Henri Verneuil ne tournera plus

Le cinéaste français Henri Verneuil, domicilié en Romandie, est décédé vendredi à Paris. Il nous laisse un demi-siècle de films.
De «La table aux crevés» (1951) à «588 Rue Paradis» (1992), Henri Verneuil aura marqué le cinéma français par nombre de titres qui résonnent encore très fort à nos oreilles: «Mélodie en sous-sol», «Un singe en hiver», «Le clan des Siciliens», «Peur sur la ville»… Et cela même si les cinéphiles avec un grand C, face aux œuvres de Verneuil, auront souvent fait la fine bouche pour cause de cinéma dit «commercial».
De Malakian à Verneuil
Henri Verneuil était né Achod Malakian le 15 octobre 1920 en Turquie. Il a passé son enfance à Marseille, où sa famille s’était réfugiée en 1924 pour fuir le génocide arménien. Et il a même vécu plusieurs années à Pully (VD).
Le cinéma n’a pas été immédiatement une évidence pour lui. Ecole nationale des Arts et Métiers d’Aix-en-Provence, diplôme d’ingénieur en 1943, il s’oriente alors vers le journalisme – presse écrite et radio – et la critique.
Dans la seconde moitié des années 40, il s’attaque au 7e art par le biais de plusieurs courts-métrages. En 1950, il adapte «La table aux crevés» de Marcel Aymé, et donne le rôle principal à Fernandel. Ce ne sera pas leur dernière collaboration, qu’on pense au «Mouton à cinq pattes» (1954) ou à «La vache et le prisonnier» (1959).
Défilé de stars
Fernandel pour le rôle principal de son premier film? Henri Verneuil en a gardé un goût certain pour les stars, qui tournera avec Gabin, Ventura, Blier, Belmondo, Delon, Montand… mais aussi Anthony Quinn, Charles Bronson ou Henry Fonda.
Car «Mélodie en sous-sol», en 1963, lui apporte de nombreux prix et une célébrité mondiale. C’est dans la foulée qu’il partira aux USA, appelé par la Metro Goldwyn Mayer. Deux superproductions made in Hollywood en résulteront: «La 25ème heure» (1966) et «La bataille de San Sebastian» (1967).
De retour en France, armé de sa propre maison de production et de budgets pour le moins musclés, il va accumuler les succès populaires: «Le Clan des Siciliens» (1969), «Le Casse» (1971), «Le Serpent» (1973), «Peur sur la Ville» (1974), «Le Corps de mon Ennemi» (1976), «I… comme Icare» (1979), «Mille milliards de dollars» (1982), «Les Morfalous» (1984).
De Verneuil à Malakian
En 1985, c’est un autre homme que le public découvre. Le réalisateur comblé s’est en effet retourné sur son passé et, devenu écrivain, publie «Mayrig», où il raconte son enfance de jeune Arménien émigré avec sa famille en France. Un best-seller qui sera traduit dans de nombreuses langues.
C’est cette veine nostalgique qu’il développera avec ses deux derniers films «Mayrig» (1991) et «588 rue Paradis», qui ne rencontreront pas le retentissement de ses grands succès des années 60 et 70.
L’heure est désormais à la reconnaissance officielle… Pour «Mayrig», il reçoit le Grand Prix de l’Académie du Cinéma. Puis l’Académie française lui décerne un Grand Prix pour l’ensemble de son œuvre. En 1996, c’est un César d’Honneur qui lui échoit et enfin, en 1999, il est élu membre de l’Académie des Beaux-Arts.
Bernard Léchot

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