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Nouvelle réserve forestière dans le sud de la Suisse

Le lac de Cama et la réserve qui l'englobe resteront intouchables durant 50 ans. Keystone

Dans le Misox, région italophone du sud des Grisons, la plus vaste réserve forestière du pays après le Parc national est née contractuellement vendredi.

Cette zone protégée de plus de 15 km carrés n’abrite pas moins de 26 types de forêts différents.

La nouvelle réserve est située dans les vals Cama et Leggia, entre Bellinzone et le Col du San Bernardino, dans le Misox. Altitudes: entre 450 et 2200 m.

Par contrat entre l’association environnementale Pro Natura, les communes et le canton des Grisons, 12 km carrés de réserves forestières naturelles sont protégés pendant 50 ans. Plus de trois autres kilomètres carrés entrent dans la catégorie de réserve forestière particulière.

«En ces temps où l’accent est volontiers mis sur la rentabilité économique de nos forêts, voici un message important sur la valeur de forêts naturelles, se réjouit Silva Semadeni, présidente de Pro Natura. C’est un grand pas en direction d’un réseau national de réserves forestières».

Pour les prochaines 50 années, il ne sera plus possible de bûcheronner, de pâturer et d’évacuer le bois mort (réserve forestière naturelle) sur le versant est du Misox méridional.

Sur une surface d’environ douze kilomètres carrés, la nature sera donc livrée à elle-même. La recherche scientifique est autorisée à l’intérieur de ce périmètre, comme la cueillette des baies et des champignons, ainsi que la pratique de la chasse, dans le cadre de la législation en vigueur.

Sur les quatre kilomètres carrés restants, le pacage de vaches, de moutons et de chèvres sera toujours permis (réserve forestière spéciale).

Hêtraies à luzules blanc-de-neige et Cie

Cette réserve est rendue possible par la contribution financière du canton des Grisons (99’000 francs) et de la Fondation Hauser (370’000 francs). L’essentiel des fonds va aux communes – propriétaires des forêts, pour leur renoncement à les exploiter.

Hêtraies à luzules blanc-de-neige, forêts de mélèzes et de sapins avec rhododendrons, châtaigneraies à raiponces: ce sont quelques exemples des 26 associations différentes croissant dans la nouvelle réserve forestière du Val Cama et Val Leggia.

L’alternance de la diversité des paysages ruraux et naturels engendre une très large mosaïque d’associations de forêts. La nouvelle réserve forestière est uniquement accessible par des sentiers pédestres et renferme une grande quantité de bois mort.

Ce bois mort offre un habitat et une source de nourriture à d’innombrables insectes. Les pics et autres chouettes profitent également des arbres morts sur pied pour y nicher ou s’y reproduire.

Un outil pour développer la biodiversité

Les réserves forestières constituent un outil parmi d’autres pour développer la biodiversité en forêt. Afin d’obtenir un effet maximal, le canton des Grisons a élaboré un concept de réserves, dont fait partie la nouvelle-venue.

Ce concept prescrit une représentation adéquate des associations forestières les plus courantes. Il prévoit aussi un équilibre entre la protection et les objectifs d’une exploitation plus intensive du bois.

Président de la commune de Verdabbio, Antonio Spadini souligne, quant à lui, l’importance de la réserve pour la région du Misox. Une augmentation du tourisme et de l’agrotourisme est en effet espérée.

Sur le plan national, la Confédération et les cantons ont convenu que d’ici 2030, au moins 18% de la surface forestière suisse serait dévolue aux réserves et 10% devrait fonctionner comme réserve non exploitée.

Avec la nouvelle réserve du Misox, environ 3,26% de la surface forestière du pays est en réserve, selon Pro Natura.

swissinfo et les agences

Depuis la révision de la Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage en 2006, la Suisse connaît trois types de parcs. Le Parc national (habitats intacts pour la flore et la faune indigène), les parcs naturels régionaux (territoire rural en partie habité, nature et paysage de grande valeur) et les parcs naturels périurbains (espace naturel à proximité des grandes agglomérations).

La nouvelle législation avait contenté toutes les régions et institutions concernées. Mais le projet de mise en application a fait l’objet de vives critiques en raison de la sévérité des critères qui rendaient très difficiles la réalisation des parcs. L’ordonnance d’application est donc en phase de révision avant son entrée en vigueur au début de l’an prochain.

La Confédération envisage à moyen terme un budget annuel de 10 millions de francs pour sa politique des parcs. Cette somme devrait permettre de soutenir entre un et deux parcs nationaux, de dix à douze parcs régionaux et de trois à cinq parcs périurbains.

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