Des perspectives suisses en 10 langues

A Tenero, le plus grand terrain de sport du pays

Le centre sportif national de la jeunesse de Tenero s'étend sur 32 hectares au bord du Lac Majeur. CST

Chaque année, le centre sportif national de la jeunesse à Tenero (CST), au Tessin, accueille près de 30'000 sportifs en provenance de toute la Suisse. Visite d’un outil unique de la politique de promotion du sport de la Confédération.

A l’embouchure de la Verzasca, l’une des trois rivières tessinoises qui abreuve le Lac Majeur de ses eaux froides, les 32 hectares du centre sportif national de la jeunesse de Tenero sont plantés dans un décor majestueux. Au Nord, les collines surplombant Locarno, parsemées de villas, offrent une vue imprenable sur cette région très prisée des touristes. Au Sud, le Monte Ceneri et ses pentes boisées plongent dans les eaux cristallines du lac.

C’est ici qu’en 1921, au sortir de la Première guerre mondiale, le «Don national pour nos soldats et leurs familles», fondation constituée par le Conseil fédéral, y créa un centre de convalescence physique et psychique pour les soldats suisses.

Dès les années ’50, le département de la Défense, également en charge de la promotion du sport en Suisse, en change peu à peu l’affectation. En 1963, les premiers cours de sport y sont dispensés.

Un architecte prestigieux

La création en 1972 de «Jeunesse+Sport», programme d’encouragement national qui verse aujourd’hui près de 60 millions de francs par année aux associations sportives pour des cours et des camps d’entraînement, sera déterminante dans le développement du centre sportif national.

En 1984, le premier bâtiment dévolu entièrement au sport voit le jour. La deuxième étape du développement du centre, en 2000, est beaucoup plus spectaculaire. Le célèbre architecte Mario Botta conçoit deux grands bâtiments de briques rouges, incluant salles de gymnastique et de cours, dortoirs et bureaux.

Au fil du temps, des terrains d’athlétisme, de basketball, de skater-hockey, de beachvolleyball, de tennis, plusieurs bassins de natation (couverts en hiver) et de multiples autres infrastructures destinés à la pratique sportive ont vu le jour.

Lieu de rencontre

Aujourd’hui, Bixio Caprara, directeur depuis 20 ans du centre, est bien emprunté lorsqu’il s’agit de mentionner un sport qu’il n’est pas possible de pratiquer à Tenero: «Le lac et les montagnes alentour offrent de multiples possibilités. Nous avons également adapté au fur et à mesure les infrastructures aux nouvelles pratiques sportives. Cette année, nous inaugurons une piste de BMX, discipline inscrite au programme des Jeux olympiques depuis 2008».

Terrains de jeu bichonnés, matériel de sport dernier cri, climat tempéré toute l’année et accueil professionnel sont reconnus loin à la ronde. «73% de nos hôtes proviennent de Suisse germanophone, 12% sont Romands, 11% parlent l’italien et 1% le romanche. C’est un lieu de rencontre important pour les jeunes de toute la Suisse», affirme Bixio Caprara.

En 2009, près de 800 cours réunissant 27’292 personnes ont été organisés à Tenero. Malgré la taille du centre, qui permet d’accueillir près de 1000 personnes à la semaine, 400 demandes de cours ont dû être refusées.

Utilisation optimale

Selon Bixio Caprara, un tel centre polysportif est unique en son genre: «En Italie, en France ou en Allemagne, il existe des centres spécialisés pour certains sports, mais ils sont avant tout destinés à la promotion des talents et non au sport de masse. Chez nous, sport de masse et d’élite vont de paire.»

Afin d’amortir au maximum les coûts d’exploitation, qui s’élèvent à 9 millions de francs par année, à Tenero, on optimise l’utilisation des infrastructures. Sportifs amateurs, champions confirmés ou en devenir cohabitent en parfaite harmonie tout au long de l’année.

Ainsi, la filière sport-études de Tenero, qui a compté parmi ses élèves la skieuse Lara Gut, jouit tout au long de l’année des installations sportives du centre. Des équipes de football y organisent régulièrement des camps d’entraînement. En 2008, l’Allemagne avait choisi le CST comme base d’entraînement lors de l’Eurofoot disputé en Suisse et en Autriche.

