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Avant Vancouver, une ex-athlète se souvient de Munich

A Vancouver Margrit Meier aidera les athlètes au quotidien, de la carte SIM au shopping chez Ikéa. swissinfo.ch

Si Margrit Meier, ancienne athlète olympique Suisse, n’avait qu’une seule chose à souhaiter aux sportifs qui iront à Vancouver, ce serait d’en ramener des souvenirs sans rapport avec ceux qui la hantent encore depuis Munich 1972.

Spécialiste des courses de demi-fond, Margrit Meier faisait partie de la délégation suisse aux Jeux de Munich, endeuillés par une attaque terroriste sur le village olympique.

Depuis deux ans, elle officie en arrière-plan au Canada, en tant qu’attachée du Swiss Olympic Team. Sa tâche consiste à combiner ses connaissances de la ville et des Jeux pour garantir aux Suisses une expérience inoubliable.

«Jusqu’à maintenant ça n’a pas été trop compliqué, mais je sens que ça va changer», explique Margrit Meier en prenant son petit déjeuner dans un hôtel du centre de Vancouver. «Je devrai m’occuper principalement de toute sorte de petits détails qui pourraient surgir: trouver des chambres pour les VIP, trouver des humidificateurs pour les athlètes ou les emmener chez Ikéa. Et s’ils ont besoin d’une carte SIM, je sais où aller».

Née à Zurich, Margrit Meier a émigré au Canada en 1971, pour apprendre l’anglais et s’entraîner en tant que coureuse. Elle avait prévu d’y rester une année et aujourd’hui, des décennies plus tard, elle vit toujours à Vancouver. «C’est si chaleureux et magnifique ici avec les montagnes et la mer, dit-elle dans un anglais parfait. Les pistes de ski sont fantastiques. On peut tenir la comparaison avec n’importe quel endroit en Europe.»

Consécration

Les rêves olympiques de Margrit Meier datent de ses 18 ans. A l’époque, elle rencontre un bel et talentueux athlète prénommé Max, un banquier zurichois, qui deviendra par la suite son mari.

«Chez les hommes, je n’étais pas aussi bon qu’elle chez les dames raconte Max Meier. En une année et demie d’entraînement, elle a obtenu le titre de championne suisse du 800 mètres en 1966. Je suis ensuite devenu son coach.»

Au départ le couple souhaitait vivre quelques aventures et déménager à New York pour apprendre l’anglais et s’entraîner. Ils ont fini au Canada, tout d’abord à Montréal et ensuite à Vancouver où le climat est plus doux et plus propice à la course à pied en hiver.

«C’était impossible d’être une athlète à plein-temps, explique Margrit Meier. Mon sponsor m’offrait deux paires de chaussures Adidas et éventuellement un survêtement. Je devais courir le matin avant d’aller travailler et une nouvelle fois le soir après le travail».

Elle continua toutefois d’améliorer ses temps, 11 records de Suisse en tout. La meilleure récompense fut sa qualification pour les Jeux de Munich en 1972. «C’était la première course sur une distance de 1500 mètres pour les femmes», explique Max Meier. «A l’époque cette distance était considérée comme une course de longue distance pour les femmes. Maintenant, bien sûr elles courent le marathon». Et son épouse d’ajouter: «Ma qualification était quelque chose d’incroyable».

Le drame

Margrit Meier n’oubliera jamais sa participation à la cérémonie d’ouverture. Le porte-drapeau de la délégation suisse était Urs von Wartburg, un lanceur de javelot de Soleure.

La course de Meier était prévue durant la deuxième semaine des Jeux. Bien qu’elle réalisa le deuxième meilleur temps de toute sa carrière, ça ne suffit pas pour franchir le cap du premier tour. Le dopage était semble-t-il déjà latent.

L’équipe olympique suisse est rentrée avec trois médailles, toutes en argent. Malgré ce résultat peu brillant, Margrit Meier avait envie de fêter l’évènement. Elle est donc sortie le soir avec son mari. Et en rentrant au village olympique, le couple trouve des soldats armés partout qui bloquent toute l’enceinte.

