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Carnaval, un vent libertaire pour chasser l’hiver

Les Guggenmusik ne sont apparues qu’après les guerres napoléoniennes. Keystone Archive

Le carnaval bat son plein en Suisse depuis jeudi. Les festivités vont se succéder jusqu'au fameux rendez-vous bâlois, qui débute le 5 mars. L'occasion de se pencher sur cette fête, célébrée juste avant l'arrivée du printemps.

On trouve déjà des traces du carnaval chez les Celtes et les Romains. Si cette festivité se fait ensuite plus discrète, elle réapparaît vers le XIe- XIIe siècle.

Cérémonie populaire, cette tradition évolue avec ceux qui la célèbrent. Un exemple: les Guggenmusik, qui rythment désormais les divers cortèges, ne sont apparues qu’après les guerres napoléoniennes. Les soldats ont en effet inventé les fanfares villageoises.

Mais parfois aussi, cette fête meurt. En Suisse, elle a notamment disparu dans certains cantons protestants. «Elle a été supprimée délibérément, précise l’ethnologue genevois Christophe Gros. Pour des raisons d’ordre public, de morale, et pour des motifs économiques.»

Pour autant, cette tradition se porte très bien. «Elle est en pleine vitalité, confirme Christophe Gros. En Suisse, j’ai toujours été frappé par la bonne tenue et l’esthétique des carnavals.» La preuve? Ces festivités renaissent même dans certaines régions.

C’est que, aujourd’hui comme hier, les hommes ont besoin de transgresser les règles de la société, durant une période définie. Le temps d’un carnaval, ils deviennent les acteurs d’un spectacle de rue, s’exhibent véritablement. Et vont jusqu’à exprimer ce qui est traditionnellement caché, la peur de la mort et leurs désirs. Sans oublier la moquerie, notamment à l’égard des politiciens.

Ce n’est donc pas un hasard si les pièces et journaux satyriques ont une place de choix dans cette fête. De même que les masques, qui permettent à chacun de dire les choses dans l’anonymat, mais aussi de jouer des rôles.

Ce déchaînement aux parfums libertaires précède traditionnellement le Carême. «C’était la dernière occasion pour manger de la viande, boire du vin, danser et chanter, confirme Christophe Gros. On devait le faire, avant de passer à quarante jours d’abstinence.»

Mais ne vous y trompez pas! Le carnaval célèbre avant tout le renouveau de la nature, comme si les énergies déployées devaient définitivement chasser l’hiver et le froid. D’ailleurs, la tradition catholique serait simplement venue se greffer sur une pratique plus ancienne.

Reste une certitude: le carnaval existe toujours, en Suisse comme ailleurs dans le monde. Et comme le dit Christophe Gros, «c’est bien d’expliquer les choses, mais les gens font la fête par tradition, sans avoir besoin de savoir pourquoi!»

Caroline Zuercher

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