Serein, Roger Federer s’attaque à l’US Open

Comme l'an dernier, Roger Federer espère briller à New York. Keystone

Après six semaines de pause, le Bâlois a renoué avec la compétition et la victoire à Cincinnati. Il aborde avec sérénité le dernier tournoi majeur de l'année.

Son préparateur physique, Pierre Paganini, a suivi Roger Federer durant cette période de repos forcé. Il en souligne les aspects positifs dans une interview à swissinfo.

Le 21 juillet dernier, après son troisième sacre consécutif dans son jardin de Wimbledon, Roger Federer annonçait son forfait pour le tournoi de Montréal afin de soigner une blessure à un pied.

Après six semaines de repos, le Bâlois vient de signer un retour gagnant dans l’Ohio. Car s’il a connu quelques difficultés lors de ses premiers matches, le numéro un mondial a retrouvé toutes ses sensations pour finir par s’imposer en finale du tournoi de Cincinnati.

Le Suisse fait donc logiquement office de favori à sa propre succession, dès lundi, sur les courts de Flushing Meadows à New York dans le cadre de l’US Open.

S’il devait remporter le dernier tournoi du Grand Chelem de l’année, Roger Federer aurait pratiquement l’assurance de conserver sa place de numéro un mondial jusqu’à la fin 2005.

Selon son préparateur physique, Pierre Paganini, le «break» que le Bâlois s’est octroyé pour soigner sa blessure au pied lui permet d’envisager sereinement la suite de la saison. Interview.

swissinfo: Dans quel état d’esprit Roger Federer aborde-t-il l’US Open?

Pierre Paganini: C’est une question à laquelle il m’est difficile de répondre puisque Roger est le seul à connaître la réponse. Ce que je peux dire par contre c’est qu’il a d’une part la modestie nécessaire pour respecter ses adversaires et prendre aux sérieux les premiers tours de cette compétition et que d’autre part il a confiance en ses moyens. Il sait qu’il peut réaliser de grandes choses.

swissinfo: Sa blessure au pied n’est donc définitivement plus qu’un mauvais souvenir?

P.P.: Le pied va bien. Il s’agissait d’une inflammation mais elle était sous contrôle. Roger Federer n’était pas dans le rouge mais il fallait obligatoirement s’arrêter pour des raisons de prévention. Il vaut mieux faire une pause un peu plus vite que trop tard.

Chaque joueur a des zones du corps où une surcharge se manifeste. Le tennis est un sport très exigeant. Et comme Roger est souvent sur l’avant du pied au niveau de ses appuis et de son jeu de jambe, c’est donc là que les énergies se concentrent en ce qui le concerne.

swissinfo: Comment a-t-il géré ces six semaines de pause forcée?

P.P. : Entre la fin du mois de juillet et son départ pour Cincinnati où il a gagné le tournoi, «Rodj» a tout d’abord pris des vacances. Nous avons ensuite planifié ensemble différents blocs d’entraînement.

Dans un premier temps, nous avons travaillé au niveau physique en faisant attention à ne pas faire peser de charges sur son pied. Après une petite pause, nous avons intégré son jeu de jambe dans le concept d’entraînement.

Enfin, la dernière partie du travail étant avant tout tennistique, son entraîneur Tony Roche l’a rejoint. Cette pause en milieu de saison nous a permis de faire à nouveau un véritable travail de fonds et de remise à niveau.

swissinfo: A l’image de Roger Federer, le Russe Marat Safin et l’Espagnol Rafael Nadal connaissent aussi des problèmes physiques. Est-ce qu’une «pause d’été» va de plus en plus être utilisée par les joueurs?

P.P.: C’est très important de savoir arrêter de jouer avant de trop souffrir. Roger est le premier à avoir pleinement pris conscience de la chose. Une de ses nombreuses qualités est de comprendre très vite les données des problèmes. Il sait que jouer au tennis c’est aussi savoir se ménager du temps de récupération.

En matière d’effort et de repos, il faut prendre le temps de rester un moment au creux de la vague pour ensuite pouvoir surfer au sommet. Le tennis est un sport où il faut savoir se construire sa propre «périodisation» et répartir les efforts en conséquence sur l’année.

Dans les faits, la récupération est une phase active de l’entraînement. Roger Federer en a conscience. Il se connaît sur le bout des doigts, il sait ce qui est bon ou non pour lui. Son autogestion est parfaite. C’est, à mon avis, une preuve supplémentaire qu’il est mentalement très fort. Il faut vraiment oser s’arrêter.

swissinfo: Mais après une pause il n’est normalement ce n’est tout de même pas si évident de revenir immédiatement au top après un arrêt de plusieurs semaines?

P.P.: Non car l’athlète doit retrouver ses repères. Roger a ceci de particulier qu’il sait en toute circonstance se remettre dans la peau d’un challenger. C’est un état d’esprit qui l’aide énormément. Il en a fait la preuve à Cincinnati.

swissinfo: Est-ce que Roger Federer est aujourd’hui plus fort physiquement que par le passé?

P.P. : Il y a incontestablement eu une progression. Entre vingt et vingt-quatre ans il a énormément progressé. Mais cela ne s’est pas fait tout seul et il faut saluer son abnégation au travail et les efforts qu’il consent à chaque fois pour refaire un travail de fond au niveau physique.

Reste qu’il est impossible pour un joueur d’être toujours au point. Dans les moments plus difficiles, la force d’un joueur réside également dans ses qualités mentales et tennistiques.

Interview swissinfo, Raphael Donzel et Mathias Froidevaux

Faits

Six Suisses sont dans le tableau principal de l’US Open: Roger Federer, Stanislas Wawrinka, George Bastl et Michael Lammer chez les hommes, Patty Schnyder et Emmanuelle Gagliardi chez les dames.

Roger Federer a jusqu’ici remporté cinq titres dans des tournois du Grand Chelem (3 Wimbledon, 1 US Open et 1 Open d’Australie). Il n’a jamais gagné Roland Garros.

En bref

– Roger Federer défend dès lundi son titre à l’US Open. En Septembre dernier, le Bâlois avait remporté le dernier des quatre tournois du Grand Chelem de l’année (après l’Open d’Australie, Roland-Garros et Wimbledon) en battant en finale et en trois sets l’Australien Lleyton Hewitt.

– Après sa troisième victoire consécutive Wimbledon, Roger Federer avait dû effectuer une pause de six semaines pour soigner une blessure à un pied. Il a effectué son retour à la compétition dans l’Ohio où il a remporté le tournoi de Cincinnati.