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La commission Bergier livre son rapport final

La commission groupée autour de Jean-François Bergier (4e depuis la gauche) le 20 août dernier. Keystone Archive

Ils avaient pour mission de réexaminer le passé de la Suisse. Les membres de la commission Bergier ont remis mercredi leur synthèse finale au Conseil fédéral.

La commission a remis «symboliquement» un exemplaire à une délégation du Conseil fédéral qui l’a reçue pour un repas à la Maison de Watteville.

Ce mercredi n’est pas une date comme les autres pour la Commission indépendante d’experts Suisse – Seconde Guerre mondiale (le nom officiel du collège présidé par le professeur Jean-François Bergier). Car c’est un 19 décembre, il y a cinq ans, qu’est née la commission, de la volonté unanime du parlement.

La Suisse est alors en pleine tourmente de l’affaire des fonds en déshérence. Accusée à de nombreuses reprises, mise sous pression, elle décide de faire toute la lumière sur son attitude durant cette période. Et elle s’en donne les moyens, en lançant ce programme de recherche historique.

La fin du mandat

Une initiative sans précédent. La commission est dotée d’un budget de plus de 20 millions de francs. Outre son président, elle est constituée à parts égales de spécialistes suisses et étrangers. Surtout, elle reçoit le privilège de pouvoir accéder à toutes les archives qui peuvent l’intéresser, publiques ou privées.

1996-2001: cinq ans de recherches qui arrivent à leur terme mercredi. De manière un peu symbolique, la commission va remettre au Conseil fédéral le manuscrit de son rapport de synthèse, ses conclusions d’une certaine manière, le tout en un seul exemplaire. Elle sera ensuite dissoute, puisque son mandat s’arrête le 31 décembre.

Une synthèse attendue

Geste symbolique donc, car la commission est en fait loin d’avoir dit son dernier mot. Elle a commencé, en août dernier, la publication de ses résultats, sous la forme d’études historiques d’une très grande densité. Chaque volume, d’une épaisseur respectable, est consacré à un thème et une période bien précis.

Mais une partie de ces 25 rapports doit encore être publiée. Il s’agit de 7 études (notamment la version finale du rapport sur les transactions d’or nazi), à paraître en mars. Il manque surtout l’essentiel, ou en tout cas le plus attendu: la vue d’ensemble, la fameuse synthèse dont le gouvernement reçoit livraison ce mercredi.

Trois mois de fabrication

Une primeur, car le public, lui, devra attendre le 22 mars prochain, date prévue pour sa publication officielle, pour en découvrir le contenu. Le motif est technique. Trois mois, c’est le temps nécessaire pour terminer la préparation du livre, notamment les traductions, et le passage à l’imprimerie.

Alors le texte pourrait-il encore bouger, notamment suite à d’éventuelles remarques du gouvernement? Non, répond clairement Myrtha Welti, la Secrétaire générale de la Commission Bergier: «Notre travail est terminé. Nous ne changerons plus rien.»

Une situation un peu délicate

D’ailleurs le Conseil fédéral attendra la fin mars pour prendre position. Vous avez dit bizarre? Le gouvernement reçoit un rapport très attendu, en Suisse comme à l’étranger. Mais il compte le garder sous clé durant trois mois. «La situation est un peu délicate», admet un proche du dossier au sein du Département fédéral des affaires étrangères.

Ce document s’annonce en tous cas fondamental. Contrairement aux 25 études, aujourd’hui en bonne partie déjà publiées, ce texte d’environ 450 pages a pour auteurs les membres même de la commission. Il s’adresse en outre au grand public et sera publié en quatre langues: en français, allemand, italien, mais aussi en anglais.

Rédaction par téléphone

Evidemment, cette synthèse résume l’ensemble des résultats obtenus par les historiens de la commission. Mais elle les remet aussi en perspective. «Ce n’est pas une nouvelle histoire de la Suisse, note Marc Perrenoud, conseiller scientifique de la commission. Mais il s’agit tout de même de situer comment on en est arrivé à telle situation et comment tels problèmes se sont développés».

Ce qui est sûr, c’est que ce travail – condenser, prendre du recul – n’a pas été facile à mener. «Il fallait arriver à un consensus, explique Myrtha Welti, et parfois cela a débouché sur des débats très engagés.» Sans compter l’éparpillement géographique des membres de la commission, dont plusieurs résident aux Etats-Unis.

La rédaction s’est donc faite, ces dernières semaines, lors de séances plénières, allongées au besoin sur la durée d’une semaine. Mais il a aussi fallu organiser des conférences téléphoniques nocturnes, à cause du décalage horaire, et cela parfois durant plusieurs heures. Pour quel résultat? Patience jusqu’au 22 mars.

Pierre Gobet, Zurich

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