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Les HOTEL*S de Stephan Eicher

Eicher: un nouvel album conçu par le public. Keystone Archive

Le chanteur bernois résume sa carrière en publiant ces jours un élégant «best of». Presque vingt ans de carrière sont ainsi survolés en 19 titres.

Souvenir personnel. Place de la République, Paris, juin 1995. La place est noire de monde, qui oscille au rythme tzigane de «Hemmige», chanson écrite il y a bien longtemps par le chansonnier bernois Mani Matter et revisitée par Eicher.

Qui aurait pensé qu’un jour des dizaines de milliers de Parisiens reprendrait en chœur une chanson en Bärndutsch? Moment surréaliste, et significatif de la dose d’intégrité avec laquelle Eicher aura mené sa carrière internationale.

De la réception au roof top bar

On connaît le goût de Stephan Eicher pour les hôtels, puisque non content d’y faire escale lors de ses voyages et de ses tournées, c’est également dans ces lieux à la fois banals et mystérieux qu’il a enregistré quelques-uns de ses plus célèbres albums, notamment «Engelberg» (1991, Hôtel Hess) ou «Carcassone» (1993, Hôtel de la Cité).

Dans le livret du CD, là où les artistes remercient en général leur famille, Dieu et leur producteur, Eicher cite d’ailleurs quelques endroits qui ont dû l’inspirer, de l’Amigo à Bruxelles au Vauban, chambre 304, à Brest… On y passe aussi par Fribourg, Berlin, Paris, New York ou le Mali.

Cyber-compile

Un «best of», il y a paraît-il longtemps que la maison de disques de Stephan Eicher en souhaitait un. Mais l’artiste s’y opposait, préférant avancer que de regarder en arrière. Et puis, un besoin de respiration se faisant sentir – un fléchissement des ventes, diront les méchants – Eicher a eu une idée sympathique: une compile oui, mais dessinée par son public. Le choix des titres s’est donc fait au travers du vote de ses fans, par le biais de son site Internet.

A l’arrivée, et malgré un accent porté principalement sur les chansons en français, un panorama assez complet de la trajectoire du bonhomme, depuis les synthés sautillants des «Chansons bleues» (titre réenregistré pour l’occasion) aux clins d’œil celtiques de «Venez danser» en passant par l’ambiances rock de «Des Hauts, des bas» ou les ambitions orchestrales de «1000 vies».

Diversité musicale, et en même temps, grande unicité de ton, due à la patte du bonhomme, et surtout à sa voix. Habitué à son univers, on en est presque arrivé à oublier à quel point le timbre d’Eicher est traînant, nasillard. Et personnel.

A l’heure des comédies musicales «à la française» et autres «Popstars» formatées M6, bref, à l’heure des «belles voix» aussi impeccables que lisses et standardisées, on se réjouit qu’un artiste issu du terroir zuricho-bernois figure paradoxalement parmi les véritables personnalités de la chanson francophone.

Bernard Léchot

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