Ostia, port oublié

Evénement historique en matière d'archéologie: pour la première fois, une exposition est consacrée au site d'Ostia, le port de la Rome antique. C'est à Genève, au Musée Rath, que ce projet a été mis en place.
Vous quittez l’ambiance survoltée de Rome, et roulez une trentaine de kilomètres vers l’ouest. Avant d’atteindre la mer, car les alluvions du Tibre ont «repoussé» la côte, vous parvenez à Ostia Antica. Vous plongez alors dans le calme d’un site archéologique dont la richesse n’a pas grand chose à envier à celui de Pompéi.
Pourquoi le site d’Ostie est-il moins connu que celui de Pompéi? Pourquoi aucune exposition n’a-t-elle jamais été consacrée, ni en Italie, ni ailleurs, à ce lieu majeur de l’histoire romaine? «Dans les années trente, il était peut-être le principal site du monde, archéologiquement parlant», explique le conservateur Jacques Chamay, commissaire de l’exposition avec le professeur Jean-Paul Descoeudres.
«Mais il a été mis à l’écart parce que sa résurrection a eu lieu pendant les années fascistes. Pour célébrer la gloire de Rome, Mussolini avait voulu mettre en évidence ce site ostien. Une connotation politique est donc restée attachée à Ostie. Mais la fréquentation revient, et je pense que l’exposition genevoise va contribuer à donner un coup de pouce à la nouvelle résurrection de ce site extraordinaire.»
On l’espère. Car les ruines d’Ostie donnent un formidable éclairage à ce qu’était la vie romaine. Alors que Rome a compté jusqu’à un million d’habitants, c’est par-là que transitaient le blé, l’huile, le vin, le bois, le marbre, mais aussi les esclaves, les animaux du cirque… et les idées: le christianisme, par exemple.
Les ruines occupent une surface de cinquante-cinq hectares, dont trente-quatre ont été fouillés à ce jour. On y voit une ville en quadrilatères (type Manhattan ou La Chaux-de-Fonds!), qui comptait 22 maisons de maître, 228 immeubles d’habitation, 13 entrepôts, 19 thermes publics… et plus de cent boutiques et tavernes!
Bernard Léchot
L’exposition «Ostia, port de la Rome antique» est à voir au Musée Rath, à Genève, jusqu’au 22 juillet.

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