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Une encyclopédie pour former des agents secrets

Un ouvrage de référence pour tous les agents secrets. Ou presque. RTS

Ancien membre des services secrets suisses, Jacques Baud dit tout en 740 pages sur les espions du monde entier.

Cette encyclopédie de référence, dont la première édition remonte à 1998, est utilisée à l’étranger pour la formation des agents secrets.

Saviez-vous pourquoi les Américains ne sont jamais parvenus à infiltrer l’entourage de Saddam Hussein, et n’ont donc jamais réussi à éliminer physiquement le dictateur de Bagdad? Tous les cadres des services de sécurité irakiens sont membres de son clan, al-Bou Nass’r; des familles alliées, et des villes de sa région natale.

«Cette sélection rend difficile l’infiltration d’agents extérieurs dans l’appareil irakien, et garantit une certaine loyauté», explique Jacques Baud, l’auteur de l’Encyclopédie du renseignement et des services secrets.

Autre information peu connue du grand public: en janvier 1996, le président Clinton débloque six millions de dollars pour soutenir et armer un groupe d’exilés irakiens, l’Iraqi National Congress (INC), afin de prendre le pouvoir à Bagdad.

Complexité des services suisses

En juin 1996, l’INC est taillé en pièces par l’armée irakienne à Salah ad-Dhin. Les Américains, qui avaient promis un appui aérien, se défilent au dernier moment. Résultat, 1500 opposants à Saddam Hussein sont arrêtés, et au moins une centaine sont exécutés.

L’ouvrage de Jacques Baud fourmille d’anecdotes, et s’intéresse à tous les espions de la planète, qu’il s’agisse du Departamento de Seguridad del Estado, à Cuba, ou encore du Central Intelligence Organization (CIO) au Zimbabwe. Sans oublier la très complexe organisation des différents services suisses.

Autre détail croustillant, en arrivant au pouvoir en 1980, Robert Mugabe, président du Zimbabwe, a maintenu à la tête du CIO son directeur général, Ken Flower, «en dépit du fait que ce dernier avait organisé plusieurs tentatives d’assassinat contre lui durant la guerre civile».

Considérant que la grande majorité des informations concernant les services de renseignement pouvaient être connues du grand public, le Suisse Jacques Baud a été l’un des premiers à prôner la transparence.

Un livre enseigné en Europe de l’Est

«D’ailleurs, explique ce fonctionnaire fédéral, les informations qui ont constitué la base de mon ouvrage peuvent être retrouvées dans la littérature ouverte. Je précise toutefois que je ne dévoile que ce qui peut l’être. Pas question de porter préjudice aux services.»

Jacques Baud a été agréablement surpris de recevoir spontanément de services secrets étrangers des documents pour enrichir son encyclopédie.

Par ailleurs, les ex-Pays de l’Est européen utilisent cet ouvrage pour la formation de leurs cadres. Les Américains sont également intéressés. D’ailleurs, une édition en anglais est en préparation.

swissinfo, Ian Hamel

«Encyclopédie du renseignement et des services secrets», par Jacques Baud, Editions Lavauzelle

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