«Au début, nous ne savions pas ce qui se passait, raconte-elle. Ensuite nous avons appris que les Israéliens avaient été pris en otage. Ma camarade de chambre et moi nous voulions mettre une armoire derrière notre porte pour la bloquer.»

L’histoire a été relatée dans de nombreux livres et films. Septembre Noir, une organisation palestinienne, a fait irruption dans la chambre de l’équipe israélienne, a tué d’emblée des lutteurs et a pris d’autres athlètes et entraîneurs en otages. 21 heures plus tard, onze Israéliens, un officier de police allemand et cinq preneurs d’otages étaient morts.

«Jusqu’à la nuit de l’attaque, ce fut une expérience incroyable, raconte Margrit. Munich était si chaleureux, on pouvait se déplacer facilement partout. Puis tout a changé d’un coup».

La sécurité durant les Jeux Olympiques a drastiquement changé depuis cet évènement. Avant la tragédie, Max, qui ne faisait pas partie de la délégation helvétique pouvait se balader sans autres dans le village olympique. Ici à Vancouver, plusieurs semaines avant l’ouverture des jeux, certains sites ne sont plus accessibles, même pour Margrit Meier, en tout cas pour le moment.

Le cœur balance

Le temps a bien préservé la famille Meier. Ils vivent au centre de Vancouver et travaillent ensemble à la gestion de leurs investissements. Margrit est maintenant une femme aux cheveux gris dans la soixantaine, mais elle court et skie toujours sur des jambes qui semblent aussi solides qu’à l’époque.

Le couple est partagé, quant à savoir pour qui leur cœur va battre. Max a été pendant des années le chef de l’équipe canadienne de ski et a récemment sponsorisé un descendeur canadien pour la saison 2010. Toutefois les deux restent liés à la Suisse, et particulièrement à Didier Cuche, qui a séjourné chez eux dans leur chalet de Whistler.

«Nous allons soutenir les deux, lance Max. Margrit est peut-être un peu plus pour les Suisses et moi pour les Canadiens.» «De toute manière les deux équipes sont rouge et blanc» plaisante Margrit.

Tim Neville de retour de Vancouver, swissinfo.ch
(Traduction de l’anglais: Philippe Varrin)

Sept fois championne de Suisse sur 800 m, 1500m et cross-country entre 1966 et 1971, elle a détenu 11 records de Suisse sur moyenne distance (entre 1000 m et 3000 m) et a fait partie de l’équipe olympique suisse des Jeux Olympiques de Munich en 1972.

Vancouver est la troisième plus grande ville du Canada, avec une population d’environ 612’000 habitants, 2 millions si on compte la grande banlieue. On y trouve des dizaines de milliers de lits d’hôtel, une infrastructure conséquente et de nombreux grands sites sportifs. Vancouver n’a pas eu besoin de construire beaucoup de nouvelles installations pour les Jeux d’hiver de 2010.

La ville est située dans une magnifique baie entourée par l’eau claire du détroit de Georgia et les montagnes qui descendent en cascades jusqu’à la mer. La frontière américaine n’est pas loin. Elle est même si proche que les passagers peuvent remplir les formalités douanières américaines à l’aéroport de Vancouver.

La province la plus à l’ouest du Canada est énorme et s’étend de l’état de Washington au sud jusqu’à la frontière de l’Alaska au nord. La Colombie Britannique compte environ 4,1 millions d’habitants sur une surface de 944’735 kilomètres carrés, soit 23 fois la Suisse. Environ 12 pour cent du territoire est considéré comme parcs protégés ou réserves naturelles.

La côte est formée de fjords et de petites îles dont les contours dessinent un littoral long de 27’000km. C’est une des destinations d’héliski les plus prisées au monde à cause de ses montagnes recouvertes par d’abondantes chutes de neige. La grande partie de la province est couverte de forêts denses.

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