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Comment relancer l’économie forestière suisse

L'industrie du bois suisse doit améliorer sa rentabilité. Keystone

L’Office fédéral de l’environnement lance une nouvelle politique forestière qui prône un soutien accru au privé et une diminution des subventions. Au grand dam des écologistes.

Financé par la Confédération, les cantons, les communes et des tiers, son projet devrait coûter 2,7 milliards de francs jusqu’en 2015.

L’Office fédéral de l’environnement a présenté lundi à Berne toute une série de propositions pour sortir l’économie forestière de la crise.

Si certaines de ces mesures peuvent être rapidement mises en pratique, d’autres nécessiteront des modifications légales.

Le nouveau programme forestier (PFS) devrait servir de base à la politique de la Confédération jusqu’en 2015.

Concrètement, le PFS fixe deux priorités: la stabilité des forêts protectrices et le maintien de la diversité biologique.

Ce qui réduit de fait le champ des subventions fédérales qui se limiteraient à ces deux domaines uniquement.

Une adaptation à la réalité

Il s’agit désormais d’adapter la pratique de la Confédération aux réalités, explique le directeur de l’office Philippe Roch.

Concrètement, l’économie devrait disposer de beaucoup plus de liberté et ne plus être obligée de requérir une autorisation pour chacun de ses actes.

Des surfaces maximales supérieures pour les coupes rases devraient ainsi être autorisées. En augmentant la marge de manoeuvre de l’économie, il s’agit de rendre le secteur forestier plus efficace.

Mais il est clair que la Confédération doit définir des conditions-cadres d’exploitation des forêts et poserait des standards de protection minimaux.

Pour cela, une norme écologique devrait être inscrite dans la loi. Plusieurs compétences devraient être déléguées aux cantons.

Economie suisse forestière – l’Association des propriétaires suisses de forêts – relève d’ailleurs avec satisfaction «l’assouplissement modéré des restrictions imposées aux exploitants forestiers».

Accroître la production

Mais, et c’est nouveau, le gouvernement ne verserait plus d’indemnités pour la production de bois en forêt.

Par contre, l’Office fédéral de l’environnement veut parallèlement accroître la production de bois.

Car, dit-il, le bois constitue une matière première et une énergie renouvelable importantes.

Autre avantage des forêts, elles contribuent à stocker le CO2 issu des diverses combustions, chauffage, industrie ou circulation automobile.

Enfin, l’industrie du bois apporte une valeur ajoutée dans le pays et offre 94’000 emplois à la Suisse.

Les pistes des écologistes

La politique de «l’exploitation industrielle du bois» est une «véritable aberration» qui mène tout droit à «l’abandon de la sylviculture écologique», dénoncent les associations écologistes.

Le WWF, Pro Natura et ASPO/BirdLife Suisse ne se contentent pas de critiquer. Elles avancent d’autres pistes.

Pour ces ONG, l’économie forestière suisse peut être réorientée dans le cadre de la loi moderne préexistante de 1991 et en harmonie avec la nature.

Pour cela, estiment-elles, «la production de bois doit se spécialiser encore et se concentrer sur les essences de bois de valeur».

Représenté par le label FSC, le certificat de performance écologique offre par ailleurs «de bonnes perspectives» dans ce domaine.

Des mesures progressives

Le programme, élaboré sur mandat du conseiller fédéral Moritz Leuenberger, énumère douze objectifs. Cinq d’entre eux ont été déclarés prioritaires.

A long terme, il s’agit d’assurer la fonction protectrice des forêts, de maintenir voire favoriser la biodiversité, de conserver la qualité des sols et de l’eau potable.

Mais, dans le même temps, il s’agit aussi de renforcer la filière du bois et d’améliorer la rentabilité des entreprises forestières.

Parmi les mesures qui peuvent être directement mises en oeuvre figurent la délimitation de forêts protectrices (selon des critères fixés par la Confédération) et la fixation de critères pour la biodiversité.

D’autres, en revanche, nécessitent des modifications légales. C’est le cas de la création d’une norme écologique minimale pour la gestion des forêts. Ou la renonciation à la compensation en nature au profit de mesures de protection de la nature et du paysage lors de défrichements.

Une procédure en trois temps

Le Département fédéral de l’environnement (DETEC) devrait présenter à l’automne un projet de message au gouvernement. Il sera ensuite mis en consultation.

Et c’est entre 2005 et 2006 que le Parlement devrait débattre des mesures proposées.

Jusqu’à cette échéance, les coûts estimés pour la Confédération, les cantons, les communes et les privés s’élèvent à 2,7 milliards de francs.

L’Office fédéral de l’environnement verserait chaque année quelque 95 millions, soit 30 millions de moins qu’actuellement.

swissinfo avec les agences

– Le programme forestier suisse (PSF) constitue la base de la nouvelle politique du gouvernement jusqu’en 2015.

– Il veut répondre à la crise que traverse actuellement l’industrie du bois et il comporte cinq objectifs prioritaires sur les douze qui sont prévus.

– Le PSF propose notammnent que la Confédération ne subventionne plus que les prestations dans deux domaines: les forêts protectrices et la biodiversité.

– Une plus grande flexibilité devrait être garantie à l’industrie privée et la production en forêt ne devrait plus être subventionnée.

– Il sera débattu au Parlement entre 2005 et 2006.

– Il est budgété à 2,7 milliards de francs répartis entre la Confédération, les cantons, les communes et les privés.

– Dans ce cadre, l’OFEFP verserait quelque 95 millions de francs par an, soit 30 millions de moins qu’actuellement.

– L’industrie du bois offre 94’000 emplois. Et les pouvoirs publics sont propriétaires de 72% des forêts.

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