Le «Salam Aleïkoum» de Raï-X

Le groupe maroco-suisse Raï-X publie son deuxième album, «Salam Aleïkoum». Ouverture et groove au menu, comme en témoigne le leader Samir Essahbi.
«Raï», on comprend, mais pourquoi «X»? «Le raï, je l’ai laissé ouvert par ce X, répond le percussionniste et chanteur Samir Essahbi, fondateur du groupe. On ne fait pas du raï typique. J’essaie d’employer tout ce qui est rythmique. Tout ce qui a un groove, qui bouge, je l’utilise pour ma musique.»
Alors Samir puise bien sûr à sa propre source, la source nord-africaine, en usant particulièrement des différents courants marocains: raï importé d’Algérie et enrichi au Maroc, chaabi, gnawa, musique berbère. Mais pas seulement: il s’amuse également à jeter des ponts entre Marrakech et Kingston (le reggae de «Ayay Ayay» ou de «Aadab El Houb»), voire entre Ouarzazate et La Havane (la rythmique et les cuivres de «Slam Raï-X»)!
Marrakech-Paris-Berne
Samir Essahbi est né au Maroc en 1963. Batterie et percussion se saisissent rapidement de lui, et lorsqu’il s’installera en France, ce sera notamment pour accompagner les stars du raï, Khaled ou Cheb Mami.
Mais il joue également dans un groupe de reggae, qui passe par l’Allemagne, l’Autriche… et la Suisse. Arrêt sur image. Pour motifs affectifs, il dépose ses bagages en Suisse. Regula, sa femme tient aujourd’hui les claviers de «Raï-X» et signe les orchestrations. Histoire de famille: les frères de Samir sont aussi de la partie.
Quitter l’univers qui était le sien à Paris pour redémarrer à Berne, la chose n’a-t-elle pas été trop dure? «Au début, c’était très difficile. En même temps, quand tu es musicien de gens comme ça, tu n’es qu’un musicien. Ce sont eux les stars. Et moi j’avais envie de faire mes choses à moi: j’ai toujours senti que j’avais quelque chose en moi, qui avait besoin d’exploser. C’est pour ça que je me suis installé ici: l’amour, et l’envie de faire quelque chose de personnel».
Un raï qui parle
Samir Essahbi aime la musique qui bouge. Mais pas uniquement. L’envie de dire des choses, il affirme également l’avoir ressentie depuis toujours: «Comme dans un pays comme le mien on ne peut pas dire ce qu’on pense aux politiciens, alors on cherche d’autres chemins. Et le meilleur chemin, c’est la musique et les textes».
Alors Samir n’hésite pas à mélanger tradition («Mimouna», une femme noire esclave dans le Maghreb) et modernité («Khalouni», un jeune nord africain alcoolique pour cause de chômage).
A l’écoute de «Salam Aleïkoum», c’est tout de même la notion de fête qui domine, fête de rythmes et de climats, aussi bien musicaux que géographiques. Même si tous les genres musicaux abordés ne se prêtent pas tous au métissage avec le même bonheur, le voyage est garanti.
Bernard Léchot

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.