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Toujours plus de criminalité économique

La falsification des bilans, un exemple de fraude parmi d'autres. imagepoint

La criminalité économique progresse. Selon une étude, 37% des sociétés suisses ont subi des fraudes depuis 2003, contre 24% pour la période 2001/2003.

Dans son enquête, la société de conseil PricewaterhouseCoopers met en évidence qu’en Suisse, la majorité des auteurs de crimes économiques sont des cadres supérieurs.

Tant dans le monde qu’en Suisse, la criminalité en col blanc représente une menace significative, qui affiche un développement constant, a relevé mardi à Zurich John Wilkinson. «De plus, avance le partenaire de PricewaterhouseCoopers (PwC), les entreprises ne nous ont pas tout dit et ne savent pas tout».

Dans le cadre de son étude, menée pour la troisième fois, le cabinet de conseil a interrogé des responsables de 3634 entreprises, dont 125 en Suisse.

Si le nombre des sociétés helvétiques victimes de délits économiques a affiché une hausse au cours des deux dernières années, il n’en reste pas moins que ce pourcentage demeure inférieur à celui de l’Europe occidentale (42%) et de l’ensemble de la planète (45%).

Selon les secteurs d’activité, les sociétés actives dans le commerce de détail et de gros sont désormais les plus visées, 60% d’entre elles ayant rapporté des cas de fraudes (59% en Suisse). Ces compagnies ne manquent pas d’attrait pour les criminels, vu la possibilité d’accès à de grandes quantités de biens corporels.

«En Suisse, nous avons une culture de la confidentialité et il y a une sorte de croyance partagée que les Suisses ne commettent pas de fraude», explique pour sa part Rolf Schatzmann à swissinfo. Partenaire de PwC responsable des Forensic Services, ce dernier rajoute que «la réalité montre tout autre chose».

Criminalité des cadres

Le secteur financier arrive au second rang des victimes des criminels en col blanc, avec un taux de 50% (48% en Suisse). Historiquement, la branche s’est montrée davantage consciente de la menace que pose la criminalité économique. D’autant plus que ses activités sont très fortement régulées.

Les auteurs de l’étude ont fait part de leur surprise en ce qui concerne le niveau hiérarchique des auteurs de ces actes délictueux en Suisse. Dans 53% des cas, il s’agit de cadres supérieurs, alors qu’à l’échelle globale et européenne, ce taux ne se situe qu’à respectivement 24 et 26%.

De par leur position même, les dirigeants sont mieux placés pour user de leur autorité et contourner les contrôles destinés à se prémunir de la fraude. Selon PwC, les conseils d’administration doivent examiner de manière plus approfondie les activités des dirigeants.

Pour 32% des cas observés en Suisse (contre 27% en Europe occidentale et 31% dans le monde), les auteurs occupaient des fonctions de cadre moyen. Seuls 16% des délits ont été le fait d’employés subalternes (47% en Europe de l’Ouest et 46% à l’échelle planétaire).

Aucune sanction

Autre constat surprenant: la découverte de fraudes commises par la catégorie des cadres supérieurs n’entraîne aucune sanction pour leurs auteurs. Ainsi, dans 40% des cas, rien n’a été entrepris à leur encontre. Dans moins de la moitié des cas (45%), un licenciement a été prononcé ou des poursuites pénales engagées et dans 15% un avertissement lancé.

Il en allé tout autrement pour les cadres moyens et les employés de sociétés helvétiques pris la main dans le sac, puisque les premiers se sont vu signifier leur licenciement dans tous les cas et les seconds à hauteur de 83%. Pour ces deux catégories, des poursuites pénales ont été lancées dans 58 et 50% des cas, respectivement.

Côté dommages, les sociétés suisses victimes d’actes tels que des détournements de biens, des prétentions frauduleuses et des contrefaçons ont perdu en moyenne 2,6 millions de francs depuis 2003.

Les compagnies signalent aussi des dommages collatéraux, tels que les effets sur leur réputation, sur la perception de leurs marques et sur la motivation de leurs employés. En Suisse, parmi les principaux délits rapportés figurent dans 54% des cas des détournements de biens et dans 43% des escroqueries.

La plupart du temps, la découverte de ces délits relève du hasard. Ainsi, dans 36% des cas, des agissements délictueux ont été mis en lumière à la suite de renseignements internes. Seuls 16% des délits ont été découverts dans le cadre d’une révision interne.

swissinfo et les agences

37% des entreprises auditionnées dans l’enquête de PwC ont admis avoir été victimes de fraudes (24% en 2003). Ce chiffre reste inférieur à celui de l’Europe occidentale (42%) et de l’ensemble de la planète (45%).
66% des compagnies suisses pensent qu’elles ne seront pas victimes de fraudes économiques dans les 5 ans à venir (21% en sont persuadées au niveau mondial).
53% des fraudes commises en Suisse l’ont été par des cadres supérieurs.

– PricewaterhouseCoopers (PwC) – active dans plus de 140 pays dans le secteur du conseil d’entreprise et de révision comptable – a réalisé pour la troisième fois une étude sur le thème de la criminalité économique.

– Pour son enquête, le cabinet de conseils a interrogé 3634 entreprises dans le monde dont 125 en Suisse.

– Les sociétés suisses cibles d’actes de détournements de biens, de prétentions frauduleuses et de contrefaçons ont perdu en moyenne 2,6 millions de francs depuis 2003.

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