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«My generation». Et les autres

Roger Daltrey et Pete Townshend, de retour sur scène après plus de vingt ans. Keystone Archive

De Woodstock à Paléo, les Who ont perdu deux piliers, et pris quelques rides. Et malgré de beaux restes, leur musique s'est empâtée. Celle des Wampas, par contre, explose d'énergie bondissante. Et le public – jeune surtout – qui a enchaîné les deux concerts ne s'y est pas trompé.

Que reste-t-il des Who ? En les voyant en 1976, je n’imaginais pas avoir un jour à me poser la question.

A l’époque, ils passaient pour le meilleur groupe de scène du monde. Pete Townshend moulinait sur sa guitare quelque chose comme la quintessence du rock n’roll en faisant des sauts de cabri d’un bout à l’autre de la scène. Et Roger Daltrey envoyait valser son micro dans les airs entre deux couplets hurlés d’une voix de stentor.

Ces deux-là sont encore là. Mais John Entwistle et sa basse tantôt vrombissante comme une turbine d’avion, tantôt tendue comme une deuxième guitare solo, et Keith Moon, qui faisait pleuvoir sur ses peaux des avalanches de coups comme jamais un batteur de rock n’en avait donné avant lui; ces deux-là sont morts.

Le carré d’as magnifique n’est plus qu’une paire, bancale comme peut l’être un tabouret à deux pieds. Quand ils étaient encore quatre, les Who disaient pourtant que le départ d’un seul suffirait à tuer le groupe.

Non que les remplaçants soient médiocres, loin de là. Mais là où leurs prédécesseurs avaient donné une nouvelle place à la section rythmique, sur la même ligne que les mélodistes, Pino Palladino et Zak Starkey (Ringo Starr junior, par ailleurs également batteur d’Oasis) sont juste d’excellents accompagnateurs.

«D’un autre âge»

Et les deux frontmen alors ? Certes, ils portent la soixantaine encore très fit. Mais malgré des efforts louables, Daltrey n’a plus le coffre pour certains de ces hymnes à la révolte, écrits à une époque où les Who espéraient «mourir avant d’être vieux», comme il est dit dans «My generation».

Le titre est toujours au répertoire. Mais de quelle génération on parle au fait ? Celle qui a découvert les Who par les quelques secondes de leurs chansons servant de générique à la triple série TV «Les experts» ne manque pas d’ovationner ces trois titres-repères.

Et pour les autres, il y a l’envoûtant «Behind blue eyes» (l’original, pas la reprise calamiteuse de Limp Bizkit), les classiques «Can’t explain» ou «Substitute» et le final sur un medley de «Tommy». Comme à Woodstock… enfin presque, parce que ces chansons cent fois entendues semblent ici un peu empâtées, boursouflées, asthmatiques.

Et les grands effets de Townshend pour montrer qu’il a encore la main leste du premier «guitar hero» qu’il fut, avant même l’invention du terme (et il l’a, sans aucun doute) ne suffisent pas à mettre le feu à la plaine.

Il nous avait pourtant prévenus, avant de gratter son premier riff: «Nous venons d’ailleurs, d’un autre âge, où vous n’étiez pas nés».

«Un vrai groupe de scène»

Charles et Amandine n’étaient pas nés. Vingt ans, étudiants, musiciens, comédiens à leurs heures, bien imprégnés de culture «sixties» (comme une partie de leur génération), ils n’en vivent pas moins dans leur époque.

Et eux aussi sont restés sur leur faim. Pour lui, il est bon que ses créateurs puissent encore transmettre une musique qui a changé quelque chose dans la vie de tellement de gens. Mais pour elle, c’était juste un concert de plus, «un peu kitsch», et bien moins dansant que celui de Goran Bregovic.

Et moins aussi que celui des Wampas, juste après sous le chapiteau. Les Français, derniers rescapés du «yéyé-punk», n’ont pourtant que vingt ans de moins que les Anglais. Mais quelle pêche!

Le gang ne veut pas seulement mettre «Chirac en prison», il sait aussi faire monter une centaine de filles du public sur la scène pour dynamiser sa version aux amphés de «Où sont les femmes ?», le tube de Patrick Juvet.

Et lorsque le chanteur Didier Wampas nage sur la foule, ou grimpe aux piliers du chapiteau, ces singeries ont exactement l’effet voulu: faire trépigner la foule de joie. Toutes générations confondues.

«Ça c’est un groupe de scène!», commente sobrement Charles.
Que dire de plus ?

Le Paléo Festival se tient à Nyon, sur le terrain de l’Asse (près de la sortie de l’autoroute), du 18 au 23 juillet.

Tous les billets ont été vendus dans les quelques jours qui ont suivi l’ouverture de la location, à fin avril.

Cette année, Paléo double la mise: ce ne sont plus 500 mais 1000 billets par soir qui sont mis en vente le jour même dès 9 heures sur paleo.ch (billets imprimables à domicile) ainsi qu’aux points de vente Ticketcorner.

Inutile de dire qu’ils filent très vite et que la concurrence est rude.

Aucun billet n’est vendu sur place… si ce n’est au marché noir, comme partout.

Cali, Tracy Chapman, Amadou & Mariam, Infadels, Editors, The Rakes, We are Scientists, Shantel, Fanfare Savale, Warsaw Village Band, Champion, Jack the Ripper, William White, Hell’s Kitchen

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