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Un procès contre la loi du silence

Une association alémanique, la VAO, essaye d'ouvrir la voie judicaire pour les victimes de l'amiante. Elle dénonce une «véritable omerta».

La Suva est chargée d’indemniser ces malades, dont le nombre augmente d’ailleurs.

L’interdiction générale de l’amiante a été prononcée le 1er mars 1990 en Suisse mais l’explosion des cas de tumeurs de mésothéliome, causées par une exposition à des poussières d’amiante, est attendue pour les années 2015.

Pour les plus alarmistes, il faut même s’attendre à une hécatombe. «Le temps de latence des maladies causées par l’amiante peut aller jusqu’à 40 ans», explique François Iselin, du Comité d’aide aux ouvriers victimes de l’amiante (CAOVA).

«Or, avec 100 kilos par habitant, la Suisse a été le plus grand producteur d’amiante au monde», précise cet architecte.

Le nombre de cas est déjà en train d’augmenter. De 38 en moyenne recensés chaque année entre 1990 et 1999 par la Suva, l’assureur des maladies professionnelles, il est passé à une fourchette de 50 à 70 cas par an.

Pas d’actions collectives en Suisse

Entre 1984 et 2001, la Suva a enregistré 960 cas de maladies liées à l’amiante, dont 597 décès. Dans 646 cas, elle a versé des prestations d’assurance pour un montant de plus de 200 millions de francs.

Pour les défenseurs des victimes, il faut aller plus loin. C’est dans ce but que l’Association «Verein für Asbestopfer und Angehörige» (Association pour les victimes de l’amiante et leurs proches, VAO) a vu le jour l’an dernier à Zoug.

«Aux Etats-Unis, les procès ont contribué à faire connaître leurs droits aux personnes concernées», explique Massimo Aliotta, un des deux avocats de la VAO.

Mais, en Suisse, les «actions collectives» n’existent pas. Et le Code des obligations stipule qu’un employé ne peut faire valoir ses droits que pendant un délai de dix ans suivant la rupture des relations de travail.

Les gens ont peur



«Nous nous demandons si cette clause est valable dans le cas de l’amiante, étant donné le temps de latence des maladies. Cette question ne peut être réglée que par un juge.»

Problème: les ouvriers suisses ne semblent pas vouloir lancer des actions en responsabilité civile. «C’est une véritable omerta, estime Massimo Aliotta. Les gens ont peur. A Niderurnen, la famille Schmidheiny est encore le principal employeur.»

Saisonniers rentrés au pays



Le problème des travailleurs émigrés, rentrés au pays sans toujours connaître les risques subis durant leur vie professionnelle, a poussé la Suva à prendre contact avec ses homologues italiens.

L’INAIL a ainsi été informée des procédures à appliquer pour le suivi d’ouvriers qui ont travaillé en Suisse et qui étaient assurés auprès d’elle.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich.

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