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A La Haye, la Suisse se battra pour une diminution du CO2

Selon Philippe Roch, en cas d'échec à La Haye, il ne sera pas possible de faire un pas supplémentaire pour réduire les gaz à effet de serre. Keystone

La communauté internationale se réuni dès lundi à La Haye pour négocier les modalités de la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto. Pour la Suisse, la priorité est claire: les pays industrialisés doivent abaisser leurs émissions de CO2.

En 1992, à Rio de Janeiro, les pays ont adopté la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques. Ils se sont engagés à limiter leurs émissions de CO2, afin de lutter contre l’effet de serre et le réchauffement climatique.

En 1997, le Protocole de Kyoto est venu compléter ces engagements en définissant, pour chaque pays industrialisé, un objectif de réduction. La Suisse s’est ainsi engagée à baisser, d’ici 2012, ses émissions de 8 pour cent par rapport à 1990.

Le Protocole de Kyoto prévoit des instruments économiques pour atteindre les objectifs. Les pays industrialisés pourraient notamment collaborer entre eux ou financer le développement durable des pays en voie de développement.

Un échange de droits d’émission entre pays industrialisés serait aussi possible. En clair, un pays qui pollue trop pourrait vendre son surplus d’émissions de CO2 à un pays qui est en dessous de son quota. Le Protocole de Kyoto autorise aussi la soustraction du CO2 recyclé notamment par les forêts lors de l’établissement du bilan des émissions.

La conférence de La Haye, qui se déroulera du 13 au 24 novembre, doit permettre au 84 pays qui ont signé le Protocole de Kyoto de négocier les modalités d’application.

Les négociations porteront notamment sur la part des réductions qui pourront être réalisées hors des frontières nationales, sur la prise en compte des réductions dues aux forêts, ainsi que sur le respect des obligations des pays signataires.

La délégation suisse, emmenée par le conseiller fédéral Moritz Leuenberger, plaidera pour un système fort de réduction des émissions. «L’objectif essentiel, c’est que les pays industrialisés diminuent bel et bien leur émissions de CO2», a déclaré jeudi Philippe Roch, directeur de l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage.

La Suisse demandera donc que les instruments économiques prévus par le Protocole de Kyoto soient limités. En effet, dans le cas contraire, certains pays pourraient ne pas réduire leurs émissions de CO2, mais satisfaire quand même à leurs obligations en vendant leurs surplus ou en participant seulement à une réduction des gaz à effet de serre à l’étranger.

La Suisse souhaite aussi que les pays respectent leurs engagements. Pour ce faire, elle défendra le principe de mesures contraignantes avec effets économiques dans les cas graves de non-respect des obligations. La Suisse se veut toutefois réaliste: la mise en œuvre du Protocole de Kyoto devra à la fois être intègre du point de vue environnemental et efficace du point de vue économique.

Les négociations de La Haye s’annoncent toutefois difficiles. La Russie, le Japon et les Etats-Unis contestent par exemple toute limitation des instruments économiques du Protocole de Kyoto. Les pays de l’OPEP demandent de leur côté une compensation financière en cas de baisse de la consommation des énergies fossiles.

Philippe Roch ne s’avance pas sur l’issue de la conférence. «Je suis optimiste de nature, mais pas devin. Ce qui est sûr, c’est que, en cas d’échec, il ne sera pas possible de faire un pas supplémentaire pour réduire les gaz à effet de serre, alors que le Protocole de Kyoto est déjà insuffisant pour éviter un réchauffement de la terre».

Et un échec aurait également des conséquences sur la politique suisse de réduction du CO2. «La loi sur le CO2 restera en vigueur, mais nous n’irons pas plus loin. La Suisse ne se sacrifiera pas seule sur l’autel de l’environnement», prédit Philippe Roch.

Olivier Pauchard

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