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Triomphe autrichien dans la Mecque du ski suisse

Keystone

L'Autrichien Benjamin Raich a remporté pour la 3e fois le slalom géant d'Adelboden. Malgré la relative contre-performance des athlètes locaux – Sandra Viletta, 4e, est le meilleur d'entre eux - l'ambiance a une nouvelle fois été extraordinaire dans l'Oberland bernois. Reportage.

En temps normal, il faut moins d’une heure pour rallier Berne à Adelboden en voiture. Mais lorsque la Coupe du monde fait halte dans les Alpes bernoises, la durée du trajet est multipliée par 2 ou par 3.

Cette année, la transhumance a pris des allures de jamais vu. Nombreux ont ainsi été les automobilistes contraints de suivre tout ou partie de la première manche sur leur autoradio. Car ils étaient plus de 25’000, un record, venus pour espérer fêter un nouveau succès suisse à domicile.

Ces deux dernières années, les épreuves d’Adelboden avaient en effet souri aux athlètes locaux. En 2007, Marc Berthod s’était imposé à la surprise générale lors du slalom dominical, mettant ainsi fin à une longue période de 3 ans sans victoire pour le ski suisse. L’année dernière, le triomphe avait été total avec un doublé Marc Berthod-Daniel Albrecht en slalom géant.

Viletta entretient l’espoir

Pour les personnes ayant réussi à rallier à temps l’aire d’arrivée pour le départ de la première manche, le plongeon dans le chaudron est immédiat. Des milliers de drapeaux suisses s’agitent frénétiquement à l’annonce le départ de Daniel Albrecht, premier Helvète à s’élancer avec son dossard n°4. Les vivas de la foule accompagnent le skieur valaisan tout au long du parcours diffusé sur écran géant. Lorsqu’il entre dans l’impressionnant dévers final, la frénésie s’empare du stade d’arrivée.

Pendant que Daniel Albrecht en finit avec sa course sur une piste de géant considérée comme la plus difficile au monde, la sono crache à plein tube une chanson populaire dont le refrain vante dans le dialecte bernois la beauté de la région («Ganz Oberland ist schön»). La furia retombe quelque peu lorsque le public prend conscience du chrono: 1 seconde et 78 centièmes de retard sur l’Autrichien Benjamin Raich, soit un écart quasiment impossible à rattraper lors de la 2e manche.

Le scénario se répète invariablement pour les quatre autres favoris Suisses, à savoir Didier Cuche, Carlo Janka, Marc Berthod et Didier Défago. Malgré la contre-performance d’ensemble, le public continuera d’encourager ses protégés avec la même ferveur durant toute la journée. Et la folle remontée du jeune skieur Grison Sandro Viletta, 25e de la première manche et qui termine finalement au pied du podium (4e), tiendra longtemps les spectateurs en haleine.

Une course très appréciée

Dans le stade d’arrivée, situé au milieu de chalets de vacances dans le bas de la station, de nombreuses délégations étrangères venues encourager leurs skieurs ont fait le déplacement. Parmi elles, la bruyante et impressionnante cohorte française installée sous l’écran de télévision géant ne passe pas inaperçue.

Un verre de vin rouge à la main, Frédéric, ancien entraîneur du skieur Cyprien Richard et qui fait cette année pour la 3e fois le voyage d’Adelboden, est aux anges: «C’est magique de voir tous ces drapeaux s’agiter dans l’aire d’arrivée. En France, on n’a jamais vu ça. Que ce soit à Morzine, d’où je viens, ou à Chamonix, quand on organise des courses de Coupe du monde, on est très loin de l’ambiance qui règne ici. Et pourtant, l’entrée est gratuite pour les spectateurs chez nous.»

Mieux que Kitzbühel

Cet engouement autour des courses d’Adelboden se répercute au-delà du continent européen. Kioko Hatakayama, journaliste pour l’agence de presse japonaise Kipo Press, explique: «Cela fait plus de 20 ans que je viens à Adelboden. L’ambiance est vraiment unique. Avec les épreuves de Wengen et de Kitzbühel (Autriche), ce sont les courses de Coupe du monde qui sont le plus suivies au Japon».

La mythique descente de la Streif, à Kitzbühel, attire chaque année près de 50’000 «pèlerins», ce qui lui a valu le surnom de Mecque du ski. «On parle tout le temps de Kitzbühel, mais moi je trouve que l’atmosphère est plus conviviale à Adelboden», affirme Kioko Hatakayama.

Un avis partagé par beaucoup, dont un journaliste autrichien désireux de garder l’anonymat. «L’ambiance ici est bon enfant et familiale. A Kitzbühel, les courses ressemblent plus à une beuverie à ciel ouvert, avec tous les désagréments qui vont avec. Il y a des dizaines de milliers de supporters qui n’ont pas d’hôtel et qui boivent toute la nuit pour passer le temps. Vous imaginez l’atmosphère…»

Le message d’Adolf Ogi

Adolf Ogi, ancien ministre des Sports, qui fait chaque année le court déplacement de Kandersteg, village situé dans la vallée parallèle, est évidemment un ardent défenseur de l’événement: «Adelboden organise chaque année des courses parfaites. Les responsables travaillent avec un cœur énorme et développent sans cesse des idées nouvelles. C’est très important pour le ski suisse, qui est toujours en compétition avec d’autres sports comme le hockey ou le football, de pouvoir accueillir des courses de Coupe du monde».

Et Adolf Ogi, qui fut également président de la Fédération suisse de ski avant d’accéder au gouvernement, tient à transmettre son message aux politiques. «Il faut que le ski suisse continue à être soutenu pour former les champions de l’avenir et ainsi assurer la pérennité de tels événements. Les politiciens se montrent volontiers durant les compétitions, mais lorsqu’ils sont assis au Parlement, ils ne soutiennent pas toujours le sport.»

swissinfo, Samuel Jaberg à Adelboden

2,6: en millions, le budget de la manifestation.

4,3: en millions, les retombées économiques attendues.

9: les Suisses au départ du slalom géant de samedi.

30: en francs, le prix d’une place pour assister à une course. Pour une place en tribunes, il faut compter 50 francs.

200: le nombre de journalistes accrédités.

850: les bénévoles engagés pour permettre notamment de garantir une piste impeccable aux skieurs.

1350: altitude de la station d’Adelboden.

1967: année de la première course de Coupe du monde sur la piste du «Chüenisbärgli» d’Adelboden. Le vainqueur se nomme alors Jean-Claude Killy.

3600: le nombre d’habitants à Adelboden. La population quadruple durant l’hiver.

25’500: le nombre de spectateurs présents durant ce géant 2009, soit un nouveau record.

1.Benjamin Raich (Aut) 2’24″95
2.Massi. Blardone (Ita) + 0″24
3.Kjetil Jansrud (Nor) 0″72
4.Sandro Viletta (Sui) 0″92
5.Cyprien Richard (Fra)1″10
6.Marc Berthod (Sui) 1″30
7.Steve Missillier (Fra) 1″32
8.Alexander Ploner (Ita) 1″34
puis:
11. Didier Cuche (Sui) 1″44
26. Daniel Albrecht (Sui) 2″56
29. Didier Défago (Sui) 6″71

2009: Benjamin Raich (Aut)
2008: Marc Berthod (Sui)
2007: Benjamin Raich (Aut)
2006: Benjamin Raich (Aut)
2005: Mass. Blardone (Ita)
2004: Kalle Palander (Fin)
2003: Hans Knauss (Aut)
2002: Didier Cuche (Sui)
2001: Hermann Maier (Aut)

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