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Villages de montagne contre usines à ski

Faute de neige, les stations de moyenne altitude sont, selon certaines prévisions, condamnées pour le ski d'ici 2030.

Canons à neige ou pas, leur survie passe par une diversification des activités sportives et culturelles.

Le salut des stations de ski ne passe pas exclusivement par l’enneigement artificiel. Les stations doivent se montrer créatives dans leur offre touristique. C’est leur meilleure garantie de survie à long terme.

La Suisse l’a d’ailleurs bien compris en appliquant des critères stricts en matière de développement durable pour autoriser l’installation des canons à neige.

En général, ils doivent se limiter à garantir le retour en station. Ou encore quelques liaisons entre des pistes naturellement enneigées.

Le Valais, pourtant avantagé par l’altitude de ses stations (1’500 mètres en moyenne) et ses nombreux glaciers, a recours depuis des années aux canons à neige.

Ils assurent l’enneigement en bas des pistes jusqu’au printemps.

Cette pratique, jusqu’à peu sauvage, s’est toujours déroulée sous la haute surveillance des associations écologistes. Une loi – la fiche D10 – règle cette pratique depuis le mois de février seulement.

Les limites du canon à neige

Le canton de Vaud a une politique plus restrictive. Seul le retour en station est accepté. Leysin attend d’ailleurs l’autorisation du Département des infrastructures vaudois pour pouvoir lancer un projet de 30 canons à neige, signale Thierry Jeanningros.

Le directeur de Leysin Tourisme mentionne encore que les moyens techniques servant à traiter la neige ont évolué. Les ratracks modernes permettent d’en tirer le meilleur parti et de la conserver plus longtemps qu’elle soit naturelle ou pas.

Mais l’enneigement artificiel comporte ses limites. Outre les problèmes écologiques posés par les canons, il faut des températures suffisamment basses pour qu’ils puissent fonctionner.

«On peut aussi douter de leur rentabilité à moyen terme», souligne Anne Dupasquier. Pour la cheffe de la Section du développement durable à Berne, les stations ont intérêt à diversifier leurs activités.

Comme à pouvoir répartir les touristes sur toute l’année. Les stations les plus inventives s’en sortent d’ailleurs déjà bien mieux.

Jouer la carte régionale

Dans les Alpes et pré-Alpes vaudoises, la logique villageoise a vécu. «On vend une région qui comporte des produits complémentaires, affirme Thierry Jeanningros. Nous soignons particulièrement les connexions entre les stations.»

Toujours dans cette optique de diversification, le touriste passe aisément du glacier des Diablerets à la piste de luge des Meillerets ou encore au toboganning de Leysin. Les amateurs de ski de fond y trouvent aussi leur compte sur le plateau du Col des Mosses.

Dans l’Oberland bernois, la même logique prévaut: on vend du ‘ski plus’ qui se décline dans une région entière. Le ski se conjugue avec le ‘wellness’, les découvertes culinaires ou les excursions pédestres. Les familles sont par ailleurs une cible privilégiée.

«Nous jouons aussi la carte du pittoresque de nos villages de montagne. Le touriste a besoin de faire du ski mais aussi de retrouver une ambiance, de sentir que le village a des racines. Les hôtes en ont raz le bol des usines à ski», conclut Thierry Jeanningros.

«Wellness» et culture

Urs Zenhäusern confirme: «Selon une étude de Suisse Tourisme, l’ambiance des stations valaisannes est très appréciée.» Bien que l’enneigement soit moins problématique que dans les pré-Alpes, Valais Tourism se soucie aussi de l’avenir.

Des activités hivernales accessoires au ski fleurissent déjà, ballades en raquette ou chemins pédestres hivernaux entre autres. En développement également, deux axes prometteurs que sont le ‘wellness’ et la culture.

Cette diversité ainsi qu’un enneigement minimal du retour en station permet de faire face à la concurrence de stations françaises et italiennes. Elles offrent une ‘garantie neige’, artificielle ou naturelle, peu importe. Les grands voyagistes l’exigent souvent.

«Nous songeons aussi à mettre en valeur la saison estivale, révèle encore le directeur de Valais Tourism. La valeur ajoutée, soit les retombées économiques pour la région, n’est actuellement que de 40% en été par rapport aux 60% de la saison hivernale. Avec la beauté de nos paysages, cela doit être tout à fait possible.»

swissinfo/Anne Rubin

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