Camp pour les espoirs

Depuis dix ans et l’adoption d’un «concept pour une politique du sport en Suisse» qui reconnaît pour la première fois le rôle de la Confédération dans la promotion du sport de haut niveau, l’Office fédéral du sport (OFSPO) organise chaque année, en collaboration avec Swiss Olympic, un camp d’entraînement pour les espoirs du sport suisse à Tenero.

Au cours de la deuxième semaine de mai, 500 jeunes sportifs âgés de 12 à 18 ans et issus de 21 fédérations sportives, ont participé à la 14e édition du camp «Tous les talents à Tenero».

«Ce camp est extrêmement important, estime Matthias Remund, directeur de l’OFSPO. Il permet à ces jeunes de s’entraîner intensivement dans leur discipline mais aussi de se confronter à d’autres sports, pour mieux en appréhender les singularités. Ces jeunes sportifs apprennent à se connaître avant pourquoi pas de se retrouver un jour lors de Jeux olympiques». La demande en provenance des Fédérations est tellement forte qu’il a fallu mettre sur pied un deuxième camp en septembre.

Pas d’excès

Afin de répondre toujours mieux aux attentes des sportifs et des fédérations, une 3e étape de développement du centre de Tenero est en gestation.

Parmi les priorités: construction d’une nouvelle halle de gymnastique, rénovation des sanitaires et des cuisines du camping de 500 places et promotion de la qualité, tout en évitant d’augmenter les coûts. «Nous tenons à maintenir le déficit d’exploitation, pris en charge par l’Office fédéral du sport, à un niveau de 3 millions de francs», affirme Bixio Caprara.

Avec la période d’austérité budgétaire qui s’annonce, pas question de dépenser sans compter. Qui plus est dans un domaine, le sport, parent pauvre des contributions fédérales et dont le soutien étatique demeure encore largement subsidiaire du privé.

Samuel Jaberg, de retour de Tenero, swissinfo.ch

Tessin. Le centre sportif de la jeunesse (CST) est une filiale de l’Office fédéral du sport de Macolin (OFSPO). Destiné à promouvoir le sport chez les jeunes, il s’étend sur 32 hectares au bord du Lac Majeur, à quelques kilomètres de Locarno, l’une des localités les plus touristiques du canton du Tessin.

Offre. Le CST, qui compte 80 collaborateurs, met à disposition des infrastructures permettant de pratiquer une multitude de sports de plein air et d’intérieur. Rien que pour le football, le centre dispose de 7 terrains aux dimensions officielles, 6 aux dimensions non-officielles, 1 terrain synthétique et 1 de beach-socer.

Financement. En 2009, 794 cours (+13% par rapport à 2008) réunissant 27’292 participants ont été organisés à Tenero. La Confédération prend à sa charge le déficit d’exploitation, qui avoisine les 3 millions de francs par année. Elle cofinance également deux camps annuels d’une semaine réunissant 1000 espoirs du sport suisse.

Jonathan Demont, espoir vaudois du VTT: Je suis déjà venu plusieurs fois à Tenero, c’est un très bon endroit pour s’entraîner et nouer des contacts avec d’autres sportifs. Le camp ne nous coûte rien, ce qui n’est pas négligeable. En Suisse, c’est encore très difficile de concilier études et sport. Je m’entraîne régulièrement en France, ça me coûte 500 euros par semestre.

Thomas Berger, entraîneur de l’équipe nationale de unihockey M19 : C’est très important de pouvoir s’entraîner de manière intensive durant une semaine, chose impossible durant le championnat. Ca soude l’esprit d’équipe. Un centre, c’est bien, mais la Confédération n’en fait pas encore assez en matière de soutien à la relève. Il faudrait davantage de filières sport-études et surtout des possibilités de concilier apprentissage et sport.

Claude Roch, conseiller d’Etat valaisan en charge des Sports: Le site est magnifique, spacieux, il rayonne loin à la ronde. La formation sportive est nécessaire et importante pour notre pays. Le sport de masse doit toutefois rester l’affaire des cantons. La Confédération a pour mission de s’occuper du sport d’élite. En matière de promotion de la relève, il faut appuyer financièrement les parents au début de l’école secondaire, c’est à ce moment que ça coûte cher.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision