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Couteau suisse en cours de fabrication

Aujourd’hui en Suisse

Chères lectrices, chers lecteurs,

En raison du conflit à Gaza, on parle un peu moins de la guerre en Ukraine. Pourtant, elle continue bel et bien et a des effets concrets en Suisse. C’est notamment le cas pour l’activité diplomatique de la Genève internationale et de l’activité économique du fabricant du célèbre couteau suisse. Mais comme vous le verrez dans cette sélection de l’actualité, certaines entreprises arrivent à titrer leur épingle du jeu.

Bonne lecture,

Tête d'un musulman en train de prier prise de dos.
KEYSTONE/© KEYSTONE / MICHAEL BUHOLZER

On pense généralement que se convertir à l’islam est une chose très simple et qu’il suffit de prononcer deux fois une profession de foi devant témoins. Mais les choses sont un peu plus complexes. Il y a plusieurs choses à savoir avant pouvoir pratiquer l’islam, tant au niveau du dogme qu’au niveau pratique. Le rite de la prière, en particulier, demande du temps pour être maîtrisé.

En Suisse, l’accompagnement des personnes qui souhaitent se convertir à l’islam est souvent assuré par les associations musulmanes locales. Une étude se penche pour la première fois sur cet accompagnement. Chercheur auprès du Centre Suisse Islam et Société de l’Université de Fribourg, Federico Biasca a analysé l’offre de quinze associations de Suisse romande et du Tessin.

La part de personnes converties représenterait entre 2 et 3% de la communauté musulmane de Suisse. Il n’existe pas de profil type des personnes souhaitant se convertir à l’islam, mais l’étude montre que l’idée d’une conversion attire plus particulièrement des jeunes, voire des très jeunes. Elle montre également que beaucoup de personnes entrent en contact avec l’islam sous un angle plutôt social, c’est-à-dire en fréquentant des connaissances musulmanes.

Ce sont essentiellement les imams qui s’occupent de l’accompagnement des personnes voulant se convertir à l’islam. Ces responsables religieux vérifient notamment que les demandes de conversions répondent à de «bonnes motivations» et déconstruisent les savoirs approximatifs ou extrémistes qui peuvent être glanés sur Internet.

  • L’interview de l’auteur de l’étude Federico Biasca sur swissinfo.ch
Salle de l'ONU à Genève vide
KEYSTONE

Siège de plusieurs organes des Nations unies, Genève est souvent qualifiée de «capitale de la paix». Et il est vrai que de nombreuses négociations visant à obtenir la paix dans les points chauds du monde se sont déroulées dans la ville du bout du Léman. Mais depuis la signature d’un cessez-le-feu pour la Libye, en 2020, c’est un peu le calme plat sur le front de la paix dans la Genève internationale.

La plupart des processus de paix engagés à Genève sont au point mort. Ce blocage s’explique notamment par la position de la Russie, qui reproche à la Suisse d’avoir perdu sa neutralité depuis le début de la guerre en Ukraine. Moscou a par exemple demandé et obtenu en 2022 la suspension des pourparlers sur la Syrie. Le mois dernier, la Russie a encore menacé de déplacer vers un autre pays les négociations sur la Géorgie, qui se déroulent habituellement dans le cadre du siège de l’ONU à Genève.

Mais il ne faut pas tout mettre sur le compte de l’attitude hostile de Moscou. La Genève internationale souffre aussi d’une redistribution des cartes à l’échelle internationale: de l’Ouest vers l’Est et du Nord vers le Sud. En termes plus clairs, la contestation de l’ordre mondial hérité de la Seconde Guerre mondiale entraîne aussi des conséquences sur le rôle de Genève dans les processus de négociation. Désormais, les accords se négocient ailleurs, par exemple à Istanbul (sur le blé ukrainien). Par ailleurs, les positions du Conseil fédéral sur la guerre en Ukraine ou à Gaza font apparaître la Suisse moins neutre qu’autrefois, ce qui joue aussi un rôle.

Pour autant, la Genève internationale n’a pas complètement perdu de son influence. L’absence de grands rendez-vous médiatiques ne signifie pas qu’il ne s’y passe absolument plus rien. «La plupart des négociations de paix se font dans l’ombre», souligne l’ancien directeur des Nations unies à Genève, Michael Møller. Selon lui, le dialogue entre les protagonistes de différents confits continue d’avoir lieu à Genève, aussi bien dans les différents organismes de l’ONU qu’au sein d’organisations de médiation privée comme le Centre pour le dialogue humanitaire.

  • Enquête de swissinfo.ch sur ce qu’il reste de la place de la Genève internationale dans les processus de paix  
  • «Genève et les moyens de la paix», un éditorialLien externe de la Tribune de Genève
  • En décembre dernier, swissinfo.ch annonçait ce qui attend la Genève internationale en 2024
Couteau suisse en cours de fabrication
KEYSTONE/© KEYSTONE / GAETAN BALLY

Un durcissement des réglementations sur les armes affecte les affaires de l’entreprise suisse Victorinox, surtout connue pour fabriquer le célèbre «couteau suisse». Compte tenu de directives toujours plus restrictives et contraignantes, Victorinox planche sur plusieurs versions de couteaux de poche dépourvus de lame.

La situation n’est pas totalement nouvelle. Les attentats du 11 septembre 2001 – où les terroristes armés de cutters avaient détourné des avions – avaient déjà donné lieu à un sérieux tour de vis dans les réglementations. Les ventes de couteaux suisses avaient alors chuté de 30% du jour au lendemain. Mais désormais, les règles ne concernent pas seulement les voyages. En Grande-Bretagne par exemple, où les faits divers impliquant des couteaux se multiplient, le port d’un couteau même de poche est limité.

La guerre en Ukraine entraîne également des répercussions importantes pour l’entreprise. Victorinox n’exporte plus ses couteaux de poche en Russie, qui constituait auparavant un marché important. C’est donc un coup dur pour une entreprise qui exporte 80% de sa production. Heureusement pour elle, le retour des touristes en Suisse après le confinement dû à la pandémie a permis de compenser en grande partie la perte du marché russe.

Manifestation contre les activités de Nestlé en Russie
KEYSTONE/© KEYSTONE / LAURENT GILLIERON

Contrairement à Victorinox, de nombreuses entreprises suisses n’ont pas cessé leurs activités en Russie. Selon une enquête de RTS, certaines multinationales dégagent des revenus qui sont presque aussi importants qu’avant le début du conflit en Ukraine, en février 2022. Les activités commerciales observées ne sont pas illégales, mais soulèvent des questions éthiques.

Certaines grandes entreprises suisses, comme le cimentier Holcim ou le chocolatier Lindt & Sprüngli, ont quitté le marché russe pour des raisons éthiques. Mais la majorité d’entre elles ont au contraire décidé d’y rester. Selon des données provisoires, la Suisse a exporté pour plus de 2,6 milliards de francs en Russie l’an dernier.

Ces exportations ne sont pas illégales, car elles concernent des produits qui ne sont pas touchés par les sanctions internationales que la Suisse applique. C’est ainsi que parmi ces exportations, les produits pharmaceutiques, exclus des sanctions pour raisons humanitaires, se taillent la part du lion (2,1 milliards de francs).

Les chiffres 2023 n’englobent pas les activités des entreprises suisses restées sur place. C’est par exemple le cas du géant alimentaire Nestlé qui emploierait aujourd’hui encore 6000 personnes dans six usines en Russie pour la production, notamment de chocolat, de café soluble ou d’aliments par animaux. Là encore, ces activités ne sont pas illégales, mais peuvent poser un problème éthique du moment qu’elles financent indirectement l’État russe par le biais des impôts et des taxes.

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