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L’adieu de Phil Collins, en voisin…

Derrière l''entertainer', l'époustouflant batteur... Keystone

Une cohorte de tubes et un concert qui alterne, dans un mouvement parfaitement huilé, l’énergique et le moelleux…

La star Phil Collins se produisait mercredi soir à l’Auditorium Stravinsky, dans le cadre du 38e Jazz Festival de Montreux.

«No Jacket Required», disait le 3e album solo du batteur-chanteur. «No interview!», annonce quant à elle la page ‘Phil Collins’ du gros classeur où les journalistes présents au Montreux Jazz Festival peuvent inscrire leurs demandes.

On n’en apprendra donc pas davantage, en bilatérale, sur ce «First Final Farewell Tour», que Phil Collins affirme également être son «final tour» tout court. Motif officiel: à 53 ans, il désire prendre le temps de s’occuper davantage de sa descendance.

«Je continuerai à travailler, à enregistrer des disques. Je donnerai peut-être quelques concerts exceptionnels mais je ne ferai plus de tournées», déclarait-il en juin dans les médias.

Le spectacle a été répété en mai dans une patinoire neuchâteloise, puis a ensuite parcouru l’Europe. Cela avant de rayonner dans tous les USA au cours du mois de septembre. Montreux est donc la dernière étape de la tournée européenne, comme l’annonce Claude Nobs en accueillant le maestro sur la scène de l’Auditorium Stravinsky.

In The Air Tonight

Un maestro qui attaque tout de suite en rappelant que son univers à lui, c’est avant tout la batterie. En solo d’abord, en duo ensuite avec le grand Chester Thompson, qui tourna également jadis avec Genesis, en trio lorsque s’ajoute à eux le percussionniste Luis Conte.

Frappe époustouflante, que Phil Collins ne distillera qu’avec parcimonie au cours du concert. Sur le break historique de «In The Air Tonight», et puis à la fin du spectacle, pour conclure là où tout avait commencé…

Sinon, c’est au chanteur qu’on a à faire. Un chanteur qui a décidé de se faire plaisir et de faire plaisir à ses fans en survolant plus de 20 années de carrière solo – aucune chanson de Genesis ne figure à son répertoire – et un nombre de tubes impressionnant.

Cela avec un groupe particulièrement musclé et rutilant: au batteur et au percussionniste s’ajoutent un bassiste (le toujours très barbu Leland Sklar), deux guitaristes (dont Daryl Stuermer), un clavier, quatre cuivres et pas moins de six choristes. Tant qu’à finir sa carrière scénique, autant la finir en beauté!

Le spectacle est construit sur l’alternance: balades nostalgiques («One more Night», «Against All Odds», «Another Day in Paradise», la reprise de «True Colors» de Cindy Lauper) et rythmes énervés façon Memphis – la section de cuivre et les chœurs soulignent comme jamais la dimension ‘soul’ de nombreuses chansons de Phil Collins («Something Happened on The Way To Heaven», «Sussudio»).

Une affaire parfaitement rodée, où l’on regrette parfois le manque de surprise en matière d’orchestration. Phil Collins, lui, joue parfaitement son rôle d’’entertainer’. Trop peut-être: derrière sa jovialité, son attitude de bon copain, on peine à voir la fissure, la part d’ombre qui rend un artiste fascinant.

Mais qu’importe, le public est conquis. Et rassuré lorsque Phil Collins lance, en français bien sûr: «C’est la dernière tournée, mais ce n’est pas la dernière fois que je suis ici!», avant de conclure par une interprétation paroxystique de «Take me Home». Symbolique.

Phil le Vaudois

Après Zurich et Genève, Montreux était la troisième escale helvétique du «First Final Farewell Tour». Une étape incontournable pour une tournée d’adieu, car Phil Collins, qui habite depuis de nombreuses années un village situé entre Lausanne et Genève, a développé des relations étroites avec le Jazz Festival de Montreux.

Il y a joué à plusieurs reprises: en 1986 en compagnie d’Eric Clapton, puis en 1996, et bien sûr en 1998, avec ce Big Band qui faisait sa fierté, car malgré sa trajectoire ‘pop’, Phil Collins est un fou de jazz. La même année, il signait d’ailleurs l’affiche du festival, un drôle de petit batteur rigolard…

Voilà pour les prestations officielles. Mais les fidèles du festival auront également pu le croiser, une année ou l’autre, parmi les spectateurs, ou jammant ici ou là avec des musiciens de passage.

Enfin, lorsqu’il n’y est pas lui-même, c’est parfois grâce à ceux qu’il encourage, à travers la fondation qu’il a créée avec sa femme Orianne, «Little Dreams», que Phil Collins participe à la manifestation montreusienne… Une fondation qui soutient les enfants «qui ont un don ou un talent dans un domaine artistique ou sportif, à réaliser leur rêve».

Des enfants peut-être à l’image du petit Phil qui, à 5 ans recevait son premier tambour, à 13 faisait le figurant – invisible – dans le film «Hard Day’s Night» des Beatles et, à 14, jouait dans une adaptation théâtrale d’Oliver Twist…

swissinfo, Bernard Léchot à Montreux

La 38e édition du MJF se tient du jusqu’au 17 juillet.
Chiffres 2004: un budget de 16,5 millions de francs (record helvétique!), environ 2000 musiciens présents, 250 concerts gratuits, 125 concerts et animations payants, 14 scènes au total.
En 2003, 240’000 visiteurs se sont rendus sur le site, et 86’000 billets ont été vendus.

– Phil Collins est né en 1951 à Chiswick (G-B). Il habite la Suisse depuis 1994.

– Après avoir joué comme batteur dans Genesis, il en devient également le chanteur, après le départ de Peter Gabriel, en 1975.

– Parallèlement à Genesis, qu’il quittera en 1996, et à son autre groupe, «Brand X», il développe une carrière solo dès 1981. Sa tournée actuelle est annoncée comme étant la dernière.

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