l’administration Bush dissuade nombre d’Américains de l’étranger d’afficher leur fierté patriotique.

«En 1967 à Paris, je me suis fait cracher au visage, à cause de la guerre du Vietnam», se rappelle Daniel Warner, l’un des membres les plus connus de la communauté américaine de Genève.

«Aujourd’hui, poursuit le responsable des relations extérieures de l’Institut des hautes études internationales, les sentiments anti-américains s’expriment moins violemment. Mais ils sont plus profonds».

«On parle de valeurs divergentes entre l’Europe et les Etats-Unis. C’est la première fois depuis que je vis en Europe que j’observe un tel fossé», souligne encore Daniel Warner.

Un nombreux public attendu

Pour autant, le Club américain de Genève attend plus de 30’000 personnes, le 4 juillet, pour le jour de l’indépendance américaine. Une célébration fastueuse que le club organise depuis les années 50.

«Cette fête qui attire un public de toute nationalité n’a aucun caractère politique», souligne Pierre Imfeld, président du comité d’organisation de la manifestation.

«Nous avons également écarté, poursuit l’organisateur, toute promotion agressive de produits commerciaux. C’est une fête populaire, gratuite et ouverte à tous».

Mais la fête, qui a attiré jusqu’à 50’000 personnes dans le passé, pourrait tout de même souffrir, cette fois, d’une certaine désaffection.

«J’ai de la peine à convaincre mes amis européens de participer au 4 juillet», témoigne Jennifer Wallace, une étudiante américaine.

Une peur diffuse

Daniel Warner, lui, estime qu’un certain nombre de personne pourrait bien s’abstenir de participer pour des raisons de sécurité.

De fait, depuis deux ans, une poignée de contestataire ont manifesté contre la politique américaine, lors de la célébration genevoise.

Mais le comité d’organisation de la fête n’a reçu aucune nouvelle portant sur des menaces plus sérieuses.

Quoi qu’il en soit, la communauté américaine de Genève, constituée d’homme d’affaires et de fonctionnaires internationaux, a adopté un profil bas.

Et ce, depuis les préparatifs de l’offensive anglo-américaine contre l’Irak.

«Beaucoup d’Américains vivant dans la région votent pour le parti républicain. Mais aucun d’entre eux n’a osé défendre publiquement l’offensive militaire contre l’Irak», souligne Daniel Warner.

Une administration mainte fois critiquée

La Suisse, à l’instar de nombreux pays, a en effet connu d’importantes manifestations anti-guerre.

L’administration du président George W. Bush a également été copieusement brocardée, lors des manifestations contre le sommet du G8 d’Evian qui se sont déroulées à Genève et Lausanne.

Ces critiques ont également été proférées par certains responsables de la ville de Genève. La municipalité a également fait hisser en de nombreux points de la ville le drapeau multicolore de la paix, symbole des opposants à la guerre en Irak.

Suite à ces événements, le président de la Confédération, Pascal Couchepin, a d’ailleurs affirmé à la Télévision suisse romande avoir reçu des appels inquiets de sociétés américaines basées à Genève.

Un sentiment d’abandon

Pour autant, Daniel Warner ne pense pas que les compagnies américaines installées en Suisse songent à déménager.

Daniel Warner souligne par contre une autre inquiétude des Américains de l’étranger.

«Nous ne sommes plus représentés à Washington, souligne Daniel Warner, de plus, l’administration Bush semble ignorer le point de vue des Américains de l’étranger».

swissinfo, Anna Nelson et Frédéric Burnand, Genève

Quatre millions d’Américain vivent hors des Etats-Unis, dont 2,7 millions en Europe.
Environ 8’000 citoyens américains vivent et travaillent dans la région genevoise.
La plupart d’entre eux travaillent dans le secteur bancaire ou pour les organisations internationales basées à Genève.
Genève célèbre depuis 1952 le jour de l’indépendance américaine.

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