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Berne s’en prend aux marchands d’armes français

Le Français Jean-Bernard Lasnaud a été extradé mercredi soir de Genève vers l'Argentine. Il est soupçonné d'avoir exporté du matériel militaire.

C’est la troisième fois que Berne s’en prend à des marchands d’armes français.

Jean-Bernard Lasnaud est arrivé jeudi à l’aéroport international d’Ezeiza (banlieue ouest de Buenos Aires) en provenance de Genève via Zurich.

La législation suisse a été pendant des décennies très laxiste dans le domaine des armes. Un marchand de guerre pouvait tranquillement poser sa plaque sur la porte de son bureau. Pour être en règle, il lui suffisait d’éviter que les armes ne transitent par le territoire de la Confédération.

Ce n’est plus le cas. Le Français Jean-Bernard Lasnaud, 60 ans, de son vrai nom François Lasnosky, ne s’est jamais installé en Suisse. Il vivait aux Etats-Unis, dirigeant depuis la Floride Caribbean Group, une société d’import-export.

Buenos Aires, qui le soupçonne d’avoir vendu des armes argentines à l’Equateur et à la Croatie, a lancé un mandat d’arrêt contre lui. Si les Etats-Unis et la France fermaient les yeux sur son trafic, la Suisse en revanche l’a arrêté à la frontière franco-suisse le 25 mai 2001.

Des roquettes pour le Kosovo

Emprisonné depuis, Jean-Bernard Lasnaud a donc été extradé vers l’Argentine. Il a perdu le recours engagé devant Tribunal fédéral pour bloquer cette expulsion.

Le Français Jean-Paul Chirouze, 52 ans, se souviendra longtemps de son séjour de plusieurs mois dans les prisons suisses en 2000. Son crime? Il est soupçonné d’avoir acheté pour 4,5 millions de francs de roquettes, de lance-roquettes et de grenades en Bulgarie pour l’Armée de libération du Kosovo (UCK).

La justice suisse séquestrerait toujours 700 000 francs. Les transactions financières passaient par une société installée à Genève et dont la vocation officielle n’était évidemment pas le trafic d’armes.

Mais l’expulsion la plus spectaculaire d’un marchand d’armes français concerne le célèbre Georges Starckman, aujourd’hui âgé de 73 ans. Le personnage ne cache rien de son activité, puisqu’il a publié voici une dizaine d’années, «Noir canon. Mémoires d’un marchand d’armes».

Comme une traînée

«Genève s’est finalement conduite comme une traînée», a-t-il écrit après son expulsion du territoire helvétique dans les années quatre-vingt-dix.

Bien malgré lui, Georges Starckman est devenu célèbre dans tout le bassin lémanique après la diffusion par Radio Zones d’une quinzaine d’enregistrements pirates du marchand d’armes, évoquant des commandes vers l’Irak et l’Iran.

Ce feuilleton s’intitulait «Noir canon et rose culotte». Car il révélait certains aspects de la vie privée de Georges Starckmann, un temps patron du cabaret parisien l’Alcazar.

En l’expulsant, la Suisse avait clairement voulu montrer que son territoire n’était plus un refuge pour les professionnels de la gâchette.

swissinfo/Ian Hamel

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