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Halloween ou le fruit de la mondialisation

Halloween est en voie de devenir un nouveau rendez-vous festif qui répond mieux aux besoins des jeunes. Keystone

Soutenue à grand renfort de marketing par les multinationales, Halloween poursuit avec succès son voyage à travers l´espace et le temps. Fortement teintée d´américanisme, cette ancienne fête païenne déferle désormais sur la Suisse et sur l´Europe.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Halloween a vécu de nombreuses mutations. Malgré son nom chrétien – «Le jour qui précède la Toussaint» – Halloween est à l’origine une fête païenne célébrée par les Celtes.

Toutefois, toujours soucieuse de donner un sens chrétien aux traditions les plus profanes, l’Eglise s’est empressée de récupérer ce 1er novembre, jour de Samain, pour le transformer en fête de tous les saints, avant d’instaurer la Fête des morts le lendemain.

Reste que, malgré ses efforts pour se réapproprier les croyances populaires, l’Eglise n’est pas parvenue à effacer la totalité des traditions ancestrales. Et c’est ainsi que les coutumes liées à Halloween ont fini par traverser l’océan, dans les bagages des émigrants irlandais, pour se transformer en une véritable fête «made in USA». Un produit que les Américains exportent désormais vers l’Ancien Monde.

De la tradition, qui voulait que ce jour soit celui du dialogue avec les morts, il ne reste plus que les déguisements de squelettes et de sorcières. Mais la sauce prend. «Ce week-end, pas moins de 15’000 personnes ont participé au défilé Halloween qui s’est déroulé à Zurich, rappelle Christine Détraz, assistante conservatrice au Musée d’ethnographie de Genève. Inconsciemment, par le biais de cette fête, les jeunes font peut-être un pied de nez à la mort. Mais je crois surtout, qu’au même titre que la «Love Parade», Halloween est en voie de devenir un nouveau rendez-vous festif qui répond mieux à leurs besoins».

En d’autres termes, le calendrier est bourré de fêtes qui ne correspondent plus ni à l’imaginaire ni aux références culturelles des jeunes suisses et européens. Reste que toute société éprouve la nécessité d’inscrire des repères dans le temps et de partager des émotions communes. Il fallait donc réinventer de nouveaux points de rencontre. Et Halloween semble s’affirmer comme l’un d’entre eux.

Cependant, loin d’être le fruit du hasard, l’engouement pour les courges et les sorcières est avant tout le résultat du marketing et de la globalisation. «Les multinationales ont investi des sommes colossales dans la promotion de cette fête et de tous les gadgets qui l’accompagnent», souligne Christine Détraz. Halloween est un pur produit commercial qui, tel une marque de tee-shirt ou de basket, s’exporte désormais aussi bien en Europe qu’au Japon».

Autre record, il n’aura pas fallu plus de quatre ou cinq ans à Halloween pour s’implanter dans la plupart des pays européens. «Ce sont les enfants qui ont ouvert la voie à ce fulgurant succès», affirme Christine Détraz. Mais, là non plus, il n’y a pas de surprise. «Les tous petits avaient déjà été préparés au folklore des sorcières par le lancement de nombreux films ayant trait au sujet».

Finalement, l’esprit de Halloween a même fini par déborder du rayon des jouets pour envahir tous les étages des grandes surfaces. Un refrain qui n’est pas vraiment nouveau. Les commerçants avaient déjà joué la même partition pour les fêtes de Pâques et de Noël.

Vanda Janka

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