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Bernard Bertossa met en cause la justice suisse

Bernard Bertossa, à quelques pas de la retraite. Keystone

Alors qu'il s'apprête à prendre sa retraite du Tribunal pénal fédéral, le Genevois parle de 'législation insuffisante' et critique Christoph Blocher dans une interview publiée samedi par le «Tages-Anzeiger».

Ce contenu a été publié le 29 décembre 2007

La carrière de Bernard Bertossa, qui a été procureur général du canton de Genève pendant 12 ans, s'achève après quatre années passées à Bellinzone comme juge au Tribunal pénal fédéral.

Les lois suisses ne permettent quasiment pas de détecter les activités terroristes en Suisse, estime Bernard Bertossa en passe de prendre sa retraite du Tribunal pénal fédéral. La législation est insuffisante, a-t-il dit dans un entretien au «Tages-Anzeiger».

Les dispositions légales ne sont pas seules en cause, les autorités judiciaires sont également critiquées. La justice est bien plus efficace contre les petits poissons que contre les criminels économiques. Il n'y a quasiment pas de plaintes pour blanchiment d'argent, a-t-il constaté.

L'ex-procureur genevois n'est pas tendre avec le Ministère public. La qualité des réquisitoires n'est pas toujours «la meilleure». Le procureur de la Confédération a envoyé des cas au Tribunal pénal fédéral qui ne le concernait pas, selon lui. Il était sous pression pour produire des plaintes.

Rappelons que le Genevois a présidé deux procès liés à Al-Qaïda. Dans le premier, le ministère public n'a par exemple pas réussi à présenter des preuves convaincantes d'appartenance à une organisation criminelle.

Christoph Blocher, fauteur de troubles

Pour Bernard Bertossa, Christoph Blocher est aussi largement responsable. Le ministre de Justice et Police, non réélu le 12 décembre dernier, a créé une ambiance qui a provoqué insécurité et désordre.

«Je constate simplement que les méthodes de ce monsieur ont entraîné une mauvaise ambiance au ministère public, à la police fédérale et à l'Office fédéral de la justice», a dit Bernard Bertossa.

«Je trouve aussi inadmissible qu'un ministre de la Justice critique des verdicts qui ne lui conviennent pas. Dans une démocratie, ce sont les tribunaux qui interprètent les lois et non le ministre.»

swissinfo et les agences

Bernard Bertossa

Bernard Bertossa est né en 1942 à Genève. Après des études de droit à Genève, il travaille dans des études d'avocats où il s'initie au Barreau, puis est élu au Tribunal genevois de première instance. Il présidera le tribunal de police, celui des baux et loyers, le Tribunal, puis la Chambre d'accusation.

Elu procureur général du canton de Genève en 1990, il lance en 1996 l'Appel de Genève avec des collègues européens, afin d'obtenir les moyens judiciaires nécessaires pour lutter contre la criminalité internationale, notamment contre ses circuits financiers.

Il démissionne en 2002, est appelé comme expert dans des procédures judiciaires et soutient le mouvement de juristes suisses Trial qui agit en matière de génocide, de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de torture.

En 2003, il est élu juge au nouveau Tribunal pénal fédéral situé à Bellinzone par l'Assemblée fédérale suisse. Sa carrière se termine officiellement le 31 décembre 2007, mais à 65 ans, le magistrat suisse a de nombreux projets.

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