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Cuno Amiet, d’un pont à l’autre

Cuno Amiet fut l'un des précurseurs du modernisme en Suisse. Cuno Amiet - détail de l'affiche de l'exposition

Dès le 31 août, le Musée Rath de Genève propose une exposition intitulée «Cuno Amiet. De Pont-Aven à Die Brücke», un regard sur la trajectoire étonnante du peintre soleurois.

Tout d’abord, Pont-Aven, village breton niché non loin de Concarneau, remarqué au milieu du 19e siècle par des artistes américains, suivis un peu plus tard, en 1886, par un certain Paul Gauguin. Lors d’un deuxième passage, en 1888, et influencé par le jeune Emile Bernard, Gauguin se détourne de l’impressionnisme et laisse s’exprimer son goût pour les couleurs fortes. «Comment voyez-vous cet arbre, il est bien vert ? Mettez donc du vert, le plus beau vert de votre palette; et cette ombre plutôt bleue? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible», aurait dit Gauguin au peintre Paul Sérusier. L’Ecole de Pont-Aven était née.

Ailleurs, bien plus au nord et quelques années plus tard (1905), Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel, Karl Schmitt-Rottluff et Fritz Bleyl, quatre anciens élèves de l’Ecole supérieure de Dresde, forment l’association «Die Brücke», qui concrétise leur volonté de jeter un pont entre l’art et la vie. Là également foisonnent les couleurs fortes, et l’influence du primitivisme. Mais s’y ajoute la violence spécifique à l’expressionnisme allemand.

Pont entre ces deux «ponts»: le peintre Cuno Amiet, né à Soleure en 1868, l’un des précurseurs du modernisme en Suisse, aux côtés de Ferdinand Hodler et de Giovanni Giacometti, le père d’Alberto, dont Cuno Amiet sera d’ailleurs le parrain. Le peintre soleurois se joint au groupe de Pont-Aven dès 1892, puis, repéré par les quatre artistes allemands, se rallie à «Die Brücke» en 1906. Sans pour autant développer la même âpreté que ses confrères germaniques, car chez Amiet, ce n’est pas l’expression des déchirements intérieurs qui est prioritaire, mais bien la réflexion sur la forme et la couleur.

Fallait-il être suisse, c’est-à-dire à la croisée des cultures latine et germanophone, pour se sentir à la fois proche des coloristes français et des expressionnistes de Dresde? Quoi qu’il en soit, Cuno Amiet, décédé en 1961, fut le seul peintre à être ainsi associé aux deux mouvements. Pont-Aven et «Die Brücke», deux étapes sur la route foisonnante qui a mené le peintre soleurois du naturalisme à l’abstraction.

C’est cette trajectoire que présente en une centaine d’oeuvres le Musée Rath de Genève, reprise d’une exposition créée en début d’année au Kunstmuseum de Berne. A voir jusqu’au 7 janvier 2001.

Bernard Léchot

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