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Trafic de visas, les ambassadeurs aussi visés

Des cas de trafic illégal de visas ont eu lieu à l'ambassade de Suisse au Pérou. Keystone

Des têtes pourraient tomber dans la diplomatie suisse à la suite des affaires de corruption relatives à l'octroi de visas.

Les chefs de mission devront rendre des comptes s’il s’avère qu’ils ont failli à leur devoir de surveillance, assure le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Les collaborateurs des consulats qui ont délivré des visas en échange de pots-de-vin ne sont pas les seuls à devoir tirer les conséquences de cette affaire.

Selon Martin Dahinden, ces dernières pourraient également avoir des conséquences pour les ambassadeurs des représentations suisses concernées.

Dans une interview à la «SonntagsZeitung», le directeur des ressources et du réseau extérieur au Département fédéral des affaires étrangères affirme: «Nous n’hésiterons pas à prendre des mesures si l’enquête montre qu’un ambassadeur a failli à son devoir de surveillance».

«Si les diplomates jouissent de l’immunité dans le pays où ils sont en poste, poursuit-il dans le journal alémanique, cela n’est pas le cas en Suisse.»

Image de la Suisse ternie

Les services de Micheline Calmy-Rey et le Ministère public de la Confédération (MPC) ont confirmé le week-end dernier que des collaborateurs du DFAE s’étaient laissés corrompre dans quatre pays: le Pérou, la Russie, un Etat africain qui n’a pas été précisé et à Oman.

Cette dernière affaire, qui concerne un ex-consul honoraire de Suisse au Moyen-Orient, est dans les mains d’un juge fédéral. Des enquêtes sont encore en cours dans les trois autres cas.

«Des employés de la Confédération ont apparemment commis des délits. C’est très mauvais pour l’image de la Suisse à l’étranger», souligne encore Martin Dahinden. Les faits ont été décelés lors de contrôles internes menés par le DFAE et signalés au MPC, qui a ouvert des enquêtes.

Le directeur des ressources et du réseau extérieur du DFAE ne peut pas exclure que les enquêtes révèlent encore d’autres cas de corruption. Mais rien ne permet non plus d’affirmer que les quatre cas de corruption ne représentent que la pointe de l’iceberg.

Extension des contrôles

Le DFAE, qui avait étendu ses contrôles avant même l’éclatement de ces affaires, va prendre de nouvelles mesures pour lutter contre la corruption des personnes chargées de délivrer les visas.

Selon Martin Dahinden, l’inspectorat du DFAE devrait être épargné par les mesures d’économies de la Confédération. «Ça serait faux» de couper dans ce domaine, conclut-il.

A noter que l’affaire des visas et la corruption figureront parmi les thèmes de la prochaine conférence des ambassadeurs organisée en août prochain par le Département fédéral des affaires étrangères.

Des policiers spécialistes de la corruption seront également les invités de cette conférence, où l’accent sera mis notamment sur la responsabilité des chefs de mission.

swissinfo et les agences

Les enquêteurs supposent qu’au Pérou, certaines autorisations d’entrée en Suisse auraient coûté entre 300 et 1000 dollars alors que leur coût légal est de 42 dollars.
L’ancien consul honoraire d’Oman aurait vendu 120 Visas pour au total 150’000 francs suisses.
Un employé de l’ambassade de Suisse à Moscou aurait quant à lui octroyé illégalement près de 200 visas.
Chaque année, la Suisse délivre 500’000 visas. Et elle refuse environ 40’000 demandes de visas.

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