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Couchepin plaide pour une Suisse plus ouverte

Pascal Couchepin répond aux questions des journalistes de swissinfo. swissinfo C Helmle

Le nouveau président de la Confédération est convaincu que la Suisse doit adhérer à l'Union européenne. Mais le processus doit se faire à petits pas.

C’est ce qu’ a déclaré Pascal Couchepin dans une interview exclusive accordée à Imogen Foulkes et Olivier Pauchard, de swissinfo.

C’est la première fois que le conseiller fédéral (ministre) Pascal Couchepin reprend la présidence tournante de la Confédération. Il entrera en fonction le 1er janvier et la quittera le 31 décembre.

Fonction oblige, le président de la Confédération a davantage de contacts avec les représentants politiques étrangers que les autres membres du gouvernement suisse. Pascal Couchepin sera donc souvent en relation avec les représentants de l’Union européenne (UE).

Or la Suisse et l’UE sont actuellement dans une intense phase de négociations, afin de faire aboutir un second paquet d’accords bilatéraux. Mais les pourparlers sont ardus, notamment en ce qui concerne le secret bancaire défendu par la Suisse.

En cette année présidentielle, Pascal Couchepin sera donc en première ligne sur le front européen.

swissinfo: Quelle sera la coloration de votre présidence de la Confédération?

Pascal Couchepin: Il faut être modeste quand on parle de donner une coloration particulière à la présidence du Conseil fédéral. D’abord parce qu’on n’est en place que pour une année.

Deuxièmement, je crois que les membres du Conseil fédéral sont très attachés au principe qui veut que le chef de l’Etat ne soit pas le président de la Confédération mais l’ensemble du Conseil fédéral. Le président de la Confédération est simplement un «primus inter pares» (un premier parmi des égaux).

Dans cet esprit, la coloration que peut donner un président dépend plus des événements extraordinaires qui peuvent survenir, auxquels il faut réagir immédiatement. Et cette réaction est, là, très marquée par la personnalité du président. Alors jugez-moi dans une année.

swissinfo: Mais quels sont les points qui vous tiennent à cœur?

P.C.: Le point essentiel, qui fait partie du cahier des charges ordinaires du président de la Confédération, c’est de renforcer la cohésion nationale, la compréhension entre régions linguistiques, d’éviter que des conflits sociaux ne dégénèrent sans raison et, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, de faire en sorte que les Suisses aient un regard bienveillant les uns envers les autres.

Si un Suisse a une autre opinion, ce n’est pas un ennemi, c’est au pire un adversaire politique. Un Suisse n’est jamais un ennemi pour un autre Suisse.

swissinfo: Pendant cette année présidentielle, vous allez rencontrer des collègues européens. Certains, dans une UE en train de s’élargir, considèrent la Suisse comme une sorte d’île. Comment allez-vous leur expliquer cette particularité?

P.C.: Cela dépend de l’interlocuteur avec lequel je me trouve. Quand je rencontre des collègues étrangers, certains manifestent beaucoup de compréhension pour l’attitude de la Suisse.

Mais je crois surtout qu’il faut rappeler à nos interlocuteurs que la force de l’Europe a été la diversité. De temps en temps, je suis un peu irrité par les réflexions de tel ou tel représentant des médias, de l’économie – rarement de la politique – qui considère que la diversité ne peut exister qu’à l’intérieur de l’UE.

Nous sommes dans une situation différente des autres pays européens, cela ne nous empêche pas d’être un pays d’Europe ni d’avoir de bonnes relations avec l’UE. Nous ne sommes pas obligés de tous marcher exactement au son de la même musique.

swissinfo: Il y a quand même une musique qui tient à cœur à l’UE, c’est le problème du secret bancaire. Comment voyez-vous les choses pour l’année 2003?

P.C.: Comme vous le savez, nous avons fait une proposition très généreuse à l’UE. C’est le prélèvement d’une retenue fiscale sur le revenu des capitaux des citoyens de l’UE placés en Suisse.

C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un pays qui n’est ni colonie ni vassal prélève un impôt au profit d’un autre Etat. Cette proposition généreuse a été critiquée par certains partenaires européens, mais je crois qu’aujourd’hui nous sommes très proches d’une solution.

J’espère que, dans les jours qui viennent, nous déboucherons sur un accord basé sur notre proposition et sans l’abandon de ce que nous considérons comme non discutable, c’est-à-dire le maintien du secret bancaire.

Or, si nous aboutissons dans ce dossier, nous aboutirons aussi dans d’autres dossiers des négociations bilatérales, voire sur un troisième paquet de négociations bilatérales.

swissinfo: L’adhésion à l’UE est-elle toujours un dossier d’actualité?

P.C.: Le Conseil fédéral maintient son «but stratégique», comme on dit. Cela n’a pas une conséquence pratique énorme. La preuve, c’est que l’UE ne nous invite pas lorsqu’elle invite les pays candidats à l’adhésion.

Par contre, le retrait de cette demande d’adhésion aurait une signification politique importante, raison pour laquelle le Conseil fédéral entend la maintenir. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour ces prochaines années.

swissinfo/Propos recueillis par Olivier Pauchard et Imogen Foulkes

-Le président de la Confédération n’est en fonction que pendant un an.
-Les sept membres du gouvernement assument ce rôle selon un système de tournus.
-Le président reste à la tête de son ministère et n’est pas investi de pouvoirs spéciaux.
-Son rôle est essentiellement honorifique (visites d’Etat, vœux de nouvelle année, etc…).

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