Des perspectives suisses en 10 langues

«If the sun refused to shine»

Brian May, ex-guitariste de Queen, une star au naturel. Keystone Archive

Curieuse soirée que cet hommage au label américain Sun Records samedi au Montreux Jazz Festival. La présence de méga stars anglaises au programme a certainement entretenu la confusion. Ceux qui attendaient des reliques de Led Zeppelin, de Queen ou des Stones en ont été pour leurs frais.

Pour Bill Wyman, au moins, les choses sont claires. Depuis qu’il a quitté les pierres-qui-roulent, le bassiste le plus placide de la scène rock n’a d’autre option que de faire revivre la soul, le R n’ B, et le blues des années cinquante. Et ses Rythm Kings s’y entendent à merveille.

Première partie excellente donc, avec ce groupe réellement festif, mêlant les papys encore bien verts (uncle Bill, Georgie Fame et le magnifique Albert Lee) à des talents plus jeunes, qui nous ont offert un beau bouquet de swing, rehaussé d’une magnifique reprise de «Melody» – estampillé Rolling Stones cuvée 1976.

Page & Plant ne sont pas Led Zep

Changement de scène. Un ange passe sur la foule. Les silhouettes de Robert Plant, crinière au vent et Jimmy Page, Gibson portée très bas, investissent la scène. Les nostalgiques sont prêts à réserver un triomphe aux princes du hard rock. Ils vont être déçus…

Techniquement, Plant n’a pas perdu grand chose de cette voix qui fut avant tout celle d’un prodigieux chanteur de blues. Les doigts de son complice, par contre, accusent l’outrage des ans. Les excès de distorsion suffisent mal à cacher le fait que l’immense Jimmy Page n’est plus qu’un «rythm’ guitarist» lourd et empâté.

De ces envolées cristallines qui servirent d’étalon-or à pratiquement tous les solistes des années septante, il ne reste rien – ou si peu. De Led Zeppelin non plus d’ailleurs. Page & Plant font du Page & Plant, un point c’est tout. Et pas plus de quarante minutes. Dans la salle, ça grogne.

Brian May en famille

Ceux qui l’auraient oublié se rappellent brusquement que la soirée est d’abord celle de Sun Record, label légendaire qui fête ses cinquante ans et qui fut celui d’Elvis et de tant d’autres. Pour l’occasion, la compagnie a créé un groupe maison, emmené par un vieux requin de studio, Chris Spedding, très honnête artisan du manche.

Pour l’épauler, Brian May fait une courte apparition. Si la virtuosité de l’ex-guitariste de Queen est intacte – contrairement à celle d’un Page – sa voix n’est pas celle de feu son complice Freddie Mercury. Alors pour l’épauler, Mister May fait appel à Madame et aux enfants, qui viennent jouer les choristes. Sympathique.

Les papys et le dernier carré

Déçue tout de même, la foule a quitté massivement l’Auditorium. Tant pis pour elle. Car passé les faux espoirs (combien de T-shirts Led Zeppelin accoudés au bar, transis, muets ou amers…), la soirée va enfin redémarrer.

Tour à tour Sonny Burgess, Little Milton et Billy Lee Riley viennent sans complexes déterrer la country, le blues et le rock n’roll des années cinquante. Garanti d’origine. Ceux qui sont encore là adorent et ne se privent pas de rocker et de virevolter avec une joyeuse insouciance.

Au final, seul Brian May reviendra exécuter un «Whole lotta shakin’ goin’ on» avec ses aînés. Page? Plant?… aux abonnés absents. Les deux divas s’en sont tenues à la lettre de leur contrat. Attitude regrettable. D’autant que l’an dernier, leurs contemporains de Deep Purple avaient fait preuve d’une autre générosité.

Marc-André Miserez

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision