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Servette ébranlé par une très grave crise

Malgré le Français Karembeu (à g.), le club genevois peine sur le terrain aussi. Keystone

Salaires impayés, dettes non soldées, mauvais résultats sportifs et révélations quotidiennes: rien ne va plus au Servette FC

Tous les regards sont tournés vers l’Espagnol Lorenzo Sanz, actionnaire principal du club genevois.

Doux euphémisme que de parler de crise au Servette FC. A chaque semaine son lot de rumeurs, de révélations et d’incertitudes sportives, administratives et, surtout, financières, qui secouent toujours plus le prestigieux club grenat.

Depuis la prise de pouvoir par Marc Roger en février 2004, la sérénité n’est jamais revenue au stade de la Praille. Et ces derniers jours, la tournure prise par les événements s’avère toujours plus inquiétante. Salaires impayés, dettes non soldées, mises en poursuites, révélations des médias: le ballon tourne toujours moins rond au bout du lac.

Un voile opaque entoure le microcosme servettien. Où de l’extérieur, la plupart des observateurs s’interrogent sur l’avenir de la noble institution, visiblement menacée.

«Nous sommes avant tout victimes de manœuvres de déstabilisation», ne cesse de clamer le patron Marc Roger, ancien agent de joueurs qui avait repris les commandes du pouvoir quelques heures avant que Servette ne soit déclaré en faillite en février dernier.

De la peine à convaincre

Aujourd’hui, Marc Roger a toujours plus de peine à convaincre. En conflit ouvert avec la Fondation du Stade de Genève, en panne de résultats sportifs, le Français doit faire face à une situation de crise aiguë.

Ses joueurs et ses employés n’ont toujours pas reçu leur salaire d’octobre. Pourtant promis chaque jour, sans résultat concret. Le bailleur de fonds, Lorenzo Sanz, se fait toujours plus attendre. Sans raison apparente. En faisant perdre jour après jour sa crédibilité au club dont il est le principal actionnaire.

Ancien président du Real Madrid, Lorenzo Sanz, dont la fortune personnelle est estimée à plus de 2,5 millions d’euros, est l’homme qui tire les ficelles. Celui qui a pour l’essentiel gommé les dettes de Servette lors de son rachat, pour un montant estimé à quelque 10 millions de francs.

Selon Marc Roger, son club a de surcroît déjà perdu au moins 5 millions de francs en raison du début de saison catastrophique.

«La situation va s’améliorer, promet Marc Roger. D’abord, nous avons entière confiance en Lorenzo Sanz, qui ne manquera pas de régler ce qu’il a promis. Ensuite parce que nous sommes sur le point de trouver de nouveaux partenaires et d’ouvrir une partie du capital au public.» A nouveau des promesses qui, pour l’instant, ne sont pas tenues. Combien de temps encore Servette pourra-t-il se permettre de jongler avec les mots?

Des actes sont attendus

Désormais, ce sont des actes qui sont attendus. Dans une récente interview accordée au quotidien Le Temps, Lorenzo Sanz laissait entendre qu’il songeait éventuellement à se retirer et qu’il n’était pas tenu au courant de l’évolution à Genève. Des propos qui ont été démentis par le principal intéressé, qui a confirmé vouloir «continuer à collaborer avec Servette, selon les engagements qu’il a pris auprès de Marc Roger.»

Toujours selon Le Temps, Servette ferait l’objet de poursuites officielles pour un montant dépassant les 2 millions de francs. «Faux, rétorque Marc Roger. Nous devons moins d’un million. Les choses avancent. Nous n’avons jamais nié ces dettes, mais plusieurs d’entre elles ont été réglées entre temps.»

Le richissime Madrilène avait annoncé et confirmé sa visite à Genève pour dimanche dernier, après avoir versé les salaires en retard et pour rassurer les troupes. Mais Lorenzo Sanz a annulé au dernier moment sa venue. Et à ce jour, les joueurs attendent toujours leurs salaires. La grogne règne dans les vestiaires et le personnel du club menace de faire la grève s’il n’est pas payé.

Même si les salaires en retard étaient réglés cette semaine, les nuages continueraient de planer dans le ciel grenat. Quelles sont donc les perspectives d’avenir?

swissinfo, Jonathan Hirsch

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