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Vache folle: pas de panique

Les mesures visant à rassurer la population ne manquent pas. Mais la panique est difficile à dissiper. Keystone

La psychose française a gagné la Suisse. Pour tenter de rassurer la population, Genève a exclu jusqu´à nouvel ordre la viande de boeuf des cantines scolaires. Le reste de la Suisse s´étonne. Les scientifiques tentent de calmer le jeu.

A l’instar de plusieurs cités françaises, la Ville de Genève a décidé de bannir la viande de bœuf des assiettes des cantines. Vendredi, Manuel Tornare, conseiller administratif en charge des écoles, a annoncé que la mesure serait appliquée «jusqu’à nouvel ordre», autrement dit sans limite dans le temps.

«Nous tenons simplement à tranquilliser les parents», a dit Manuel Tornare à la Radio Suisse Romande. «Les récentes déclarations du président de la République française, Jacques Chirac, ont suscité une véritable psychose chez les parents d’élèves. Depuis, certains refusent d’envoyer leurs enfants dans les restaurants scolaires du canton».

Genève a donc décidé de calmer le jeu et de mettre en place une campagne d’information. La ville prévoit en effet d’envoyer un courrier aux parents des 6500 enfants concernés.

Il s’agit avant tout de rassurer la population sur la qualité des mets proposés et d’expliquer les diverses mesures prises dans la lutte contre la propagation de la maladie de la vache folle.

Si un vent de panique souffle sur Genève, les autres cantons suisses, eux, gardent leur sérénité. Les instances en charge des cantines scolaires des cantons de Berne et de Zurich se bornent à déclarer que, pour l’heure, aucune directive n’a été donnée.

Même type de réponse du côté du canton de Vaud qui signale, en outre, que la plupart des cantines scolaires sont gérées par les communes.

En fait, la prise de position genevoise a surpris. Et les responsables des restaurants scolaires ne semblent pas encore savoir quelle attitude adopter.

Pour sa part, l’entreprise DSR – numéro un de la restauration de collectivité en Suisse romande – a préféré suivre l’exemple genevois. «Bien qu’il n’y ait aucun danger objectif, nous avons décidé d’éliminer le bœuf des repas destinés au secteur scolaire durant les deux semaines à venir», précise Jacques Guignard, directeur général de DSR. D’ici là, «nous espérons que l’angoisse suscitée par les derniers rebondissements liés à la vache folle sera oubliée».

La nouvelle crise nous vient tout droit de France. Fin octobre, le grand distributeur Carrefour a signalé que des lots de viande suspects étaient passés au travers des mailles du filet de sécurité instauré par les autorités.

Depuis, des décisions et des déclarations – parfois contradictoires – se sont multipliées à l’échelle européenne. Et en Suisse, l’Office vétérinaire fédéral a proposé d’interdire totalement l’utilisation des farines animales dans les élevages y compris pour les porcs et la volaille.

De son côté, la Croix-Rouge suisse a annoncé jeudi qu’elle refuserait, dès l’année prochaine, le sang des donneurs ayant séjournés plus de six mois en Grande-Bretagne.

Les mesures visant à rassurer la population ne manquent pas. Mais la panique est difficile à dissiper. Et pour cause, la crise de la vache folle n’est pas simplement une question de santé publique. Les problèmes économiques et politiques qu’elle soulève entraînent des fraudes qui ont de bonnes raisons d’inquiéter la population.

Ainsi, les farines animales – principal vecteur de contamination – sont généralement interdites dans l’alimentation des bovins depuis 1990 déjà. Pourtant, la propagation de la maladie porte à croire que cette norme n’a pas toujours été respectée.

L’incertitude est d’autant plus vive que les scientifiques affichent une certaine prudence. «Nous avons pris toutes les mesures conformes à l’état de nos connaissances actuelles, déclare Dagmar Heim, responsable du projet éradication de l’ESB, à l’Office vétérinaire fédéral. Toutefois, il faut toujours rappeler qu’en la matière, le risque zéro n’existe pas». En effet, les scientifiques sont confrontés à un agent infectieux capable de passer la barrière biologique des espèces.

Toutefois, précise Pierre-Alain Raeber, médecin responsable du service de la surveillance des maladies infectieuses à l’Office fédéral de la santé publique, «les recherches expérimentales prouvent que le prion ne s’infiltre que dans certains organes tels que le cerveau ou les viscères. Des organes qui sont désormais interdits à la consommation. En revanche – même injecté – le muscle d’un animal malade n’a jamais permis d’en contaminer un autre».

Autrement dit, selon les connaissances actuelles, le prion n’est pas en mesure de passer dans la viande. Et c’est principalement sur ce constat que les autorités se basent pour édicter leurs normes actuelles de prévention.

Vanda Janka

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