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Un marchand d’armes à l’ombre

Recherché depuis des années par l'Argentine, le marchand d'armes Jean-Bernard Lasnaud est écroué à la prison genevoise de Champ-Dollon.

Il a été arrêté le 25 mai à la frontière franco-suisse, à la demande des autorités fédérales. Selon des sources proches de l’enquête, le dossier a été confié à la juge d’instruction Carole Barbey.

Ce marchand d’armes franco-américain, qui résidait en Floride, est recherché par la justice argentine depuis six ans. Il aurait participé de 1991 à 1995 à des affaires d’exportations illicites d’armes de l’Argentine vers la Croatie et l’Equateur, des pays alors en guerre et sous embargo de l’ONU.

Du matériel de guerre détourné

Selon des sources judiciaires argentines, le suspect aurait notamment négocié l’envoi en Equateur de 8000 fusils automatiques (la plupart inutilisables) et de tonnes de munitions.

L’Equateur était à l’époque engagé dans la Guerre du Condor avec le Pérou. Et ce matériel lui aurait été livré par une compagnie de fret nord-américaine.

L’Office fédéral de la justice (OFJ) n’a pas encore reçu de demande d’extradition, précise son porte-parole Folco Galli. Mais, selon les premières indications fournies par l’Argentine, le suspect aurait détourné, à l’aide de documentation douanière falsifiée, du matériel de guerre destiné au Venezuela.

Un simple rôle d’intermédiaire

Jean-Bernard Lasnaud n’aurait joué qu’un rôle d’intermédiaire dans ce trafic. Mais la demande d’extradition de l’Argentine s’inscrit dans le cadre des enquêtes menées contre l’ancien président Carlos Menem, qui a échappé jusqu’ici à la plupart des accusations portées contre lui dans cette affaire.

L’ex-président argentin a été détenu pendant 167 jours l’an dernier pour sa responsabilité présumée dans ce dossier, avant d’être remis en liberté par la Cour suprême le 20 novembre.

Il a eu plus de chance que l’ancien ministre argentin de l’Economie, Domingo Cavallo. Qui, lui, est en prison depuis le 3 avril pour sa participation à ce même trafic.

Vieux traité d’extradition

Le traité d’extradition entre la Suisse et l’Argentine, qui date du début du siècle passé, ne prévoit pas la contrebande d’armes comme un délit justifiant une telle procédure. Toutefois, les autorités helvétiques pourraient, en l’occurrence, se baser sur la loi fédérale relative à l’entraide judiciaire.

Cela dit, Jean-Bernard Lasnaud s’oppose à son extradition. Il dit craindre pour sa vie s’il est livré à la justice argentine. Raison pour laquelle, promet Folco Galli, la Suisse a demandé à l’Argentine de lui fournir des garanties quant au respect d’une procédure pénale conforme aux droits de l’Homme.

swissinfo avec les agences

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