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Tennis: Brennwald, l’autre Roger de Bâle

Roger Brennwald est le patron des Swiss Indoors de Bâle depuis 38 ans. Keystone

Aux Swiss Indoors de Bâle, qui se terminent ce dimanche, la star incontestée se nomme Roger Federer. Mais dans l'ombre du champion, c'est un autre Roger qui tire les ficelles. Parti de rien, Roger Brennwald a propulsé son tournoi dans les hautes sphères du tennis mondial. Portrait.

Roger Brennwald, c’est un peu le Nicolas Hayek de l’événementiel sportif en Suisse. Un véritable entrepreneur, comme le patron de Swatch Group, qui a réussi son pari: faire du tournoi de Bâle le plus grand rendez-vous sportif de Suisse.

Fier de son parcours, l’homme aime raconter son aventure. Lancé par un crédit de 40’000 francs destiné à construire la première halle gonflable de Suisse alors qu’il avait à peine 23 ans, Roger Brennwald est, 38 ans plus tard, à la tête d’une manifestation qui pèse 16 millions de francs de budget.

«J’ai créé tout cela pas à pas, avec le soutien d’une équipe de près de 1000 personnes», tient-il à préciser.

Dans les travées de la Halle St-Jacques, tout le monde est admiratif à l’évocation du parcours de ce gars du coin qui, grâce à sa passion du sport et à son sens des affaires, a réussi à faire connaître sa ville natale par-delà les frontières.

Pour Dieter, préposé au service des bières-pression dans un des nombreux bars du stade, Roger Brennwald est le symbole même de la réussite. «Avec presque rien, il a réalisé quelque chose d’énorme et de très professionnel.»

Un deal est un deal

Le secret de Roger Brennwald? «Le sérieux et la fiabilité. J’ai longtemps été agent de change à la Banque des règlements internationaux. Pour moi, un deal est un deal. Je vous défie de trouver un joueur ou n’importe quelle autre personne qui puisse vous dire que je n’ai pas tenu un engagement.»

Les précieuses relations entretenues depuis près de 40 ans dans le monde du tennis ainsi que sa maîtrise de plusieurs langues ont contribué au succès de Roger Brennwald et de son tournoi.

«Ses nombreux contacts sont la clef de sa réussite, estime Peter, attelé à servir des chaussons aux pommes aux visiteurs qui arpentent les couloirs de la Halle St-Jacques. Et pas seulement avec les grands de ce monde. Chaque année, il vient rendre visite à notre club de tennis. Sa disponibilité est très appréciée.»

Avec 38 ans d’expérience accumulés sur le terrain, Roger Brennwald est également devenu un as de la communication. Sourire aux lèvres et bonhomie joviale qui tranche avec l’ambiance guindée et la décoration tape-à-l’œil des espaces VIP, le patron est fier de présenter au visiteur toutes les nouveautés de son tournoi. «Regardez le nouveau ‘lounge’ de notre sponsor, il est magnifique, non?» , lance-t-il le regard espiègle.

Roger et Roger

Outre ce sens de la communication hors pair, Roger Brennwald est souvent décrit comme un homme minutieux, qui prend des décisions réfléchies tout en ne perdant jamais de vue ses objectifs. Des qualités attribuées également au plus grand champion bâlois de tous les temps, à savoir Roger Federer. Et ce n’est peut-être pas un hasard.

Les deux hommes ont uni leur destin bien avant que Federer ne devienne un grand champion. «Lorsqu’il avait 12 ans, Roger était ramasseur de balles aux Swiss Indoors et venait déjà taper des balles sur mes courts de tennis. Ses parents sont venus me demander des conseils pour savoir comment gérer la carrière de leur champion en herbe», se rappelle Brennwald.

Quelques années plus tard, Roger Federer est une icône qui assure à lui tout seul le succès des Swiss Indoors. «Quand j’y repense, cette aventure me paraît incroyable. Ce jeune homme de 12 ans est devenu l’immense champion qui m’a fait vivre mes plus beaux moments à la tête du tournoi.»

Pire que le crash boursier

Même s’il est conscient des défis qui l’attendent, Roger Brennwald ne craint pas l’après-Federer. Avant lui, les John McEnroe, Pete Sampras ou Boris Becker avaient déjà posé leurs valises sur les bords du Rhin. Il n’y a pas de raison que ça change dans le futur, d’autant plus que les Swiss Indoors auront dès 2009 une place privilégiée dans le calendrier de l’ATP, s’assurant ainsi la présence de nombreuses vedettes.

Roger Brennwald a toutefois appris à relativiser les succès et les désillusions inhérents à l’organisation d’une telle manifestation. Le décès de sa femme, il y a 10 ans, lui a fait prendre conscience des choses essentielles de l’existence.

Alors, quand on lui demande ce qu’il attend de ces prochaines années, il répond tout simplement «rester en bonne santé.» Avant bien sûr de développer son discours rôdé sur la nécessité de maintenir les bonnes relations avec les différents partenaires pour assurer la pérennité de la manifestation.

Pour de nombreux bâlois, les Swiss Indoors et par conséquent Roger Brennwald font un peu partie de leur vie et ils espèrent qu’il en sera longtemps ainsi. «Si le tournoi devait disparaître, ça serait pire que le crash boursier», affirme Peter, avant de se tourner vers ses collègues et de poursuivre: «J’exagère peut-être un peu, mais il faut qu’on donne une bonne image du tournoi dans la presse!» Apparemment, la méthode Brennwald a fait école loin à la ronde du côté de Bâle.

swissinfo, Samuel Jaberg à Bâle

Roger Brennwald est à 23 ans un jeune homme déjà ambitieux. Agent de change à la Banque des règlements internationaux à Bâle, il aime pratiquer le sport, et notamment le tennis, comme exutoire à son activité stressante.

Déçu de ne pas pouvoir s’entrainer en hiver, faute d’avoir un terrain couvert à disposition, il décide de construire la première halle gonflable de Suisse grâce à un crédit de 40’000 francs.

En 1970, il organise la première édition des Swiss Indoors. Quelques bons joueurs de la région se disputent une montre-bracelet d’une valeur de 200 francs. Aujourd’hui, les primes versées aux participants atteignent 850’000 euros.

En 1977, Björn Borg participe au tournoi de Bâle, ce qui contribuera à la popularisation du tennis en Suisse. Durant 40 ans, les plus grandes vedettes du tennis se déplaceront à Bâle.

En 1983, Roger Brennwald est le premier en Suisse à aménager des loges dans le cadre d’une compétition sportive. Trois ans plus tard, il crée un «village du tennis». Pour la première fois, des entreprises et des sponsors peuvent louer des «lounges» en vue d’y inviter leurs clients.

En 2007, le tournoi obtient le label «ATP 500», ce qui lui permettra dès l’an prochain de faire partie des 19 événements tennistiques majeurs de la planète.

Roger Brennwald a été nommé à plusieurs reprises «Bâlois de l’année». Entre 1997 et 2008, les Swiss Indoors ont été distingués trois fois par l’ATP pour la qualité de l’organisation, des infrastructures et du marketing.

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